Dixmont mise sur sa capacité à se réinventer
Ruralité. Aux portes de la forêt d’Othe, la commune de 1.000 habitants s’est engagée dans un judicieux programme de revitalisation qui, échelonné en trois phases, lui a permis d’investir près de trois millions d’euros.
Les grands travaux ne sont pas l’apanage des métropoles et des centres urbains. À l’extrême sud du Grand Sénonais, à la croisée des routes de Joigny, de Cerisiers et de Villeneuve-sur-Yonne, la commune de Dixmont est bien décidée à ne pas vivre sa ruralité comme une fatalité qui ne l’obligerait qu’à constater la disparition, inextricable, de ses commerces et de ses services publics.
Au lieu de se résoudre à se muer irrémédiablement en « village dortoir », le village de la forêt d’Othe a enclenché un vaste programme de revitalisation de son centre historique dont l’objectif est de maintenir sa population active et d’attirer de nouveaux citadins en manque de chlorophylle. Une réflexion engagée il y a près de 10 ans.
« En étant située à 25 kilomètres de Sens, Dixmont est la commune la plus éloignée de l’agglomération. Elle est aussi la plus vaste avec 4.317 hectares, 23 hameaux qui représentent 30 % de la population communale, un réseau routier composé de 50 kilomètres de voiries et de 60 kilomètres de chemins », précise Jean-Claude Pierret, adjoint au maire chargé des travaux. « Dès le départ, nous devions prendre ces données en considération et nous avons donc souhaité associer la population à ce programme. »
D’autant que si les élus souhaitaient remettre l’accent sur le centre bourg en réhabilitant plus de 5.000 mètres-carrés de bâtiments et d’espaces publics, l’un des impératifs était aussi de désimperméabiliser les sols, de reverdir les abords des ensembles immobiliers et d’implanter des puits de fraîcheur par une revégétalisation. Des considérations environnementales qui, elles aussi, ne sont pas réservées à la seule politique de la ville.
Une merveille de plan de financement
La première phase d’investissement a tout d’abord concerné l’agrandissement de l’école du village par la réhabilitation d’un bâtiment ancien, selon la norme régionale Effilogis, afin d’accueillir au mieux les 63 élèves répartis en trois classes. Coût de l’opération : un million d’euros, dont 66 % apportés par des financements croisés notamment via le fameux « fonds friches ».
L’emploi de matériaux biosourcés a été largement privilégié. « Nous sommes les premiers en Bourgogne-Franche-Comté à avoir implanté les tuiles photovoltaïques d’Edilians pour assurer la sobriété énergétique du bâtiment. »
La seconde phase a permis l’implantation d’un commerce « multi-activités » regroupant une épicerie, un restaurant et un café avec la même volonté d’employer des matériaux d’écoconstruction pour la rénovation de l’ensemble immobilier de 300 mètres-carrés. Un espace modulable autorisera les futurs gérants à imaginer des services en adéquation avec l’attente des habitants comme le coworking ou une conciergerie. Situé au cœur du village, ce bâtiment flambant neuf devrait être inauguré dans les tout prochains mois après un investissement de 1,1 million d’euros, subventionné à hauteur de 74 %.
Enfin dernière pierre édifice, 700.000 euros (dont 70 % d’aides institutionnelles) sont actuellement consacrés, notamment, à la réfection de la principale artère du village qui, moins minérale puisque agrémentée d’aménagements paysagers, et offrant l’accès prioritaire aux cyclistes et piétons, participera à redonner ses lettres de noblesse au centre historique.
« Le phasage du projet a été aussi important que le projet en lui-même pour le montage financier », souligne l’élu qui a œuvré de nombreuses années à la construction de ce programme. « Cela correspond à la fois à l’attente de l’État en matière de revitalisation des communes rurales et à celle des habitants. »