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Enfin une seconde vie pour les « nouveaux plastiques »

Recyclage. C’est une première en France : le centre de surtri de Ruffey-lès-Beaune, fruit d’une alliance entre E3R et Citeo, relève un défi majeur du recyclage en permettant la prise en charge des « nouveaux plastiques », jusqu’alors mis de côté.

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Photo de Geoffroy Sécula à l'inauguration du centre de surtri
Geoffroy Sécula, directeur général d’E3R, lors de l’inauguration du centre de surtri. (Crédit : JDP)

Comment faire recycler ses pots de yaourt, barquettes de jambon, bouteilles de lait ou de lessive ? La question qui hante les ménages responsables trouve aujourd’hui réponse grâce à l’alliance d’E3R (Bourgogne Recyclage) et Citeo : le bac jaune ! C’est en effet la prouesse permise par la première unité de surtri française, située à Ruffey-lès-Beaune, en fonctionnement depuis juin 2023. « Le coup d’envoi donné à ce site est une étape majeure, qui permet de créer des débouchés pour nos emballages en plastique qui jusqu’à présent échappaient en partie au recyclage », explique Jean Hornain, directeur général de Citeo. « Désormais, grâce à ce centre, les nouveaux plastiques tels que le PET coloré, PET blanc ou PEHD sont acceptés dans les bacs jaune et sont prétriés par les centres de tri », complète Éric Fromont, directeur flux et tri chez Citeo.

Au total, le centre qui s’étend sur 12 hectares aura nécessité huit mois de travaux et plus de 26 millions d’euros, dont 19,3 millions d’euros à la charge de l’entreprise à mission – ex Eco-Emballages. « Nous avons lourdement investi sur le process et nous disposions d’un bâtiment capable de recevoir le centre, précise Éric Fromont. Nous déléguons son exploitation à Bourgogne Recyclage par le biais d’un partenariat long terme, d’une durée initiale de sept ans, renouvelable trois ans ».

Une avancée majeure pour le recyclage

Avec des lignes dimensionnées pour recevoir 30.000 tonnes de déchets plastiques par an, le centre de surtri de Ruffey-lès-Beaune affiche des résultats impressionnants : « Nous avons déjà atteint la capacité maximale d’exploitation, témoigne Geoffroy Sécula, directeur général d’E3R, 90% de ces déchets partent en filière de recyclage, le reste est valorisé en énergie. En bout de chaîne, nous avons un taux de pureté (conformité au cahier des charges des recycleurs, Ndlr) de 90 à 98% ».

Photo du centre de surtri
Le centre de surtri est doté de 15 machines de tri optique. (Crédit : JDP)

Véritable réussite saluée par Amelle Ghayou, sous-préfète, secrétaire générale adjointe de la préfecture et Alain Suguenot, maire de Beaune, ce centre est, selon Pascal Sécula, président d’E3R, « un outil extrêmement performant sur le plan technique, environnemental et social. Avec le développement de cette nouvelle activité de surtri pour lequel l’accompagnement de Citeo a été décisif, le site de Ruffey-lès-Beaune devient un fleuron de l’innovation de l’industrie verte en France ».

Citeo prévoit à court terme le fonctionnement de trois centres de surtri sur l’ensemble du territoire français, permettant le recyclage de 100 à 110.000 tonnes de plastique. « À date, un autre centre a déjà ouvert ses portes à Épinal et un troisième ouvrira en 2024 à Mende, résume Éric Fromont. Chacun couvre un tiers de la France et concerne environ 10 à 15 millions de personnes ».

Coup de pouce technologique

Si le centre de surtri de Ruffey-lès-Beaune a permis la création d’une trentaine d’emplois et nécessite la supervision d’opérateurs humains, il est aussi et surtout le terrain de jeu de dizaines de machines à la pointe de la technologie. « La première partie consiste à séparer mécaniquement les déchets puis à éjecter automatiquement les matières non voulues grâce à nos 15 machines de tri optique, capables de trier sept catégories de plastiques différents, explique Geoffroy Sécula.

Photo des balles de recyclage
Des balles de recyclage conçues à partir de déchets plastiques. (Crédit : JDP)

« Chaque matière passe au minimum deux fois dans une machine pour assurer le contrôle qualité. Plus loin, une machine permet le tri des déchets de moins de 30 millimètres ». L’objectif est clair : améliorer la recyclabilité de chaque matière en répondant aux exigences de la filière. « Aujourd’hui, du polystyrène permet de fabriquer un cintre ou un pot de yaourt. Ce même pot de yaourt, en revenant ici, peut refabriquer un pot de yaourt : c’est ce que l’on appelle le retour au contact alimentaire. Plus la technologie avance, plus on est performants et on minime les pertes. »