Collectivités

Deux ministres à Dijon, VRP des services de l’État

Côte-d’Or. L’Agence nationale de la cohésion des territoires a choisi Dijon pour la troisième édition de son ANCTour qui s’est tenue les 2 et 3 juin au Parc des expositions et des congrès. Ce salon qui vise à présenter aux acteurs locaux, de manière concrète, les outils et dispositifs mis en place par l’État, à leur disposition pour faire avancer leurs projets, a reçu la visite de Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification et de Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité.

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(Crédit : JDP)

Depuis cinq ans, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), comme son nom l’indique, contribue à la mission de cohésion territoriale « qui est plus fondamentale que jamais, dans une période où la transparence, exigence de nos concitoyens, est requise et où il est nécessaire de rendre des comptes. Nos services publics mobilisent en effet une part importante de notre PIB, il paraît juste que les Français aient le sentiment d’en avoir pour leur argent », argue Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, venu à Dijon dans le cadre de la troisième édition de l’ANCTour, lundi 2 juin, à la fois pour ouvrir la rencontre régionale France Services et dévoiler les résultats du premier baromètre des services publics (voir ces articles : Des Français attachés aux services et publics et La success story des maisons France services ).

Nathalie Koenders, maire de Dijon et Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité. (Crédit : JDP)

« La présence à Dijon de l’ANCTour, rencontre nationale des acteurs du développement des territoires, revêt une dimension symbolique dans la volonté de l’État de partir du terrain local pour construire des solutions qui soient les plus adaptées possibles, défend Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité, présente à l’ANCTour le mardi 3 juin. C’est ainsi des territoires que doivent s’imaginer et se construire les lois et non exclusivement de Paris. Car c’est dans les territoires que se trouvent les artisans de la cohésion territoriale, ces inventeurs de possible, et c’est également dans les territoires la recette de ce qui marche le mieux : la coopération ». « L’ANCTour a été pensé pour permettre aux élus locaux et porteurs de projets du territoire de découvrir, de comprendre et d’activer les dispositifs de l’État qui peuvent faire avancer les projets. Il permet ainsi de mettre en relation ceux qui, sur le terrain, portent les initiatives de demain et ceux qui, au niveau national, conçoivent les outils pour les accompagner », explique Stanislas Bourron, directeur général de l’ANCT. « C’est la concrétisation d’un aménagement du territoire qui se nourrit de l’intelligence locale », appuie François Rebsamen, intervenant en visio en tant que ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation.

La loi Montagne a 40 ans

Depuis 2020, l’ANCT déploie de grands programmes nationaux qui se veulent une réponse concrète aux attentes des territoires défavorisés, qu’ils soient urbains, ruraux ou de montagne. « C’est ainsi que, depuis fin 2024, en métropole et dans les outre-mer, un réseau de 2.800 maisons France services est effectif, que le déploiement de la fibre et du mobile dans les zones rurales a vu son taux de couverture multiplié par trois, que 244 communes ont été accompagnées par Action coeur de ville et 1.646 par le dispositif Petites villes de demain, que 2.957 villages ont été labellisés Villages d’avenir, que 208 Cités éducatives ont été créées et que 2.545 projets locaux ont été accompagnés en ingénierie sur mesure en 2024 pour un budget de 43 M€ », liste Christophe Bouillon, président de l’ANCT. « Avec les Gilets jaunes, nous avons redécouvert le sentiment d’abandon des communes rurales. C’est en cela que l’action de l’ANCT fait sens, notamment avec le succès fabuleux des maisons France services. Par leur maillage au plus près des territoires, nous n’avons jamais eu un niveau de service aussi élevé en France qu’aujourd’hui. L’ANCT, c’est également un apport en ingénierie inestimable et des programmes de grande qualité comme Petites villes de demain qui consolide des villes socles en créant une armature urbaine en ruralité avec un haut niveau de service de proximité », complète Françoise Gatel.

Paul Mourier, préfet de la région BFC et de la Côte-d’Or, Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification(Crédits : JDP)

Durant ce salon a été également célébré les 40 ans de la loi Montagne. « L’ANCT, dont dépendent les commissariats de massif, joue tout son rôle dans cette politique qui vise à mettre sur pied les transitions nécessaires aux défis colossaux, écologiques et économiques que ces territoires rencontrent », affirme Christophe Bouillon. « La montagne, c’est 15 % de la population française sur dix régions et 6.180 communes (7 millions d’habitants). C’est un laboratoire du changement climatique, un territoire qui interroge son avenir face à la fin de la prospérité liée à l’économie de l’or blanc. C’est également un territoire d’avenir qui accueillera les Jeux olympiques d’hiver en 2030 et qui n’est pas qu’un territoire récréatif, c’est aussi un territoire nourricier ancré dans le pastoralisme et qui héberge un grand nombre de pépites industrielles », complète Françoise Gatel, qui a par ailleurs insisté sur la reconnaissance de l’apport de la ruralité à la nation. « Une ruralité à la fois nourricière, indispensable sur le volet de la gestion de la ressource en eau et sur le développement des énergies renouvelables. Une ruralité qui occupe 88 % des territoires français (22 millions d’habitants) et représente 30 % de l’industrie nationale. Dans ces territoires, où se façonnent des réalités pour compenser des difficultés, se joue un enjeu de cohésion démocratique. »

Arrêter de faire la cigale

La ministre affirme également « qu’il ne saurait avoir de ruralité sans la ville et inversement », appuyé en cela par Nathalie Koenders qui voit dans la ville « un des derniers échelons de l’aménagement du territoire qui résiste à la défiance des citoyens. Un point de stabilité où s’exprime la cohésion et les synergies - à l’exemple du projet de dimension européenne Response qui concrétise, sur le quartier prioritaire de la Fontaine d’Ouche, la plus grande opération d’auto-consommation collective du pays et réunit un total de 53 partenaires - qu’il est nécessaire de continuer à soutenir, même en cette période de budget très contraint dans laquelle nous vivons. L’effort demandé aux collectivités doit pour cela rester juste et adapté aux particularités de chacune de ces dernières ».

« 80 % des français habitent dans une commune couverte par au moins un des programmes de l’ANCT » Christophe Bouillon, président de l’ANCT

« Cela fait 50 ans que notre pays fait la cigale, lâche Françoise Gatel. Le temps d’un redressement responsable et solidaire est venu. Cela nous contraint à être meilleurs. C’est tout l’enjeu des groupes de travail composés de représentants de l’État et des collectivités lancés à l’issue de la Conférence financière des territoires, initiée par François Rebsamen le 6 mai à l’Hôtel de Roquelaure. À l’issue de ces échanges, une deuxième Conférence financière des territoires sera organisée en juillet afin de tirer les enseignements de ces travaux et de partager les orientations dans la perspective du projet de loi de finances pour 2026. C’est dans ce dialogue constructif que nous restaurerons la confiance entre l’État et les collectivités et que nous oeuvrerons à des réponses attendues, à l’image de la signature d’une convention obtenue avec les grandes compagnies d’assurance sur la question cruciale de l’assurabilité des collectivités ».

(Crédit : JDP)