Des serres botaniques au cœur d’un futur Campus Bouloie-Temis métamorphosé
Campus. Jeudi 2 juin était inauguré, à Besançon, le démarrage des travaux des serres botaniques du futur jardin des sciences de l’université de Franche-Comté. Un projet de 4,2 millions d’euros qui s’inscrit dans la vaste transformation du campus universitaire Bouloie-Temis.
C’est avec beaucoup d’émotion qu’Anne Vignot, présidente de Grand Besançon Métropole (GBM) et maire de la ville a officiellement lancé les travaux des futures serres botaniques de l’Université de Franche-Comté (UFC), jeudi 2 juin. Il y a 17 ans, celle qui s’était alors investie dans des associations de défense de l’environnement pour le compte du Conservatoire régional des espaces naturels (dont elle avait pris la présidence en 1998), apprend que le jardin botanique de Besançon, comme beaucoup d’autres en France, est voué à la fermeture, victime d’un a priori postulant que la botanique serait une science dépassée qui appartiendrait au XIXe siècle : « Nous étions au début des années 2000 et le monde s’éveillait à la notion de biodiversité, à son érosion et à la nécessité de sa sauvegarde. Je ne comprenais pas pourquoi nous voulions ainsi tourner le dos à un tel outil pédagogique ».
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Elle fait alors le pari de démontrer que la botanique ne doit pas être remisée, qu’elle a un rôle fondamental à jouer. Celle qui est déjà ingénieure de recherche au laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté, prend alors la direction du jardin botanique bisontin, de 2006 à 2014... Aujourd’hui la structure est sur le point d’ouvrir « une nouvelle page de son histoire », en quittant le site historique de la place Leclerc, qu’elle occupe depuis 1957, pour s’implanter en version XXL au cœur du campus universitaire de la Bouloie. Ce futur jardin des sciences s’inscrit dans le projet global de transformation du campus Bouloie-Temis, porté par un budget global, phasé jusqu’en 2025, de plus de 80 millions d’euros et fruit d’une coopération public-public qui regroupe l’UFC, la ville de Besançon, GBM, le Crous, Supmicrotech-Ensmm et la technopole Temis.
Un outil phare de la sensibilisation à la biodiversité
Avec 1.000 mètres carrés de serres, le nouveau site voit ainsi sa surface doublée par rapport aux infrastructures de la place Leclerc (rendues au domaine de l’État il y a deux ans). Plus de 5.000 plantes originaires du monde entier s’épanouiront dans ce bâtiment qui accueillera :
- Une serre tempérée de 140 mètres carrés, abritant des cactus et autres plantes désertiques, ainsi qu’un bassin de plantes carnivores
- Une serre tropicale humide de 600 mètres carrés, riche en orchidées, palmiers et fougères arborescentes, accompagnés d’essences de la jungle guyanaise, de plantes usuelles des forêts d’Asie et d’Afrique, ainsi que des plantes rares et menacées d’Océanie.
- Deux bassins de plantes aquatiques.
- Des serres techniques et de conservation biologiques de 100 mètres carrés (notamment cactus et orchidées).
- Un espace pédagogique dans la serre tropicale de 50 mètres carrés.
- Un espace d’exposition temporaire, de projets étudiants et lieu de vie de 100 mètres carrés.
- Les bureaux et ateliers techniques du jardin botanique de Besançon.
À cela s’ajoute tout un ensemble d’aménagements extérieurs pris en charge par GBM :
- Une piste cyclable qui relie l’Institut universitaire de technologie (IUT), l’UFR Sciences et Technologies et le jardin des sciences et 1.400 mètres linéaires de déambulations piétonnières nouvelles.
- Des espaces botaniques pédagogiques : plantes utiles, plantes et santé avec un pollinarium sentinelle (travaux sur les allergies), tourbière, rocaille et plantes montagnardes, plantes aquatiques, plantes ornementales et décoratives, plantes et sciences dans le jardin de lecture du Learning center... soit environ 3.000 mètres carrés de parterres.
- Diverses reconstitutions de milieux boisés régionaux et valorisation des milieux semi-naturels en place sur environ deux hectares.
- Installation de bancs, zones de détente et fontaines, pour les étudiants, les personnels et les visiteurs.
Un projet de 4,2 millions d’euros
Pour Macha Woronoff, présidente de l’UFC : « Ce jardin des sciences a vocation a devenir un emblème de notre futur campus d’excellence. Placé au cœur de la transmission des savoirs il sera le véhicule de la sensibilisation du plus grand nombre à la question de la biodiversité. Tourné vers les habitants, il est une promesse de faire découvrir la science de manière ludique et immersive ». « L’architecte, Philippe Rizzotti, en charge du projet parle d’ailleurs de “bâtiment d’utilité publique”. Un lieu de visite libre, ouvert à la fois aux scolaires, aux étudiants et au grand public, à même de recoudre le lien entre science et société qui s’est parfois distendu, notamment après la période Covid qui a amené beaucoup de questionnement ».
S’appuyant sur les trois structure clés de la médiation culturelle et scientifique existantes que sont : la Fabrikà, l’observatoire des sciences et de l’univers et le jardin botanique de Besançon, l’animation pédagogique sera assurée par les personnels de ces différentes entités ainsi que par les équipes du laboratoire Utinam, du service sciences arts et culture et de la ville de Besançon.
Le futur jardin des sciences représente un investissement hors taxe total de 4,2 millions d’euros, dont 1,15 million d’euros de la région, « dont l’enseignement n’est pas une compétence obligatoire au regard de la loi, mais une conviction forte de la présidente de région », affirme Laëticia Martinez, vice-présidente du conseil régional de BFC, un million de l’UFC, 900.000 de fonds européens Feder, 700.000 de la ville de Besançon et 500.000 euros du département du Doubs. La fin des travaux est prévue pour l’été 2023, pour une ouverture au public annoncée pour septembre 2024, après une installation des collections botaniques.
Situé sur le long de la route de Gray, ce projet verra également son environnement spatial largement transformé puisque la route de Gray devrait à terme être rendue au domaine du campus afin de mieux rattacher à celui-ci l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon (ISBA), actuellement situé de l’autre côté de la route.