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Hacking Health 2024 : l’année de la maturité

Santé. Pour sa huitième édition le marathon de l’innovation en santé bisontin amorce un nouveau tournant dans son développement avec d’une part la création d’une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), du nouveau côté évènementiel et la création d’un diplôme universitaire pour rendre plus fertile l’innovation en santé.

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  • Photo du Hacking Health Besançon
    (Crédit : JDP)
  • Photo de Samuel Limat, Emmanuel Luigi, Christophe Dollet, Laurent Larger, Anne Vignot et Macha Woronoff
    De gauche à droite : Samuel Limat, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Besançon, Emmanuel Luigi, directeur général adjoint du CHU de Besançon, Christophe Dollet, fondateur et organisateur du Hacking Health Besançon, Laurent Larger, président de la fondation FC’Innov, Anne Vignot, présidente de GBM et maire de Besançon et Macha Woronoff, présidente de l’université de Franche-Comté. (Crédit : JDP)

Le Hacking Health (HH) Besançon propose depuis huit ans une formule efficace : réunir 350 innovateurs représentant le maximum de compétences différentes pendant 48 heures pour tenter de trouver la meilleur solution à des problématiques portées par des professionnels de santé, des patients ou des entreprises. « Le temps d’un week-end, c’est tout une communauté positive, imaginative et engagée pour le bien commun qui se retrouve : spécialistes du numérique, de l’électronique, de l’ergonomie, du design, de l’optique ou des microtechniques, des sciences de l’ingénieur, de la santé, des coachs... Un croisement des savoir-faire et des expériences qui vise un seul but : collaborer pour mieux innover, avance Christophe Dollet, fondateur et organisateur du HH bisontin. Chaque année, une vingtaine de projets voit le jour et donne lieu à des solutions souvent pertinentes. Mais tout ne peut se faire en deux jours. Le temps du marathon donne une impulsion, connecte les futurs partenaires, fait germer les choses mais le développement et la mise sur le marché des idées appartient au temps long, c’est pourquoi nous avons décidé de créer une Scic pour se donner les moyens d’accompagner un maximum de projet innovants jusqu’à un niveau de maturité suffisant pour envisager leur mise sur le marché ».

Une société pour maturer l’innovation

Baptisée Le Tube à Essais, cette société sera lancée en septembre et proposera aux porteurs de projets un parcours complet de l’émergence de l’idée jusqu’au prototypage. « Le choix d’une société coopérative reflète la marque de fabrique du Hacking Health basée sur l’ouverture et le collectif. Ainsi les professionnels de santé et les patients seront associés au développement du Tube à Essais », précise Christophe Dollet. « En cela le CHU est le lieu idéal pour évaluer correctement l’innovation que ce soit du côté des patients comme du personnel de soins. Il joue également un rôle majeur dans la diffusion de l’innovation de part sa composante d’établissement d’enseignement universitaire », appuie Samuel Limat, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Besançon.

Une dizaine de partenaires publics et privés soutiennent déjà la création de la Scic comme : l’université de Franche-Comté (UFC), Grand Besançon Métropole (GBM), le CHU de Besançon, la société de solutions digitales de gestion des laboratoires Quarks, le grossiste en produits chirurgicaux Micro-Mega, la coopérative numérique engagée Cadoles... Côté financement, Le Tube à Essais a déjà réunit les 18.500 € de capital nécessaire à l’ouverture d’une Scic et espère atteindre rapidement le palier des 30.000 €. Ce nouveau tiers-lieu s’installera au sein du bâtiment Bioinnovation au coeur de Temis santé. Un open lab sera accessible aux équipes issues du HH bisontin, ainsi qu’à d’autres porteurs de projets, afin de poursuivre le développement de leur innovation au travers d’un parcours sur-mesure définit par l’équipe du Tube à Essais.

En novembre 2023, une cheffe de projet, Lucie Rubagotti a été recrutée pour préparer la création du Tube à Essais. Cette construction a bénéficié du fonds de confiance de France Active, de la région BFC, de la Banque des Territoires et de l’accompagnement de l’Union régionale des Scop (Urscop). Par ailleurs, le futur Tube à Essais prendra en main l’organisation du week-end Hacking Health, dont le prochain est prévu les 18, 19 et 20 octobre, en partenariat avec le CHU de Besançon, GBM, l’UFC et la fondation FC’Innov et le showroom de l’innovation.

