Cohesives : des adhésifs médicaux révolutionnaires
Santé. La PME dijonnaise est lauréate du concours 2022 I-Nov. Financé par le plan France 2030, il vise à développer les technologies de rupture pour favoriser la souveraineté économique du pays.
Constatant dans sa pratique en bloc opératoire l’inefficacité des colles chirurgicales, le chirurgien-cardiaque Bertrand Perrin s’est dédié à en améliorer les propriétés. C’est durant des études de doctorat en 2010 précisément sur ce sujet qu’il émet l’hypothèse que pour être efficiente, une colle chirurgicale doit s’ancrer dans la surface des tissus.
Cette idée est le socle de la fondation en 2014 de Cohesives, aujourd’hui PME de 12 personnes dont il est également le président, tandis que Louis Blohorn qui a rejoint Cohesives en 2021 comme associé et investisseur, en est le directeur général.
Protégée par 20 brevets, la technologie proposée par Cohesives a abouti d’une part à un pansement liquide, durci par exposition aux UV, qui suture et étanchéifie les plaies en s’ancrant dans l’extrême surface des tissus et d’autre part à une solution de suture et d’étanchéification complète sur tissus pulmonaires - les essais de suture sur poumons de porc sont concluants - évitant ainsi la suture mécanique par usage de fils chirurgicaux qui traumatise encore davantage l’organe opéré.
Avantages supplémentaires pour le patient : le drain thoracique, douloureux, ne serait plus nécessaire ; tandis que l’acceptation par le patient qui identifie le produit proposé par Cohesives comme un corps étranger et « l’encapsule » par une coque fibreuse, serait améliorée.
Innovation de rupture
La conjonction des propriétés de suture et d’étanchéité font de la technologie développée par Cohesives une innovation de rupture qui lui a valu d’être distinguée par le concours I-Nov en 2022, bénéficiant ainsi de financement (presque 475.000 euros) provenant du fonds France 2030. Car le marché mondial de l’adhésif médical et chirurgical, ultra dominé par les laboratoires américains, est colossal et se chiffre en milliards de dollars.
Rien d’étonnant donc que la PME dijonnaise ait retenu l’attention de l’État qui souhaite, via le plan France 2030, œuvrer à la reconquête de la souveraineté économique du pays dans divers domaines dont celui de la santé, un secteur particulièrement actif dans le département de la Côte-d’Or. C’est d’ailleurs pour en souligner l’importance que Franck Robine, préfet de la région BFC et préfet de la Côte-d’Or a souhaité visiter les locaux de la PME dijonnaise, installée à quelques mètres de la Maison régionale de l’Innovation.
Ses dirigeants estiment qu’il faut encore deux ans avant la mise sur le marché de la solution de pansement liquide et cinq années de développement pour la colle chirurgicale, avant d’aboutir à des produits blancs dont les phases de production et de commercialisation seront transmises à un industriel.
Le coût de fonctionnement de Cohesives est évalué à un million d’euros par an ; la société a réussi une levée de fonds de 1,4 million d’euros en 2021. Elle jouit aujourd’hui de 2,3 millions d’euros de fonds propres.