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Graines de solutions pour l’agriculture du futur

Côte-d’Or. L’UMR Agroécologie du Centre Inrae BFC héberge au sein du Centre de Ressources Biologiques Protea une collection riche de plus de 15.000 légumineuses à graines. Un trésor biologique conservé à Dijon, pilier fondamental de la recherche agronomique, notamment dans le contexte de la transition alimentaire, qui bénéficie d’un important soutien financier de Dijon Métropole, de l’Europe et de la Caisse des Dépôts.

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Photo de Mathieu Chanis
Mathieu Chanis, responsable de la plateforme Protea pose un sac de graines à la main dans la nouvelle chambre froide en partie financée par Dijon Métropole. Crédit : JDP. (Crédits : JDP)

Le Centre de ressources biologiques (CRB) Protea, hébergé par l’Unité mixte de recherche (UMR) Agroécologie (300 personnes dont 90 chercheurs) à Dijon est reconnu pour sa mission de conservation et de valorisation de la biodiversité des légumineuses. Il détient la plus grande collection de légumineuses en Europe et dans le monde. Les collections du CRB Protea se concentrent sur trois principaux genres : le pois, la féverole et le lupin. Le reste étant consacré aux lentilles.

La diversité génétique conservée est stupéfiante. La collection de pois comprend à elle seule près de 3.400 accessions patrimoniales. Pour la féverole et la fève, on compte 1.580 accessions et 2.000 pour le lupin. Les accessions de pois, par exemple, proviennent de 74 pays d’origine différents, soulignant la représentativité mondiale de ce patrimoine. Le rôle essentiel du CRB est d’assurer la conservation à long terme de ces ressources. « Les graines ont une durée de vie limitée, nécessitant une régénération constante : l’objectif est de renouveler environ 10 à 12 % de la collection chaque année », précise Mathieu Chanis, responsable de la plateforme Protea. La pérennité de telles collections représente un coût significatif, mais leur maintien est jugé indispensable.

« L’Inrae est fortement attendu sur les enjeux liés au remplacement des protéines animales par leurs cousines végétales, avance Philippe Lemanceau, vice-président de Dijon Métropole en charge de la transition alimentaire. À Dijon, nous servons deux repas végétariens par semaine dans les cantines scolaires et un repas végétarien par semaine au CHU. Cela représente 15 millions de repas par an. C’est un levier important de la commande publique qui génère une demande qui va croissante alors que la production de légumineuses tend à diminuer. L’inrae, par un travail sur les génotypes, une évaluation des pratiques agricoles, a un rôle à jouer de premier ordre, afin de rendre les légumineuses rentables pour les agriculteurs. C’est pourquoi Dijon Métropole soutient pleinement ces équipes dans leur travail d’innovation au service de la transition alimentaire. L’Inrae est un pivot essentiel de la transition agricole et alimentaire du territoire, il contribue à la stratégie environnementale du projet “ProDij, mieux manger, mieux produire”, en contribuant au développement de la filière légumineuse locale ».

Le financement de Dijon Métropole a joué un rôle majeur dans la modernisation des équipements de Protea. Dans le cadre du programme Territoire d’innovation « Dijon, alimentation durable 2030 », le CRB a pu concrétiser deux opérations d’un montant total d’investissement de 592.500 €, grâce à l’obtention de 337.294 € de subventions : 134.508 € de fonds Feder, 100.000 € de la Caisse des Dépôts et 50.000 € de Dijon Métropole. Ces fonds ont permis de relocaliser sur Dijon et de moderniser les outils de conservation.

Les nouvelles infrastructures comprennent une chambre froide de 60 m² (conservant les graines à 5°C et 15 % d’hydrométrie) et une serre-tunnel de 300 m² non chauffée, dédiée à la multiplication des accessions. Cette centralisation des collections, notamment le rapatriement des semences conservées précédemment à Bretonnière, a engendré une réduction des coûts de fonctionnement, comprenant une baisse de 35 % de l’électricité sur l’ancien site.

(Crédits : JDP)
(Crédits : JDP)