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Filière santé : des enjeux de notoriété, d’attractivité et de compétences

BFC. Une étude commandée par le pôle BFCare et réalisée par Créativ’ auprès d’entreprises du secteur de la santé a mis en avant les atouts de la région et les besoins de la filière qui déplore des problèmes de recrutement, de qualification et d’attractivité de la BFC pour attirer les talents.

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Représentation 3D du futur Technopôle Santenov
Le futur Technopôle Santenov a pour vocation de fédérer, incarner et renforcer la visibilité et l’attractivité de l’écosystème en santé de la métropole Dijonnaise. Cela résoudra-t-il les problèmes de compétences et de notoriété soulevés par le secteur ? (Crédit : Patriarche Augmented Architecture)

En 2017, le pôle BF Care (groupement visant à la coopération d’entreprises du secteur de la santé en chimie fine, pharmacie, cosmétique, dispositifs médicaux, équipements de santé, e-santé, services et innovation en sciences de la vie) lançait une première étude (GEPCT Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale) en Bourgogne afin de connaître les ressentis de la filière santé et qualifier ses besoins. Une étude élargie cette fois à la région BFC et visant à produire un état des lieux du secteur a été menée entre janvier et juillet 2023 à la demande de BF Care grâce aux équipes de Créativ’, le cluster emploi-compétences du bassin dijonnais.

232 entreprises de la santé ont été sondées, avec un taux de retour de 20% ; des entretiens approfondis ont également été menés dans certaines entreprises ciblées. Il ressort de cette étude un déficit de la région BFC en termes d’attractivité et de notoriété pour attirer les talents et un souci de compétences locales, mal adaptées aux enjeux réels de l’emploi dans la filière.

Pas de marque BFC « territoire santé »

Premier enjeu, l’absence d’une réelle marque de territoire santé qui permettrait d’identifier la BFC comme un acteur majeur du secteur. Malgré la présence de leaders mondiaux (Urgo), d’industries innovantes produisant des dispositifs médicaux uniques (Proteor, Crossject), ainsi qu’un savoir-faire dans la production de médicaments, la BFC ne parvient pas à s’imposer dans l’imaginaire ; et sa position géographique entre Paris, Lyon et la Suisse - un aspirateur à compétences dont souffrent particulièrement les entreprises de santé installées en Franche-Comté - qui est un atout dans d’autres secteurs économiques, devient ici un handicap au moment d’attirer ou de retenir les talents dans une région essentiellement rurale à l’exception de quelques pôles urbains.

Un souci d’attractivité qui est un véritable enjeu pour les agences économiques ou le Hub « emplois et compétences des industries » dont le Pôle BF Care, l’UFR Sciences de santé ou France Chimie Bourgogne Franche-Comté font partie des fondateurs. Mario Horvat, rapporteur de l’étude pour Creativ’ note que pour faire face, les entreprises ont su travailler en réseau pour mettre en place des initiatives communes pour des sujets RH ou de formation ; d’autres ont modulé leurs postes, en incluant mêmes des postes 100% télétravaillables pour « lever le problème de mobilité et d’attractivité ».

Adapter les compétences

Deuxième écueil majeur, la qualification. Nombre d’entreprises se plaignent de la non-adéquation et de la méconnaissance des candidats quant aux réelles attentes des professionnels du secteur de la santé - des données qui serviront à la fondation du futur Campus des métiers et des qualifications d’excellence en santé qui devrait voir le jour à la fin du premier semestre 2024 - et pointent également la nécessité de mettre à jour les compétences de leurs salariés dans un environnement réglementaire et technologique en constante évolution : pour 61% des entreprises de santé, les innovations technologiques vont transformer en profondeur leurs modèles.

Sur le plan des RH, ces transformations porteront tant sur la nature des postes que des profils à recruter, avec une poussée des postes liés au traitement de la donnée ; sur le plan médical, la « révolution biotechnologique qui permet des approches personnalisées, innovantes sur des maladies considérées comme incurables ou pour le développement plus rapide de vaccins » réclamera des expertises spécifiques qui seront indispensables si les industries du secteur santé en BFC veulent conserver leur place dans la course à la compétitivité et à l’innovation.