Collectivités

Énergie : les DPE sont-ils fiables ?

Logement. Depuis le 1er janvier, les logements classés DPE (diagnostic de performance énergétique) G sont interdits à la location. Or ces diagnostics font débat.

Lecture 5 min
Les DPE
(Crédit : Freepik)

Une décision déterminante pour les propriétaires qui repose sur un diagnostic effectué par des sociétés privées, dont la fiabilité est souvent remise en cause, en témoigne la récente condamnation de Bureau Veritas à Narbonne pour de faux diagnostics.

Quelle fiabilité accorder aux entreprises de diagnostics ? Pour Jean Perrin, président de l’UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers) BFC : « Les diagnostiqueurs sont des gens sérieux mais trop responsabilisés. Pour éviter tout problème, ils se protègent, parfois de façon excessive, ce qui pénalise les propriétaires puisqu’en cas de doute, elles mettent ce qu’il y a de plus défavorable. Si vous avez isolé une cloison avec de la laine de verre il y a 15 ans mais que vous n’avez plus la facture, on considère qu’il n’y a rien ».

Exemple de cette responsabilité, la condamnation en 2019 d’un bureau de contrôle par la cour d’appel d’Angers pour un diagnostic amiante erroné datant de …1999. Lors du Congrès des Villes de France au Creusot, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique avait rappelé la volonté du gouvernement : « Faire baisser la part des énergies fossiles et diminuer le rejet de Gaz à effet de serre (GES), tout en visant la sobriété énergétique ».

Pour Jean Perrin , c’est un non-sens : « Si dans un petit logement vous avez un chauffe-eau de 100 litres, il est impossible d’avoir une note meilleure que G ». La solution préconisée ? L’installation d’un chauffe-eau de 30 litres instantané : « C’est complètement idiot. Un 100 litres fonctionne la nuit. Un 30 litres, en permanence et surtout quand tout le monde a besoin d’énergie ».

Sur le rejet des gaz à effet de serre Jean Perrin tempère : « Les logements, c’est 0,3 % de la pollution en France qui représente elle-même 1 % de la pollution mondiale. On parle d’améliorer de 20 à 30 %. Ça semble beaucoup mais ça ne représentera que 0,10 % de la pollution en France. On doit agir mais est-ce que ça vaut le coup d’avoir des locataires qui ne pourront plus se loger et des propriétaires qui ne pourront plus louer ? On se précipite trop ».

Une procédure trop complexe

En face, c’est tout le marché du logement qui est en péril : « Ce sont les plus pauvres qui vont payer parce qu’ils ne pourront plus se loger. On parle notamment des étudiants ».

Au sein des propriétaires-bailleurs, les réactions sont diverses même si la majorité des propriétaires, conscients des enjeux énergétiques, vont entamer des travaux : « Les plus âgés retirent leur logement du marché locatif. D’autres vont vendre mais les acheteurs profitent de l’aubaine pour acheter à des prix bien en dessous du marché, ce qui va encore aggraver la situation ».

Autre problème : les entreprises débordées et la pénurie (ou le coût) des matériaux. Interrogée, Agnès-Panier Runacher invoque les aides à la transition énergétique. « J’appelle ça ma déprime rénove, réagit Jean Perrin. Les autorisations, les demandes, les dossiers à remplir, les revenus de référence, tout cela est trop long. C’est un tel cirque. Sur les panneaux solaires, les premiers versements interviennent après un an puis sur cinq ans. Comment font ceux qui n’ont pas de trésorerie ? Il faut simplifier ! Il y a plus de paperasses que de bénéfices alors les gens abandonnent ».

Pour lui, il existe pourtant plusieurs solutions : « Verser directement à l’entreprise la part prise en charge par l’État. Assouplir la responsabilité des diagnostiqueurs et faire confiance aux propriétaires. Ce ne sont pas des tricheurs ».

Agnès-Pannier Runacher avance aussi la lutte contre les marchands de sommeil. « On va avoir des propriétaires qui vont louer de façon discrète, réagit Jean Perrin. Personne ne lutte conte les marchands de sommeil. Pourquoi voulez-vous qu’ils respectent la loi puisqu’ils sont en dehors des lois ? On emmerde juste les braves gens ». Contactée à trois reprises, la FIDI (Fédération Interprofessionnelle du Diagnostic Immobilier) n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.