ENR : la BFC veut gagner son défi
Transition énergétique. La région BFC s’est fixée un objectif ambitieux : 34 % d’énergie finale consommée issue des énergies renouvelables en 2030, soit 2 points de plus que le national. Atteindre ce chiffre est une vraie gageure pour l’écosystème énergétique de Bourgogne Franche-Comté.
En septembre 2025, l’Observatoire régional et territorial énergie air climat publiait les chiffres de la part des énergies renouvelables (EnR) dans la production globale d’énergie en BFC : près de 12 863 GWh (données 2023), avec une primauté (59 %) du bois-énergie (bois des ménage et chaufferie biomasse), suivie par les filières électriques : éolien (19 %), puis hydraulique et photovoltaïque, en fort essor. C’est +5 460 GWh depuis 2010. Mais, en termes d’énergie finale consommée, les EnR sont largement minoritaires : plus de 60 % est encore issue d’énergies fossiles (produits pétroliers et gaz), les EnR ne représentant, elles, que 25 %. De quoi compromettre l’objectif affiché par la région BFC d’atteindre 34 % d’énergie finale consommée issue des EnR en 2030… et lancer un défi aux producteurs d’EnR en BFC.
Acceptabilité et rentabilité
De leur côté, il s’agit d’allier acceptabilité des équipements et rentabilité pour leurs clients. Bonne nouvelle : l’enquête Ifop pour Engie (mai 2025), souligne que « 83 % des habitants de la région ont une bonne image des énergies renouvelables et 68 % souhaitent que leur développement s’accélère. Cette image positive des énergies renouvelables s’appuie sur des bénéfices bien identifiés comme la lutte contre le changement climatique (79 %) ou la souveraineté énergétique (76 %) », détaille Clémentine Noirard, déléguée générale BFC d’Engie. À nuancer : l’éolien, contrairement au photovoltaïque, n’a vraiment plus la cote. D’ailleurs, rappelle la nouvelle présidente du Tribunal administratif Anne-Laure Chenal-Peter, les projets EnR « font quasi systématiquement l’objet d’un recours ». Ajoutons-y la disponibilité des terrains, la nature de la maîtrise foncière (publique ou privée), les réglementations… « Cela pose la question du mix énergétique que nous voulons, résume Vincent Gaffard, directeur régional BFC de TotalEnergies. Si nous devons travailler collectivement, c’est justement sur ce sujet de l’acceptabilité. »
Pourtant, la demande augmente, en particulier chez les entreprises, soucieuses d’une visibilité sur leurs factures après la douche froide de 2022 : l’accès à une énergie décarbonée, bonne pour leurs scopes environnementaux et aux solutions innovantes de production d’énergie est donc un atout d’attractivité mais aussi de rentabilité. Heureusement les témoignages se multiplient d’entreprises, et pas des moindres, ayant fait le choix des EnR pour en faire un levier de compétitivité. Carmen Munoz-Dormoy, directrice à l’action régionale d’EDF en BFC rappelle par exemple que la filiale d’EDF Framatome au Creusot est en train « d’électrifier les fours [de ses forges] pour les préchauffer jusqu’à un certain niveau de température », réduisant ainsi son recours au gaz fossile.
L’enjeu stratégique est, à ce titre, l’anticipation : ne pas planifier l’arrivée des implantations là où les capacités de puissance existent ou peuvent être installées entraîne des retards de déploiement d’infrastructures : « la distribution d’électricité est une industrie de temps long », conclut Thomas Fraïoli, directeur régional d’Enedis en Bourgogne.