Oncologie : le CGFL héberge le 3e Tep scan corps entier de France
Côte-d’Or. L’appareil, conçu par Siemens, divise le temps d’examen et la quantité de traceur administrée au patient, avec une sensibilité très supérieure au TEP Scan actuels. Pour les patients, c’est un parcours de soins amélioré. Pour les équipes, un outil diagnostique et thérapeutique incomparable qui ouvre également des voies de recherche dans la lutte contre les cancers.
Depuis cet été, la région BFC est la troisième région française à posséder un Tep Scan corps entier, hébergé au Centre Georges-François Leclerc (CGFL). L’appareil, que les équipes médicales du centre oncologique qualifient de « rupture technologique », se présente sous la forme d’un tunnel sous lequel le patient prend place et non de l’anneau typique des Tep Scan couramment utilisés. La technologie permet l’acquisition en trois fois moins de temps d’images dynamiques de la diffusion du traceur radioactif injecté aux patients pour observer la présence de lésions sur l’ensemble du corps. Outre le gain de temps, la réduction du délai d’attente (24 h désormais au lieu de plus de trois semaines !), les bénéfices sont considérables pour les patients, explique le professeur Alexandre Cochet, responsable du département de médecine nucléaire au CGFL. « La nouvelle architecture de cette machine permet d’améliorer considérablement la sensibilité, c’est-à-dire la capacité à capter l’information émise par le patient. Cette performance diagnostique est multipliée par 10 par rapport au Tep scan classique. Les patients passent trois fois moins de temps dans la machine. Donc c’est un gain en confort considérable pour eux. Par ailleurs, on a divisé par trois la quantité de radioactivité qu’on administre au patient. Ce qui représente également un gain en sécurité. »
La réduction des inégalités territoriales et sociales d’accès aux soins est une priorité absolue (...) Nous refusons le déterminisme géographique, nous refusons l’idée que l’excellence soit réservée à quelques-uns ! »
Professeur Charles Coutant, directeur général du CGFL
Outre un parcours de soins à la fois plus sûr et plus rapide, donc moins traumatisant pour les patients, l’appareil ouvre de nouvelles voies de recherche pour les équipes médicales. « Chez les patients qui souffrent de cancer, la présence de la maladie peut avoir également des répercussions sur le fonctionnement cérébral, sur le fonctionnement métabolique cardiaque. La mise en place de certains traitements peut également avoir des effets sur les différents organes. La possibilité de faire des acquisitions dynamiques corps entier va nous permettre de proposer des stratégies pour explorer ces connexions entre les différents organes et aller un petit peu plus loin dans la compréhension des pathologies, et également des effets secondaires des traitements qu’on peut proposer aux patients. »
Acquisition commune...
Proposé par Siemens, l’outil a nécessité une dizaine d’années de R&D, et affiche donc un coût conséquent : 10 M€. Une somme supportée par le CGFL (organisme privé d’intérêt public) et également par le CHU Dijon-Bourgogne, les deux sites coopérant de longue date en cancérologie, mais aussi dans d’autres secteurs (cardiologie, gériatrie, génétique…). « Ce projet est l’occasion de réinsister sur la proximité entre le CGFL et le CHU, appuie Freddy Servaux, directeur général du CHU Dijon-Bourgogne. Proximité géographique certes, mais pas seulement. Nous portons conjointement les missions et les valeurs du service public. » Le choix d’acquérir en commun le Tep Scan corps entier, au-delà de renforcer les performances dans la lutte contre les cancers, est aussi, insiste le professeur Charles Coutant, directeur général du CGFL, l’illustration de la volonté partagée avec le CHU Dijon-Bourgogne d’égalité territoriale dans l’offre de soins. « L’activité de médecine nucléaire du CGFL répond en effet aux besoins de nos deux établissements, aussi bien en ce qui concerne des activités cliniques que pour les thématiques de recherche portées dans cette discipline par les équipes des deux établissements. C’est donc bien naturellement que le CHU de Dijon-Bourgogne et le CGFL se sont associés au plan de financement de cette machine et qu’ils en partageront les résultats (...) La réduction des inégalités territoriales et sociales d’accès aux soins est une priorité absolue. Notre région est vaste, diverse, rurale, fragile. Nous refusons le déterminisme géographique. Nous refusons l’idée que l’excellence soit réservée à quelques-uns. » Le CHU comme le CGFL envoient d’ailleurs régulièrement des professionnels pratiquer des actes dans des établissements en dehors de Dijon afin de tenter de résorber la fracture territoriale entre la capitale régionale et ses satellites.
C’est un formidable outil de recherche clinique qui va nous permettre d’ouvrir nos horizons en ce qui concerne la compréhension des pathologies. »
Professeur Alexandre Cochet responsable du département de médecine nucléaire au CGFL
... et assumée
Alors que le coût de fonctionnement annuel de l’appareil est estimé à 4 M€, son acquisition, à l’heure des restrictions budgétaires au niveau national, est également un véritable choix stratégique. Interrogé à ce sujet lors de la présentation officielle du Tep Scan, Alain Lalié, directeur général adjoint du CGFL, assume : « Nous sommes face à un exercice un peu compliqué entre cette exigence d’avoir des moyens suffisants pour bien soigner et des moyens qui coûtent relativement cher mais dont on a vu l’intérêt pour les patients et la nécessité de bien les utiliser. Par exemple, en consommant moins de FDG (le produit traceur, Ndlr) grâce à ce nouvel outil. C’est bien pour les patients, mais c’est bien pour la collectivité aussi parce qu’on a moins de dépenses d’achat de produits qui coûtent cher. Il ne faut jamais oublier qu’on est comptable des fonds que la collectivité met à notre disposition. » « Je suis énormément les débats budgétaires, souligne Charles Coutant. Et il y a un axe dont on ne parle jamais, c’est celui de la pertinence des actes. C’est vraiment le travail que nous essayons de mettre en pratique ici. S’il y a besoin d’un Tep scanner, on le fait, mais si on n’en a pas besoin, il ne faut pas le faire à tout prix. C’est vrai pour l’ensemble des actes, qu’ils soient diagnostiques, thérapeutiques, etc. Je pense qu’il en va de la responsabilité collective de l’ensemble des prescripteurs. »
C’est parce que les équipes sont excellentes qu’il y a cet équipement et c’est donc une chance et pour le CHU comme pour la population.. »
Freddy Serveaux, directeur général du CHU Dijon Bourgogne.