Collectivités

Bouchons à Besançon : Anne Vignot brandit une étude pour sortir du ressenti

Doubs. À moins d’un an des municipales, la question des conditions de circulation à Besançon est sur toutes les lèvres, surtout celles des oppositions, qui reprochent à la maire Anne Vignot une dégradation de la situation depuis son arrivée aux responsabilités. L’édile a ainsi commandé une étude pour baser son action sur « des faits et non des ressentis ». Le 27 mars, elle en partageait les résultats avec la presse.

Lecture 8 min
Photo de Anne Vignot
Anne Vignot. (Crédits : JDP)

L’épineuse question des bouchons à Besançon a fait son grand retour en fin d’année 2024 et au début de 2025, exacerbée par de nombreux travaux de voiries. De quoi raviver les tensions alors que la campagne pour les prochaines municipales a déjà commencé. Anne Vignot, maire de la ville et présidente de Grand Besançon Métropole (GBM), a diligenté une étude sur l’état de la circulation et les mobilités bisontines courant sur plusieurs années afin « d’objectiver par des données fiables le ressenti de dégradation de la circulation exprimé par les usagers », précise l’édile qui en avant-propos rappelle le caractère unique à plus d’un titre de Besançon : « Nous sommes une ville moyenne assez dense (120.000 habitants) avec une couronne de communes peu denses, ce qui fait de Besançon une centralité particulièrement attractive : elle ne peut pas être critiquée pour cela. De plus, nous avons également un relief qui contraint. Si l’on compare à ce qui se passe à Dijon, le phénomène est tout autre, avec des centralités qui s’exercent également sur les communes de couronne de plus de 10.000 habitants et un relief inexistant ». « Le phénomène de congestion existe depuis que les formes urbaines existent, depuis les premières voies romaines, oserais-je dire. Cela se produit à chaque fois que l’on concentre des usagers et des usages aux mêmes endroits, cela entraîne des conflits qu’il faut arbitrer et gérer au mieux », argue de son côté Daniel Mourot, directeur des mobilités de GBM. 

« Dans la couronne de Besançon, il n’y a pas de villes de 10.000 habitants qui ont leur propre centralité, capable d’offrir aux gens des services qu’ils n’auraient ainsi pas besoin d’aller chercher jusqu’au centre. »

L’étude s’est notamment appuyée sur les comptages du département du Doubs et de la DIR Est réalisés entre 2012 et 2019, puis en 2023 sur le trafic journalier moyen des principaux axes d’entrée de la ville. Il en ressort une baisse de 2 % du trafic, soit environ 3.350 véhicules de moins. « Contrairement au ressenti, il n’y a donc pas de tendance globale à la hausse », appuie Daniel Mourot. L’étude montre par ailleurs des modifications de polarités dans le temps avec des trafics plus importants à l’ouest de la ville et plus faibles à l’est. On enregistre une forte baisse sur la côte de Morre de 5 % et une augmentation de 3,4 % sur la voie des Mercureaux. Concernant les heures de pointe, elles restent similaires entre 2017 et 2023 et concentrent en moyenne 40 % du trafic journalier, avec un pic vers 8 heures le matin et un autre en fin de journée entre 17 et 19 heures.

Calculée à l’aide des données GPS embarquées dans les véhicules de 2019 à 2024 sur les mois de janvier et février, l’analyse des temps de parcours s’est portée sur 17 itinéraires représentatifs des trajets quotidiens. Là encore, la détérioration générale constatée est de l’ordre d’une minute et 30 secondes en plus pour le même parcours qu’il y a cinq ans, réalisé entre 7 et 9 heures. Dans le détail toutefois, des points noirs se révèlent, avec notamment la place Leclerc qui voit ses temps de parcours moyens augmenter de 30 % le matin et de 50 % le soir, alors même que le nombre de véhicules journalier a baissé de 80.000 à 50.000 avec les aménagements réalisés il y a dix ans. « Sur ce carrefour, nous avons l’équivalent du double de la circulation de l’autoroute, affirme Daniel Mourot. 500 bus y passent chaque jour et des milliers de piétons. Sur ce secteur qui a connu une vraie dégradation de sa circulation en 2024 en raison de travaux, nous avons revu la priorisation des bus et travaillé sur de nouveaux scénarios pour les capteurs et automates qui gèrent le grand nombre de feux du carrefour. Ce qui a permis d’améliorer les choses ».

Les mobilités décarbonnées en hausse

Côté stationnements payants, le statu quo est encore de mise, avec peu d’évolution depuis 2018. En revanche, la fréquentation des parkings relais enregistre une belle croissance avec plus 25 % de fréquentation par rapport 2019.

Enfin, sur les autres mobilités, Anne Vignot affiche sa satisfaction face aux bons chiffres des transports en commun après « une crise de la Covid qui a été redoutable pour ce type de mobilité ». La collectivité affiche ainsi une hausse de la fréquentation de 5 % par rapport à 2019, soit un million de voyages en plus. Même constat avec le service VéloCité qui bondit de 32 % entre 2019 et 2024 (+60.000 abonnements). « Ces résultats confortent nos investissements à la fois dans les pistes cyclables et l’augmentation capacitaire du tram avec notamment la création d’un nouveau terminus et l’arrivée, en deux temps, de huit rames Alstom grand format de 34 mètres de long pouvant accueillir 200 passagers. Mises en service en 2026-2027, elles permettront d’accroitre la fréquentation de plus de 12 % d’ici à 2031, soit plus de 2,5 millions de voyageurs par an », défend l’édile tout en taclant les oppositions qui pointent du doigt la politique vélo de la maire. « Nous serions ainsi la seule ville en France à ne pas développer l’offre cyclable ! », s’alarme-t-elle, ajoutant que sur les 800 kilomètres de voies cyclables de GBM, seuls 4 kilomètres sont venus prendre une part de l’infrastructure initialement dédiée à la route.

Avec cette étude, Anne Vignot appuie l’idée que « l’amélioration des phénomènes pendulaires doit passer par un travail sur une échelle plus grande, celle du bassin de vie qui va jusqu’à Dole pour le train et Vesoul pour la voiture ». Par ailleurs, si le contournement de Besançon par l’ouest a été validé en 2021 par GBM, un report du transit des RN 83 et 57 est à l’étude, en lien avec la préfecture. L’A36 pourrait également avoir un rôle de contournement favorisant le passage de l’est à l’ouest de Besançon, si la portion concernée était rendu gratuite. « Il s’agit aussi de retravailler la multipolarité, le covoiturage - dont les zones déjà mises en place ont rencontré un succès immédiat - de défendre la création d’une desserte ferroviaire au Haut-du-Chazal et d’un Service express régional métropolitain entre Dijon et Besançon ».