Femmes du Medef, vous ne serez plus jamais seules !
L’entrepreneuriat. Impulsé en 2019 dans le cadre de la charte de la mixité, le réseau imaginé par Dominique Carlac’h vient d’être décliné au niveau départemental. Emmanuèle Bonneau, la présidente du mouvement, se félicite que cette initiative trouve écho dans l’Yonne.
Le Journal du palais : Pourquoi, selon vous, est-il si important qu’il existe un espace de dialogue et d’échanges réservé aux seules femmes dirigeantes ?
Emmanuèle Bonneau : Les femmes doivent, encore aujourd’hui trop souvent, « faire leurs preuves » et le niveau d’exigence qui leur est demandé reste, de fait, supérieur à celui des hommes. Il peut donc être parfois difficile d’aborder certains sujets, par crainte de montrer une certaine vulnérabilité.
Cet espace de dialogue doit pouvoir permettre cette liberté. Mais, attention, il ne doit en aucun cas être le seul espace, sinon il nous isole et crée de la ségrégation.
Il s’agit d’un espace de dialogue supplémentaire destiné à libérer la parole, générer de l’entraide et des vocations.
Jdp : Les dirigeantes sont encore aujourd’hui sous-représentées dans les différentes instances syndicales et professionnelles. Comment expliquez-vous ce phénomène et quels conseils donneriez-vous à celles qui n’osent pas encore franchir le pas ?
EB : Effectivement, seules 30 % des entreprises françaises sont dirigées par des femmes, soit un potentiel de plus de 900.000 entreprises employant des salariés, et, elles ne représentent en moyenne que 18 % des membres des conseils d’administration des Medef territoriaux.
Les facteurs - double journée et charge mentale - restent toujours très prégnants, bien que cela tende à se gommer. En effet, pour les jeunes dirigeantes, le phénomène semble s’estomper car elles trouvent un relais au sein du foyer et le partage des tâches semble se normaliser.
Toutefois, je pense qu’il va falloir encore quelques années avant d’arriver à l’équilibre. Nos jeunes femmes dirigeantes débutent dans l’entrepreneuriat et doivent se consacrer à leur activité. Elles ont également, pour certaines, l’envie de maternité, alors le temps manque…
D’autre part, pour ce qui concerne les mandats dits prestigieux, les hommes ne sont pas toujours prêts à céder leurs places si facilement. Cependant, loin de moi, l’idée d’en faire une généralité et d’être une féministe pure et dure.
Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde et que la mixité ne peut qu’apporter du positif au collectif et faire émerger de nouvelles idées.
Nous avons besoin d’hommes et de femmes de tous âges afin de construire l’entreprise de demain. Alors, je conseille aux femmes qui ont des convictions de ne pas les abandonner et de foncer. Il n’y a rien de pire que les regrets.
Jdp : Lors du premier rendez-vous, le réseau a accueilli Christelle Gourdin du groupe Vyv sur le thème de la santé des femmes dans le milieu professionnel, un sujet qui vous tient à cœur. En 2023, est-il toujours plus compliqué pour une femme de concilier direction d’entreprise et vie privée que pour un homme ?
EB : Comme je l’ai dit précédemment, le fossé tend à se combler mais la marche est encore haute et je suis heureuse que ce réseau « Femmes du Medef » puisse voir le jour durant mon mandat. Le thème de la santé des femmes dans le milieu professionnel autour duquel nous a réunies Christelle Gourdin a fait l’unanimité.
L’intégralité du cycle de la vie d’une femme y a été débattu sans tabou, y compris les difficultés d’enfantement que certaines peuvent malheureusement rencontrer. À ma connaissance, à part au sein de ce réseau, je ne vois pas où ce sujet pourrait être abordé.
J’espère sincèrement que nous serons encore plus nombreuses lors des prochaines rencontres et que chacune apportera une pierre à notre nouvel édifice. J’en profite pour vous convier à notre futur évènement économique de rentrée qui aura lieu le 7 septembre sur le site de la Maison de l’entreprise à Auxerre sur le thème : « Elles ont osé ! » Dominique Carlac’h, vice-présidente et porte-parole du Medef, assurera l’ouverture de nos travaux.