Connecteur, diplôme et attractivité territoriale

Il proposera également deux nouveaux évènements : une série de conférence en tandem avec Montréal (patrie des Hacking Health dans le monde) et une journée pour connecter les entreprises innovantes et les chercheurs : le Connecteur. « La première conférence aura lieu début octobre et traitera du bien-veillir. Elle sera réalisée en association avec le Pôle de gérontologie de d’innovation côté BFC et avec le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux centre-sud de l’île de Montréal côté Québec, précise Christophe Dollet. Nous envisageons de mettre en place en 2025 un cycle de deux grandes conférences par an, faisant dialoguer les experts des deux pays autour de sujets clés liés à la santé ».

Pour le Connecteur, la première édition est prévue pour le vendredi 18 octobre, toute la journée à Bioinnovation. Elle sera co-organisée avec le centre R&D Femto Engineering, avec le soutien de l’institut Carnot et de Temis Technopole. « Cette première édition servira de pilote pour envisager le développement de la formule à plus grande échelle dans les prochaines années », ajoute Christophe Dollet. « Avec le Connecteur, l’idée c’est de mettre dans un même “bocal” 20 innovations et 20 entreprises pour voir si des connexions émergent, explique Laurent Larger, président de la fondation FC’Innov. C’est un concept que nous avions déjà testé à Femto ST et que l’on élargit ici avec le Hacking Health qui a pour vrai plus de prendre le chemin de l’innovation à rebours des chemins habituels. Quand on parle d’innovation la plupart du temps le besoin n’existe pas encore et on va s’efforcer de le créer pour commercialiser le produit innovant. Ici, c’est l’inverse le besoin existe, il est même criant, c’est l’innovation qui fait défaut ». Enfin, le HH Besançon s’est également rapproché, il y a deux ans, du Collectif LUdique Bisontin (Club) pour donner naissance à un évènement baptisé Ludi’Health qui permet la création de solutions ludiques au bénéfice de la santé. Une troisième édition devrait voir le jour en février 2025.

Enfin, troisième brique de développement envisagée par le HH Besançon : le développement d’une offre de service pour stimuler l’innovation au sein des établissements de santé, mais aussi des entreprises oeuvrant dans ce domaine : « nous avons une forte volonté de ces structures de se doter d’une stratégie propre visant à faire émerger et conduire des projets innovants en leur sein », affirme Christophe Dollet. Également dans les tiroirs : la création d’un diplôme universitaire porté par l’UFC et intitulé « Accompagner et développer l’innovation en santé ».

Cette formation, qui devrait voir le jour en septembre 2025 et qui s’adresserait prioritairement aux salariés des établissements et associations relevant du champ de la santé, du handicap, du paramédical ou du vieillissement, donnerait en un peu moins de 100 heures les clés pour aborder toutes les phases de l’innovation en santé, comprendre les enjeux réglementaires, juridiques et numériques, mais aussi une méthode pour faire émerger les idées, les projets, les évaluer et structurer la stratégie d’innovation. « L’objectif est de former de vrais facilitateurs de l’innovation », argue Macha Woronoff, présidente de l’UFC, tout en ventant les mérites du HH bisontin qui vient démontrer que « les bonnes idées ne sont pas que portées par les scientifiques mais qu’elles peuvent également venir de la société civile et des étudiants. Ils sont plusieurs à participer chaque année à ce challenge, venant de l’UFC et de l’UTBM, mais aussi de Supmicrotech Ensmm ou encore des hautes écoles Suisse et de l’université de Neuchâtel » et Anne Vignot, présidente de GBM et maire de Besançon d’ajouter : « On a des gens qui viennent de plus en plus loin pour participer, de Lyon, Nancy, de la Suisse. Le Hacking Health est un marqueur d’identité qui dit que sur ce territoire on sait travailler ensemble. C’est notre singularité et la Hacking Health est un élément de preuve de la dynamique de notre territoire ».