Bonal se refait une beauté… à mains nues
Doubs. Depuis plusieurs semaines, le stade Bonal connaît une transformation peu banale. Ni appel d’offres public, ni entreprise mandatée, ce sont les supporters du FC Sochaux-Montbéliard eux-mêmes, rejoints par les jeunes du centre de formation, qui s’activent sur le chantier de rénovation.
Lancée à l’initiative des Socios du FCSM, la rénovation du stade Bonal repose sur un principe simple : reprendre possession du lieu en le rénovant collectivement. Nettoyage, ragréage, peinture des escaliers et colonnes : tout est réalisé à la main par des bénévoles passionnés. Le parvis nord du stade est la première zone concernée. Les escaliers extérieurs sont désormais peints en bleu profond, tandis que leurs intérieurs arborent le jaune bouton d’or et le bleu roy du club. Les colonnes, elles, reçoivent un motif géométrique inspiré du blason comtois. Cette intervention esthétique redonne de la vie au béton brut, tout en enracinant davantage l’identité visuelle du FCSM dans son lieu emblématique.
Intergénérationnel et durable
Ce projet ne représente pas seulement une remise en état fonctionnelle. Il s’agit d’un acte d’appropriation collective d’un lieu devenu symbolique depuis que les supporters sont devenus actionnaires majoritaires du club à l’été 2023. Selon Louis L’Étang, membre du conseil d’administration de Sociochaux, entre 20 et 50 personnes participent activement aux sessions de travail, organisées en soirée et le week-end. L’impact économique, bien qu’indirect, est réel : la main-d’œuvre est bénévole, les matériaux sont financés par les fonds de l’association, et le chantier permet d’éviter les coûts d’externalisation. Le modèle est d’autant plus vertueux qu’il renforce l’attachement des supporters, tout en augmentant la valeur patrimoniale du stade.
La participation des jeunes joueurs du centre de formation de Seloncourt ajoute une dimension intergénérationnelle précieuse. Joueurs et supporters travaillent côte à côte, créant des moments de transmission et de cohésion. Loin d’une opération ponctuelle, la rénovation s’inscrit dans une démarche durable : après le parvis nord, c’est le parvis sud qui fera l’objet d’une nouvelle phase de travaux. Cette logique s’inscrit dans la continuité des projets artistiques déjà menés autour du stade (notamment les fresques réalisées avec des artistes en 2024), et pourrait servir de modèle à d’autres clubs français en quête de sens, d’identité et de sobriété budgétaire.
À Sochaux, la rénovation du stade n’est pas qu’un simple coup de pinceau : c’est une vitrine concrète du modèle socio, fondé sur l’implication directe des fans. Dans un contexte où le football professionnel est souvent critiqué pour ses excès financiers et son éloignement des territoires, Bonal fait figure d’exception. Un chantier qui ne coûte (presque) rien, mais qui vaut énormément en engagement, en symbolique, et en fierté collective.
