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L’abbaye Saint-Germain veut retrouver voix au chapitre

Mécénat. En partenariat avec la Fondation du patrimoine, la ville d’Auxerre a lancé un appel aux dons afin d’aider à la restauration de ce lieu emblématique de la spiritualité du haut Moyen Âge qui doit devenir, demain, un pôle d’attractivité touristique et culturelle de tout premier ordre.

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Photo de l'abbaye Saint-Germain
La première tranche de travaux - la restauration du cloître de l’abbaye Saint-Germain - doit débuter cet été. L’opération, pour laquelle un appel aux dons a été lancé, s’élève à 852 000 euros. (Crédit : JDP)

Il s’agit certainement de l’un des projets les plus audacieux portés par l’équipe municipale auxerroise : redonner enfin tout son faste et toute son influence à ce symbole religieux, artistique et intellectuel de l’époque carolingienne.

Et pour cela, une souscription publique auprès des âmes charitables ne saurait nuire… Élevée au Ve siècle sur le tombeau de Germain l’Auxerrois - évêque de l’Antiquité tardive et grand orateur -, l’abbaye bénédictine a accueilli pendant près de 1000 ans des communautés monastiques, avant de se transformer en hôpital militaire, puis civil jusque dans les années 1980.

Abritant aujourd’hui le musée d’art et d’histoire, l’ensemble architectural connaît d’innombrables désordres de structure, malgré plusieurs interventions en urgence au siècle dernier.

À commencer par le cloître d’inspiration mauriste dans un état de délabrement inquiétant. « Il n’est plus aujourd’hui de mise, pour un monument de cette importance et au regard des nombreux touristes qui le visitent, de maintenir les bâches et les tôles de protection. Une nouvelle couverture est donc nécessaire pour redonner tout son éclat à ce beau cloître de style classique », explique la mairie.

Estimée à 852.000 euros, cette première tranche de travaux doit débuter dès cet été. La ville d’Auxerre espère, à l’issue de la souscription publique, récolter près de 100 000 euros de dons et de contributions.

Mais la restauration du site dans sa globalité est d’une tout autre ampleur puisque quelque 22 millions d’euros doivent être mobilisés lors des dix prochaines années pour réhabiliter cet écrin médiéval.

Charpentes, couvertures et garde-corps ajourés de l’église abbatiale appellent, en effet, à être entièrement rénovés, ce qui permettrait, à la fois, d’assurer la pérennité de l’édifice et de faire disparaître ces tôles de fortune placées sur certaines ailes pour dissimuler les défauts d’entretien d’hier. Car la municipalité auxerroise nourrit de grandes ambitions pour ce monument longtemps laissé sous l’éteignoir.

« L’abbaye Saint-Germain doit devenir la locomotive touristique et culturelle de l’Auxerrois », souffle Céline Bähr, l’adjointe au maire chargée du développement durable, de la culture, du patrimoine et de l’enseignement supérieur. « Elle doit pour cela être mieux connectée au reste du centre-ville et reliée aux quais et à la rivière. »

Quartier culturel en cœur de ville

En y implantant sa Cité de la parole et du son, Auxerre entend ainsi renouer le dialogue avec la tradition séculaire de l’abbaye, interrogeant « la place de la parole et du son sous toutes ses formes artistiques ».

Après le festival Parole et paroles qui s’est achevé le 6 mai dernier, le Centre Pompidou va réinvestir les lieux, le 20 juin prochain, avec les installations audiovisuelles et sonores de l’exposition Échos : voyages sonores.

Dans les années à venir, le site et ses cryptes du IXe siècle qui renferment les plus anciennes peintures médiévales de France, aujourd’hui inaccessibles au public, ambitionnent de tripler leur fréquentation touristique pour atteindre 150.000 visiteurs par an.

L’abbaye Saint-Germain se positionnerait alors comme le trait d’union entre les vignobles chablisiens, le château fort de Guédelon et la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay. « Ce site presque intemporel nous oblige à réussir », prévient Crescent Marault, le maire d’Auxerre, qui voit dans la proximité avec l’Île-de-France, l’opportunité d’y développer à l’avenir un quartier culturel et de tourisme d’affaires, tout en créant un nouveau pôle d’attractivité économique. Reste à savoir si les mécènes, entreprises comme particuliers, répondront à l’appel.