Dijon : un budget, deux visions
Côte-d’Or. La majorité met l’accent sur la « transformation du territoire » quand l’opposition réclame davantage de sécurité. Une préfiguration de ce que sera la campagne des municipales en 2026 ?
Dernier avant les élections municipales en mars prochain, le budget primitif (BP) discuté lors du dernier conseil municipal de Dijon, lundi 15 décembre, a sans doute dessiné en creux ce que sera la campagne entre les deux principaux probables opposants : la maire sortante Nathalie Koenders (investie par le PS et soutenue par le mouvement Place Publique de Raphaël Glucksman) et Emmanuel Bichot (groupe Agir pour Dijon), candidat officiel des LR qui a également le soutien de Reconquête d’Éric Zemmour.
Le budget global de 276,2 M€ (dont 197,37 M€ de fonctionnement) consacre 78,86 M€ à des investissements dont 57,58 M€ de dépenses d’équipement, fléchés sur la « transformation du territoire ». 12 M€ sont ainsi consacrés à la modernisation des écoles (rénovation thermique, sécurité et accessibilité…) de la ville ; 10 M€ à la transition énergétique du patrimoine communal ; 15 M€ à la voierie et aux espaces publics ; 8 M€ à la culture, 6 M€ au sport et 4 M€ à la vie associative.
Dans un contexte national qui pourrait se résumer ainsi : Y aura-t-il un PLF voté pour Noël ?, la majorité a choisi de voter un BP, car estime Nathalie Koenders, « c’est important que la ville de Dijon démontre sa capacité à maintenir le cap. Cela permet de protéger les habitants, d’investir dans l’avenir et c’est aussi un message important envoyé aux entreprises qui s’inquiètent ». S’appuyant sur une « trajectoire financière saine », et notamment une épargne brute de 28,3 M€ qualifiée « d’un niveau très supérieur à la moyenne nationale », un encours de dette de moins de 100 M€ en 2025 (vs 235,7 M€ en 2008), Dijon « poursuit un modèle financier responsable, combinant stabilité fiscale, réduction de la dette, haut niveau d’investissement, et qualité des services publics », se félicite la maire. Inutile de dire que l’opposition ne fait pas la même analyse, et n’affiche absolument pas les mêmes priorités…
Vidéosurveillance et police municipale
« Nous souhaitons aller plus loin dans les moyens consacrés à la sécurité du quotidien de la ville de Dijon. Une étude récente publiée par le Figaro met en évidence la faiblesse de ces moyens, avec 2,9 % du budget en 2024, 31 € par habitant, soit le 86e rang des communes de plus de 50.000 habitants, a attaqué Emmanuel Bichot. Nous souhaitons renforcer le dispositif de vidéosurveillance en nombre de caméras, en performance technique (meilleure résolution, recours aux caméras mobiles, utilisation de l’intelligence artificielle) et en efficacité d’exploitation des images tant pour la prévention ou le flagrant délit que pour les enquêtes. Nous souhaitons toujours, comme en 2020, porter à 200 agents l’effectif de la police municipale en poursuivant sa montée en qualification et en créant une brigade anti-stups ».
De bonne guerre alors que Dijon vient de connaître dans le QPV des Grésilles un incendie criminel au sein du collège Champollion, sans doute lié au narcotrafic. « Vous croyez que cela me fait plaisir que Dijon fasse la une pour cela ? a contre-attaqué Nathalie Koenders. Au lieu d’attaquer la maire, au lieu d’attaquer la ville, défendez-la ! Sur ce sujet on devrait tous faire preuve d’unité ! Au lieu de surfer de manière politique sur les malheurs, sur ce qui arrive à Dijon, protégez Dijon ! »
C’est ensuite Axel Sibert, éphémère candidat à la mairie de Dijon et désormais n°3 sur la future liste aux municipales portée par Emmanuel Bichot, qui s’est chargé de rendre publique une proposition qui, à défaut d’être adoptée lors du conseil municipal, figurera dans le programme de la droite lors de ces élections : « Faire passer le taux communal appliqué à la taxe foncière de 50,28 % à 47,77 %, correspondant à une baisse de 5 %. L’impact financier de cet amendement, de l’ordre de 6,65 M€, ne fragiliserait pas la situation financière de la ville au regard des excédents capitalisés. Il pourrait être neutralisé par un effort de baisse équivalent sur les charges à caractère général, qui ont connu une augmentation de 14,35 M€, passant de 37,94 M€ en 2020 à 52,29 M€ au BP 2026. Il s’agit d’une proposition soutenable, supportable et surtout indispensable pour diminuer la pression fiscale qui pèse sur les Dijonnais. » « Juste un chiffre, a rétorqué Nathalie Koenders. Cent policiers municipaux supplémentaires, c’est 6,5 M€. Vous devrez donc me dire où vous faites des économies et vous enlevez des services publics ».
Un autre chiffre, celui brandi par Laurent Bourguignat, lui aussi candidat à la mairie dijonnaise : « Rappelons que le taux de la taxe foncière à Dijon est le 7e plus élevé des 42 villes de plus de 100.000 habitants, le plus élevé étant comme par hasard, Grenoble, et sa majorité d’écolo-radicaux. »
Id’ées déménage
École-radicale, la majorité dijonnaise ? Voilà un soupçon qui devrait faire bondir le mouvement Dijon Avenir qui se présente comme un « mouvement citoyen », prélude à une future liste candidate elle-aussi, décidément, au convoité fauteuil de maire, qui s’est emparé des réseaux sociaux pour dénoncer le projet de cession par promesse synallagmatique (avant-contrat par lequel les deux parties s’engagent réciproquement à conclure le contrat définitif, Ndlr) d’une parcelle de terrain rue de Colchide au groupe d’insertion Id’ées pour y bâtir ses locaux.
Dijon Avenir dénonce une bétonisation de cet espace de 2 ha, où une friche s’est installée, abritant différentes essences d’arbres ainsi que des espèces d’oiseaux. L’opposant écologiste Frédéric Favergeon ne dit pas autre chose, « s’étonnant de cette délibération », alors que la maire de Dijon « s’était engagée à ne pas artificialiser la pleine terre ». Des arguments battus en brèche puisque la parcelle convoitée par le groupe d’insertion est déjà en partie bétonnée par une dalle d’environ 5.000 m2, donc 45% de la parcelle « restera en totalité de pleine terre et d’espace vert », a certifié le premier adjoint Antoine Hoareau. Pour sa part, la maire approuve que le projet, desservi par le tram et les bus, puisse permettre « qu’une entreprise d’insertion soit connectée aux transports publics », essentiels pour une partie des personnels d’Id’ées qui ne possèderait pas de véhicule.
Sécurité vs modernité, visions différentes de l’écologie… la campagne municipale dijonnaise est au menu de Noël !