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Centre aquatique de Puisaye-Forterre : la piscine à 12 M€ boit la tasse…

Yonne. La nouvelle a fait l’effet d’une douche froide pour les habitants de Puisaye-Forterre. L’ouverture du centre aquatique intercommunal, initialement prévue le 1er septembre 2025 à Toucy, est suspendue jusqu’à nouvel ordre.

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Le ciel s’est fortement assombri pour la piscine intercommunale de Puisaye-Forterre depuis que le président de l’intercommunalité, Jean-Philippe Saulnier-Arrighi, a dénoncé des malfaçons sur la charpente, repoussant sine die son ouverture au public. (Crédit : JDP)

Selon le communiqué diffusé par Jean-Philippe Saulnier-Arrighi, le président de la communauté de communes de Puisaye-Forterre (CCPF), des malfaçons graves ont été constatées sur les bois de charpente installés depuis quinze mois. L’équipement, dont le coût est estimé entre 10 et 12 M€, devait être une vitrine d’attractivité pour le territoire. Il devient aujourd’hui le symbole d’un fiasco technique aux lourdes répercussions économiques, juridiques et politiques.

Retombées économiques qui tombent à l’eau...

Fournies et posées par l’entreprise Margueron, ces sections ne respecteraient pas les normes techniques définies par les DTU (Documents techniques unifiés) du secteur de la construction. Une zone s’est même déjà affaissée, forçant les autorités à stopper net le chantier. Le président met en cause plusieurs acteurs : l’entreprise Margueron, le cabinet d’architectes Z Architecture et le bureau de contrôle Qualiconsult. Tous trois sont suspectés d’avoir failli à leurs obligations de sécurité et de contrôle. Une enquête plus approfondie permettra d’établir les responsabilités précises et d’évaluer les conséquences financières qui en découlent. Mais pour l’heure, le chantier est gelé, sans nouvelle date de livraison.

Pour la collectivité territoriale, ce report représente un coup dur à plusieurs niveaux. Ce centre aquatique devait constituer un levier économique structurant. Implanté à Toucy, il visait un bassin de population de plus de 7.000 usagers, dont de nombreux scolaires. Il devait générer de l’emploi direct (maîtres-nageurs, personnel d’entretien, gestion administrative) et indirect (restauration, transport, commerces de proximité), tout en renforçant l’attractivité résidentielle et touristique du territoire.

Dans un territoire rural où les équipements publics se font rares, l’ouverture de ce centre était perçue comme un investissement stratégique, soutenu par des subventions de l’État et du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. Aujourd’hui, l’élan semble brisé. Même si le président assure que ce report ne coûtera rien de plus à l’intercommunalité « dans l’immédiat », la prudence reste de mise. Études complémentaires, réparations éventuelles, relance du marché public, frais juridiques et délais de remboursement des assurances pourraient à terme alourdir une note déjà fort salée.

Sur le plan juridique, la communauté de communes devrait être amenée à lancer des procédures en responsabilité contre les entreprises et les contrôleurs. Si la faute est avérée, les assurances professionnelles devraient couvrir une partie des réparations. Mais les délais de procédure, les expertises techniques et les recours éventuels risquent de ralentir considérablement la reprise du chantier. Cette situation expose également les élus communautaires à des tensions politiques locales : les habitants attendaient, en effet, ce centre aquatique depuis de nombreuses années.