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EDF partenaire en décarbonation

Energie. La décarbonation, enjeu stratégique en BFC pour le groupe EDF, est aussi un levier de compétitivité industrielle. Démonstration à Blanzy (71) où Michelin, avec l’accompagnement de Dalkia (filiale d’EDF), va muter des gaz fossiles vers l’énergie biomasse.

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Le coût total du projet s’élève à 9,3 M€ et bénéficie d’un soutien de 3, 1 M€ de l’État dans le cadre de l’appel à projets SCIAT (Biomasse Chaleur Industrie, Agriculture et Tertiaire) géré par l’ADEME. (Crédit : Michelin Blanzy)

La décarbonation de l’économie est le premier axe stratégique du groupe EDF en BFC, porté par sa directrice Carmen Munoz Dormoy. « L’urgence climatique et l’urgence des souverainetés nous imposent de progresser vers une électrification des usages avec une électricité décarbonée ». Or les taux d’énergie finale consommée dans la région révèlent encore une grande dépendance aux énergies fossiles : plus de 60 %, dont 2/3 de produits pétroliers. La trajectoire imposée par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 passera donc par un changement massif des usages que le groupe EDF s’efforce d’accompagner avec pragmatisme : « Nous travaillons sur une prospective énergétique pour voir quels sont les schémas de décarbonation les plus efficaces, rapides et acceptables car on ne peut pas décarboner contre l’intérêt des citoyens et des entreprises », martèle Carmen Munoz Dormoy. Démonstration à Blanzy (photo) sur le site du fabricant de semi-finis et de pneumatiques Michelin (40 ha dont 20 ha bâtis et 1 200 salariés) où l’industriel parvient à faire d’un enjeu écologique un levier de compétitivité.

Éviter les rejets de 5000 véhicules

Cela fait plusieurs années que le groupe Michelin, qui vise la neutralité carbone, réfléchit à réduire son impact environnemental : l’année dernière, Blanzy inaugurait ainsi l’hydraloop, un dispositif lui permettant, grâce au recyclage, d’économiser 80 % des prélèvements d’eau nécessaire à ses process, soit « 140.000 m³ annuels », détaille Sascha Kettler, directeur du site. Il aura aussi permis à l’usine de rester active l’été dernier lorsque le département était soumis à des restrictions d’eau. « On a finalement un projet environnemental qui est aussi viable économiquement parce qu’il nous a protégé d’une fermeture imposée », résume Sascha Kettler. Blanzy poursuit cette trajectoire en s’équipant d’une chaufferie biomasse bois, accompagné par Dalkia, filiale d’EDF. Dès sa mise en service prévue à l’été 2026, cette installation d’une puissance de 5,3 MW permettra, avec un ajout de biogaz, d’abandonner le gaz fossile actuellement utilisé sur le site qui réduira ainsi de 80 % les émissions carbone liées à la production. Sascha Kettler y voit d’autres avantages : « Cette installation nous protège de fluctuations et d’alertes politiques ou géopolitiques qui peuvent engendrer une situation de non disponibilité de gaz fossile ou disponible à un prix exorbitant. Nous gagnons en autonomie et également en maîtrise de nos dépenses énergétiques. »

Un projet que Carmen Munoz Dormoy juge « exemplaire : il permet de gérer en même temps le volet environnemental et sociétal, grâce à une source d’énergie de proximité avec des retombées économiques pour les territoires, et le volet économique par la volonté d’améliorer la compétitivité de l’usine. » Elle rappelle d’ailleurs que des experts EDF sont au service des chefs d’entreprises industrielles pour aider à décarboner leurs process, avec déjà, comme à Blanzy, un certain nombre de références.