Collectivités

Face à la baisse de natalité, la BFC entend booster son attractivité

Territoire. Le conseil régional de BFC vient de lancer le premier dispositif d’accompagnement à l’installation de nouveaux habitants à l’échelle d’une région. Baptisé “La Bourgogne Franche-Comté, c’est franchement bien !”, il a pour premier objectif de concrétiser l’arrivée de 2.000 nouvelles familles dans la région d’ici à 2026.

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Photo de Romuald Fassenet, Patrick Ayache, Marie-Guite Dufay, Lambert Wilson et Roland de la Brosse
De gauche à droite : Romuald Fassenet, chef étoilé du restaurant du Château du Mont-Joly à Sampans (39), Patrick Ayache, vice président de la région, Marie-Guite Dufay, présidente de la région, l’acteur Lambert Wilson et Roland de la Brosse, fondateur d’AdhexPharma. (Crédit : JDP)

La Bourgogne Franche-Comté compte près de 2,8 millions d’habitants. Cependant, depuis quelques années, sa population diminue en raison d’un solde naturel négatif (d’après l’Insee, entre 2015 et 2021, la région a ainsi perdu 0,1 % de sa population). Pour enrayer cette baisse de la natalité, la région entend attirer de nouveaux habitants.

« Nous devons davantage susciter le désir de notre région. Nous avons beaucoup de cartes en mains, encore vaut-il savoir les jouer correctement, argue Marie-Guite Dufay. Depuis plusieurs années, nous soutenons des programmes d’actions portés par des collectivités œuvrant au développement de l’attractivité de notre territoire pour que souhaitent s’y installer de nouveaux habitants venus d’autres régions. Nous avons également initié une démarche d’ambassadeurs pour constituer et animer un réseau d’acteurs à la fois témoins et porte-parole des valeurs, des innovations, du patrimoine naturel et culturel, et de tous les atouts et richesses qui font de la Bourgogne Franche-Comté une région unique. Malgré tous ses efforts, la baisse de notre démographie n’est pas compensée par les nouvelles arrivées (47.500 nouvelles personnes ont emménagé en Bourgogne Franche-Comté en 2021 selon une étude de l’Insee de septembre 2024. Ndlr). C’est pourquoi, aujourd’hui, nous passons à la vitesse supérieure avec le lancement du premier programme régional d’attractivité résidentielle. Cette initiative choc et solidaire constitue une première nationale à l’échelle de toute une région ».

« Il y a trois moteurs à l’attractivité d’une région, explique Patrick Ayache, vice-président en charge des ressources humaines, du tourisme, de l’attractivité de la région et de la promotion des terroirs. Il y a d’abord celui de l’économie. Sur ce point, nous sommes l’une des premières régions de France à attirer des entreprises. Le deuxième volet est touristique et là encore, les résultats sont au rendez-vous. Reste notre capacité à attirer de nouveaux habitants qui, elle, est en panne. Quand il s’agit de choisir une région pour vivre, beaucoup ont le réflexe de la Bretagne ou du Sud, notre objectif est de les convaincre qu’une troisième voie s’offre à eux, celle de la Bourgogne Franche-Comté ».

Cette démarche d’attractivité résidentielle repose sur la forte mobilisation des territoires, à travers la signature d’une charte d’engagement collective. « C’est une dynamique collaborative qui se met en place. Sa réussite sera celle d’un écosystème tout entier, affirme la présidente. Le plan 2024-2026 devait à l’origine comporter une vingtaine de territoires partenaires. Finalement, ce sont 35 collectivités (22 communautés de communes, neuf communautés urbaines et agglomérations et quatre départements) qui se sont portées volontaires pour participer à cette opération aux côtés de la région qui apporte au projet son soutien financier et opérationnel ». « Là, où certains territoires peuvent parfois entrer en compétition pour attirer des talents au sein d’une même région, nous, nous déployons 35 collectivités qui s’unissent et travaillent ensemble, avec les mêmes outils. C’est la démonstration qu’une solidarité territoriale est possible et la clé de voûte d’un succès collectif. Tous ont des atouts différents et tous pourront les mettre en valeur, car le dispositif mis en place leur garantit d’avoir chacun des foyers à accompagner », appuie Patrick Ayache.

Un site et un ami qui vous veut du bien

Cet outil prend essentiellement deux formes : un site internet dédié, venez-vivre-en-bourgogne-franchecomte.fr et des chargés d’accueil, un par territoires mobilisés. « On sait depuis vingt ans qu’environ 50 % des Franciliens souhaitent quitter l’Ile-de-France. Mais nombre d’entre eux ne sautent pas le pas : ils craignent de ne pas avoir les mêmes opportunités en province pour leur famille, notamment en termes de culture, de vie sociale et de vie professionnelle, analyse Patrick Ayache. Or pour lever ces freins, il ne suffit pas de montrer de belles images de nos territoires sur des affiches 4x3 dans le métro. La communication seule ne résout pas les problématiques des territoires qui perdent des habitants. Ce qui marche, c’est d’accompagner individuellement ces candidats de A à Z, en levant petit à petit chacun de leurs freins grâce à une mise en réseau avec les acteurs susceptibles de les aider au mieux dans leurs démarches ».

« Ce dispositif innovant est construit pour aider chaque candidat à la mobilité à créer des liens avec tous ceux qui pourront l’aider sur place, développe Aurore Thibaud, présidente et cofondatrice de Laou, l’agence spécialiste de l’attractivité résidentielle qui accompagne ce projet. Enrichi de tous les atouts de la région, le site internet et ses réseaux sociaux associés servent à capter les potentiels candidats. Dans un cheminement sur mesure, un questionnaire est proposé gratuitement à chaque nouvel inscrit. À l’issu, il se voit proposer une sélection de territoires adaptés à son projet de vie. Il pourra ensuite prendre rendez-vous directement en ligne sur le site en un clic avec un chargé d’accueil, qui l’accompagnera tout au long de son parcours. Véritable ami qu’il n’a pas encore en Bourgogne Franche-Comté, le chargé d’accueil a pour mission de guider le futur habitant à chaque étape de son projet de déménagement : recherche d’opportunités professionnelles et d’un logement, proposition d’activités et de loisirs pour tous les membres de la famille… Il peut même proposer des visites découverte de 48 heures de son territoire en lien avec les Offices de tourisme. Pour ce faire, il travaille en réseau, avec les acteurs locaux de l’emploi (Pôle Emploi, Aer, Transentreprise BFC...) de la création d’entreprise (CCI et CMA), de l’immobilier et avec les associations locales... L’idée c’est de créer un lien fort, de prouver par l’exemple, de faire dans la dentelle, de privilégier l’humain ».

« Aujourd’hui on sait qu’il y a quatre fois plus de chances d’installer quelqu’un et de le faire rester durablement dans un territoire quand il est accompagné dans son projet de A à Z par un chargé d’accueil. Ces derniers constituent donc un investissement rentable pour la région car chaque personne installée consomme sur le territoire. Cela représente aussi des CV supplémentaires pour nos employeurs, privés comme publics. Selon l’étude d’impact menée par l’agence Laou, l’installation de 50 nouveaux foyers génère à elle seule 1,6 M€ par an de pouvoir d’achat dépensé sur le territoire et la création de huit emplois supplémentaires », conclu Patrick Ayache, qui précise que déjà 1.500 foyers se sont inscrits sur le site, ouvert depuis le 20 août, et 250 rendez-vous avec des chargés d’accueil sont programmés. « Pour cette période d’expérimentation de deux ans du dispositif, nous nous sommes fixé un objectif raisonnable de 2.000 familles installées en BFC d’ici à 2026 ».