Des objectifs EGalim hors d’atteinte ?
Yonne. Les acteurs de la restauration collective du Grand Sénonais se sont réunis pour dresser un bilan des achats bio et durables, et renforcer les collaborations afin d’accélérer leur progression, vus les faibles résultats.
L’agglomération du Grand Sénonais a réaffirmé sa volonté de dynamiser son Projet Alimentaire Territorial (PAT) lors du Forum Alimentaire du 27 novembre. Le dispositif vise à renforcer la qualité et la durabilité de l’alimentation servie en restauration collective (commerce équitable, labels officiels, agriculture bio, écolabel pêche durable, mention HVE, logo RUP, etc.).
Ce rendez-vous a permis de mesurer l’engagement des acteurs depuis son lancement en février 2022. Si le projet fait l’unanimité sur le principe, sa mise en oeuvre demeure encore limitée. Une situation que les élus souhaitent faire évoluer en renforçant les échanges et le partage de pistes de solutions.
Ma cantine : un suivi encore limité
Depuis 2021, les 600 sites de restauration collective icaunais (+ 80.000 au national) ont pour obligation de rendre compte de leurs pratiques d’achat de denrées alimentaires via l’application Ma Cantine. Cet outil permet de visualiser leur position par rapport aux objectifs fixés par la loi EGalim et la loi Climat et Résilience : 50% de produits durables et de qualité dont 20% de produits biologiques. À ce jour, le département affiche un taux de participation encore faible : un peu plus de 530 établissements ont créé un compte et environ 40% seulement ont effectué une télédéclaration.
Booster l’achat de bio et de durable
Chaque année, le département de l’Yonne achète pour environ 3M € de denrées alimentaires achetées. Néanmoins, le taux de produits bio et de produits durables et de qualité dans la restauration collective demeure faible. Les données statistiques (non consolidées) permettent déjà d’établir que la proportion d’achats qui entrent dans la composition EGalim est inférieure à la moyenne nationale : 6,8% de produits bio (11,8% au national), 14,6% de produits durables et de qualité (17,7% au national) et 20,8% total EGalim sur les 50% attendus (29,5% au national).
Pour le Grand Sénonais, les premiers éléments disponibles révèlent des taux hétérogènes selon les structures et encore fragiles, surtout dans le secteur médical et social. En 2024, l’hôpital de Sens n’affichait ainsi que 2% de produits bio et 11% de produits durables et de qualité. À l’inverse, la plupart des sites de restauration municipale, crèches et écoles, montrent une dynamique plus engagée : école Cours Tarbé (17% de bio, 35% de durables), crèche Saint-Maurice (17% de bio, 36% de durables), école Paul-Bert (17% de bio, 35% de durables).
Une agriculture sous contraintes
Si les particuliers ont adopté au quotidien les circuits courts, Étienne Henriot, élu de la Chambre d’Agriculture de l’Yonne, évoque encore des « balbutiements » concernant la restauration collective. L’objectif d’accroître la part de produits bio et durables se heurte en effet à la réalité des 176 exploitants du nord du département, dont 31 fermes bio (près de 18% des surfaces agricoles locales).
Les agriculteurs font face à diverses contraintes : des obligations légales, les saisons, la volatilité des prix ou encore les aléas climatiques, très marqués en 2024. Les exploitants ont enregistré une nette baisse des rendements (-30% pour l’agriculture conventionnelle et -60% pour le bio).