Joigny relocalise l’État
Yonne. Avec l’installation de deux services de la Direction générale des finances publiques, Joigny concrétise un projet de relocalisation d’emplois publics engagé depuis 2019.

Le 7 juillet 2025, dans le bâtiment 4 de l’ancien 28e Groupe géographique, le maire de Joigny, Nicolas Soret, a signé un bail de neuf ans avec la Direction générale des finances publiques. Une étape administrative, mais hautement symbolique : elle marque l’aboutissement d’un long processus de reconversion, amorcé en 2008, lorsque la ville perdait brutalement son statut de garnison militaire. Près de 10 % de la population avait alors quitté Joigny, avec la fermeture du 28e Groupe de géographie, dernier vestige d’une longue tradition militaire.
Depuis, la ville a hérité de 47 bâtiments répartis sur 4 hectares. Cédés à l’euro symbolique par l’État, ces bâtiments représentaient autant une opportunité qu’un fardeau, tant leur remise en état supposait un effort considérable. « Nous savions qu’on en prenait pour une décennie, au minimum », rappelle Nicolas Soret. L’ancien site militaire, autrefois inaccessible, a progressivement été ouvert, réaménagé, et rebaptisé « quartier Abeska ». Bâtiment après bâtiment, la ville a tenté de redonner une fonction à ce quartier fantôme. C’est dans ce cadre qu’est apparue, en 2019, une opportunité inattendue : celle d’accueillir un service public national.
Un pari sur la démétropolisation
Cette année-là, le ministère de l’Économie, sous l’impulsion d’Olivier Dussopt, alors secrétaire d’État à la Fonction publique, lançait un appel à candidatures pour relocaliser certains services publics hors des métropoles. Joigny faisait partie des 400 communes candidates, puis des 66 présélectionnées, avant d’intégrer le cercle restreint des 50 lauréates. Le projet retenu : l’implantation à Joigny d’un service d’appui à la publicité foncière, en provenance d’Île-de-France.
Cette mission, bien que peu connue du grand public, est essentielle à la sécurité juridique des transactions immobilières : chaque changement de propriétaire passe par un enregistrement dans un fichier central, qui garantit la traçabilité des actes notariés, l’opposabilité aux tiers et la transparence des hypothèques. « Ce n’est pas une mission qui nécessite d’être localisée dans une grande ville. Elle peut tout à fait être assurée depuis une ville moyenne », souligne Dominique Gontard, directrice des finances publiques de l’Yonne.
Un projet immobilier structurant
Pour accueillir ces nouveaux agents de l’État, la Ville a engagé une lourde réhabilitation du bâtiment 4. Coût total : 2,337 M€, financés à 80 % par des dotations de l’État (DETR et DSIL). Le chantier, complexe, a connu des retards et des aléas, mais s’est finalement achevé au printemps. « Heureusement, nous avons pu compter sur un soutien solide de l’État, qui a tenu ses engagements, y compris en acceptant un second arrêté de subvention pour compenser les surcoûts », salue le maire.
Le bâtiment hébergera à terme une cinquantaine d’agents de la publicité foncière, dont certains sont d’anciens agents parisiens volontaires, d’autres des jeunes fonctionnaires récemment diplômés. 25 personnes seront en poste au 1er septembre, et de nouvelles arrivées sont prévues d’ici fin 2026. À leurs côtés, une vingtaine d’agents du service de gestion comptable – l’ex-trésorerie locale – rejoindront également les lieux, renforçant l’activité sur le site.