Collectivités

En faveur des haies

Territoire. Dans le Sénonais, la Communauté de communes Yonne Nord consciente des enjeux pluriels que constituent la préservation et la réintroduction des haies, propose « Le mois en faveur de la haie » jusqu’au 15 novembre.

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Photo de haies
Se passer définitivement de haies à l’heure du réchauffement climatique est une gageure. Aujourd’hui de nombreuses actions ont été mises en place pour les réintroduire mais aussi pour les entretenir et préserver celles qui existent. (Crédit : JDP)

Alors que la haie est plus que jamais, « une alliée au service de l’humain et de la biodiversité », la Communauté de communes Yonne Nord (CCYN), en lien avec celle de Michery, a imaginé « Le Mois en faveur de la haie », du 18 octobre au 15 novembre. Il s’agit avant tout, de mettre en lumière l’impact environnemental que procurent ces murs vivants à travers des interventions, des conférences, des ciné-débats, des visites et des ateliers menés par des acteurs engagés au cœur de cinq communes du Sénonais [1] : Michery, Egriselles-le-Bocage, Serbonnes, Villeneuve-la-Guyard, Thorigny-sur-Oreuse.

Il permet également de comprendre, face aux enjeux climatiques actuels, les raisons pour lesquelles on ne peut plus minimiser leur importance dans le bocage. Historiquement anthropiques, les haies ont d’abord été des moyens de défenses naturelles avant d’être exploitées, gérées et entretenues par les paysans. Depuis l’après-guerre, 70% d’entre elles ont disparu, ce qui représente 1,4 million de kilomètres. Ce phénomène n’a pas épargné la Bourgogne-Franche-Comté puisqu’entre 1940 et 2013, le linéaire des haies champêtres a diminué de 42% même s’il représente encore un réseau de 115 000 km.

Un continuum utile, nourricier et protecteur

Les causes de leur abandon sont plurielles, du remembrement des terres agricoles, à l’utilisation du fil barbelé, plus pratique et moderne, en passant par l’arrivée de la mécanisation, l’expansion urbaine, la baisse du nombre de professionnels pour les entretenir, le temps de pâturage diminué ou l’abandon comme bois de chauffage au profit des produits pétroliers. A tout cela, s’ajoute la Politique Agricole Commune (PAC) qui, en 1992, a décidé de ne pas rendre éligible aux primes les surfaces arborées qu’elle considère comme « improductives ».

Or ce continuum d’arbrisseaux et d’arbustes dispose d’atouts écologiques, agricoles, agronomiques et économiques indéniables. Il est indiscutablement utile, nourricier et protecteur. Il participe à la biodiversité en protégeant et régulant toutes sortes d’espèces (oiseaux, rongeurs, mammifères, insectes…). Il favorise un micro-climat et un environnement sain. Il est bénéfique pour les cultures et la ressource en eau. Il permet le filtrage des nitrates et joue même un rôle de filtre à polluant. Il produit du bois de chauffage, des bais, du pollen… Ses résidus sont utiles au compost. Il limite l’érosion des sols, stocke le carbone, fournit de l’ombre au bétail et procure un effet brise-vent naturel… Ces exemples ne sont pas exhaustifs.

Sauver les haies

L'affiche pour le mois en faveur de la haie
Le mois en faveur de la haie proposé par la CCYN se veut ludique, pédagogique et pratique. Cinq communes du Sénonais y participent activement en proposant des interventions, des débats et des projections. (Crédit : CCYN)

Ces bienfaits n’auront sans doute pas échappé à l’auditoire du « Mois en faveur de la haie ». Les films, les réflexions et les points de vue respectifs de Florence Pinton, présidente du Centre Permanent pour les Initiatives Environnementales (CPIE) Yonne-Nièvre, de Sarah Dujardin, de la Ligue de la Protection des Oiseaux de Bourgogne Franche Comté (LPO BFC), ou de Didier Duchesne, en charge de l’association icaunaise CPN Réveil Nature ont participé à l’éveil des consciences. Les CM1 et CM2 de Michery, lors de l’atelier du 18 octobre dernier, auront sûrement beaucoup appris en participant à la plantation de deux cents pieds d’arbustes. D’ici trois ans, 2700 autres pieds viendront les consolider. Pour les retardataires, il est possible de profiter in situ des temps forts [2] de Villeneuve-La-Guyard et Thorigny-sur-Oreuse.

Une question demeure cependant : alors que des acteurs aussi différents (associations de protection environnementale, chasseurs, collectivités, agriculteurs) s’engagent pour protéger les 750 000 km de linéaire restant sur le territoire hexagonal, pourquoi les haies continuent-elles de disparaître à raison de 1,5% par an [3], selon le rapport d’avril 2023 rédigé par le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux ? Si grâce au « pacte en faveur de la haie », budgété à 110M d’€ dès 2024, on affirme que d’ici à 2030, 50 000 km de linéaire seront réintroduits, ce chiffre reste, aux yeux de certains, insuffisant. Heureusement que les prises de conscience sont réelles et que les actions, comme celles établies dans le Sénonais se multiplient.

Plus d’informations au 03.86.67.99.00 ou sur le site : https://yonne-nord.fr/

[1Le mois se tient sur cinq communes du Sénonais (89) : Michery, Egriselles-le-Bocage, Serbonnes, Villeneuve-la-Guyard, Thorigny-sur-Oreuse.

[2Villeneuve-La-Guyard : le 8/11 à la salle polyvalente

• 14:00 : IMMERSION AU CŒUR DES HAIES COMMUNALES - Visite des haies et intervention de Robert BAELI, association A.R.B.R.E.S.

• 16:00 : PISTES DE VALORISATION DE LA HAIE - Intervention de Florence TERRASSE, CPIE Yonne Nièvre & Retour d’expérience de la SCIC de Puisaye-Forterre, La Charbonette.
• 17:30 : LES CORRIDORS ÉCOLOGIQUES - Conférence de Claire TUTENUIT, le Ruban Vert.

Thorigny-sur-Oreuse : le 15/11 à la salle polyvalente

• 14:00 : CINÉ TABLE RONDE : L’EAU ET LE RUISSELLEMENT - L’érosion et ses conséquences. L’exemple de la Vallée de l’Oreuse - Les solutions positives pour réparer le territoire, suivies d’un retour d’expérience de Christian DESCHAMPS, éleveur de bovins - Les bénéfices pour les usagers du territoire par Pierre LOUÉ, hydrogéologue - Présentation de l’opération « Sem’obord » par Pierre PETIT de l’association Le Ruban Vert et Guy-Michel DESMARTINS, agriculteur.

• 20:00 | CINÉ DÉBAT « PAYSANS DU CIEL À LA TERRE ».

[3Selon le rapport d’avril 2023 rédigé par le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER).