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Cancer : une découverte dijonnaise saluée par la communauté médicale mondiale

Santé. Le protocole expérimenté au Centre Georges-François Leclerc sur des malades atteints de cancer du côlon avec métastases a permis la rémission sans récidive de plusieurs malades condamnés. Les résultats ont été publiés par la revue de référence Nature Medicine.

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Photo de François Ghiringhelli, Charles Coutant et Marion Thibaudin
De gauche à droite : les professeurs François Ghiringhelli, oncologue médical et directeur de l’unité Inserm 1231 et Charles Coutant, directeur général du Centre Georges-François Leclerc, et la chercheuse Marion Thibaudin, qui a coordonné les résultats. Elle est la première signataire de l’article dans Nature Medicine. (Crédit : JDP)

Une équipe du Centre Georges-François Leclerc, (le centre de soins et de recherche contre les cancers) vient de rendre publics les résultats prometteurs d’une étude de phase II, menée avec le soutien financier (2,5 millions d’euros plus les médicaments) du laboratoire Astra-Zeneca, sur un protocole inédit de traitement testé sur un groupe de patients inopérables atteints de cancer colorectal avec métastases.

Cet essai clinique baptisé Meditreme associait pour la première fois sur ces patients une combinaison de chimiothérapie et d’immunothérapie en utilisant deux anticorps activant le système immunitaire : « Une idée géniale » du professeur François Ghiringhelli, selon la formule du professeur Charles Coutant, directeur général du CGFL.

Publiés pour la première fois le 10 août dernier dans la prestigieuse revue Nature Medicine, les résultats de Meditreme sont sans appel : sur les 57 patients concernés, « l’étude a atteint ses objectifs d’efficacité avec plus de 60% de réponse, 90% de contrôle de la maladie ». Et huit patients sont aujourd’hui en rémission sans récidive avec arrêt des traitements. C’est un immense espoir qui est soulevé pour les patients atteints de cancer du côlon.

Car les chiffres sont terribles, ainsi que le rappelle le professeur François Ghiringhelli, « chaque année en France, 45.000 personnes sont touchées par le cancer du côlon et c’est le troisième cancer le plus mortel en France. C’est une maladie grave dès lors que le cancer est au stade métastatique ». Le cancer colorectal présente alors en effet un fort taux de létalité : « Chaque année en France, ajoute le professeur Ghiringhelli, 17.000 personnes meurent d’un cancer du côlon ».

En attente d’une phase III

« Exceptionnel dans le concept et dans les faits », toujours selon Charles Coutant, Meditreme pourrait être ni plus ni moins que « l’invention d’un nouveau standard de niveau mondial » dit-il encore, dans le traitement du cancer colorectal. Il faut savoir en effet qu’à l’heure actuellement, 96% des patients atteints de ce cancer ne peuvent être soignés que par chimiothérapie « et la plupart du temps sans guérison », reconnaît le professeur Ghiringhelli.

« Or, concernant les huit patients traités selon protocole Meditreme qui aujourd’hui présentent une rémission complète, on a pu démontrer qu’ils s’immunisaient contre leurs tumeurs : le traitement servait en quelque sorte de vaccin et les personnes étaient protégés contre la récidive de cette maladie », explique encore le professeur Ghiringhelli.

On mesure l’immense potentiel de Meditreme qui désormais, est prêt pour entrer en phase III, qui permettra de vérifier l’intérêt thérapeutique du protocole sur un nombre de patients beaucoup plus important. Pour cela, le CGFL est en négociation avec des laboratoires qui devront s’engager sur une somme conséquente (au mois 30 millions d’euros) afin de tester l’innovation dijonnaise qui permettra un jour, on l’espère, de renverser les statistiques de la mortalité du cancer colorectal.

C’est en tous cas une immense satisfaction pour le CGFL qui consacre 10% de son budget total - 130 millions d’euros - à la recherche et à l’innovation.