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L’Adie ne connaît pas la crise

Entrepreneuriat. Reconnue d’utilité publique, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) a connu un regain d’activité en Bourgogne-Franche-Comté, l’an dernier. Dans l’Yonne, 121 porteurs de projet ont ainsi été soutenus par au moins l’un des dispositifs d’accompagnement.

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Exemple de dispositifs d'accompagnement
Précurseur du microfinancement des créateurs d’entreprise en France, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) déploie, par ailleurs, d’autres dispositifs d’accompagnement comme l’appui à la mobilité. (Crédit : DR)

La volonté d’entreprendre ne devrait être réfrénée par des obstacles financiers ou des conditions de diplôme. L’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) imaginée, il y a plus de 30 ans, par l’économiste Maria Nowak en se fondant sur les enseignements du prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, défend cette idée selon laquelle « chacun peut devenir entrepreneur » et qu’il suffit, parfois, d’un simple « coup de pouce », un microcrédit ou un prêt d’apport en capital par exemple, pour débloquer une situation qui paraissait inextricable.

Alors que l’an dernier, l’association franchissait au niveau national le cap des 25.000 entrepreneurs financés, la délégation de Bourgogne-Franche-Comté enregistrait, elle, une augmentation de 40 % du nombre de porteurs de projets soutenus.

« Lors de la crise sanitaire, de nombreuses personnes ont développé cette envie d’entreprendre et ont pris le temps de réfléchir à leur projet », constate Jean-Yves Germon, directeur territorial adjoint de l’Adie Bourgogne-Franche-Comté, qui rappelle la raison d’être de la structure.

« Nous accompagnons prioritairement des entreprises de taille modeste, quelles que soient leurs activités, qui n’arrivent pas à trouver une solution auprès des banques et sont à la recherche d’un financement. »

Des huit départements de la grande région, le département de l’Yonne est celui qui a connu la plus forte progression de son activité puisque, depuis 2022, 372 personnes ont été accueillies, 130 entreprises ont reçu un financement de leur activité et 60 bénéficiaires ont été accompagnées dans le cadre de l’appui à la mobilité.

« Ce dynamisme s’explique par différents facteurs. Nous avons intensifié nos visites sur le terrain auprès des missions locales et des antennes de Pôle emploi, notamment. Nous avons, par ailleurs, bénéficié d’un dispositif de l’État baptisé « L’inclusion pour le travailleur indépendant ». Enfin, nous avons ouvert, après celle de Sens, une seconde agence à Auxerre afin de mieux couvrir le territoire. »

À travers les différents dispositifs mis en œuvre, ce sont près de 790.000 euros qui ont été investis, l’an dernier, dans l’Yonne. Parmi les bénéficiaires, 62 % percevaient les minima sociaux et 23 % d’entre eux n’ont aucun diplôme. « En moyenne, nous avons accordé un microcrédit de l’ordre de 4.000 euros. »

Le pied à l’étrier

Un financement mesuré, certes, mais qui s’avère souvent décisif, comme le confirme Carole Recouvreur. La jeune chef d’entreprise a bénéficié l’an dernier d’un microcrédit de 2.700 euros pour boucler le financement de RC Déco Fantaisie, une boutique de décoration et de création artisanale.

« Ma conseillère a immédiatement cru en mon projet. Sans emploi ou en intérim, il n’est pas facile de décrocher un crédit et elle a eu un regard positif sur ce que je lui présentais », explique-t-elle. « Au-delà du volet financier, elle m’a apporté un soutien moral de chaque instant et m’a accompagné, par exemple, pour l’obtention de l’assurance entreprise. »

En parallèle, l’Icaunaise a suivi une formation en création d’entreprise avec la CCI de l’Yonne, avant de tester ses produits sur les foires, les marchés et sur son site de commerce en ligne. Essai transformé puisque au début du mois de juillet, Carole Recouvreur va inaugurer un magasin en centre-ville d’Auxerre.

« C’était mon objectif premier. Sans le soutien de l’Adie, je n’en serais pas là aujourd’hui. Cela représente le projet d’une vie », se réjouit-elle. Selon les études statistiques de l’association, le taux de pérennité à trois ans des entreprises individuelles qu’elle a soutenues en 2020 s’élève à 81 % alors que celui de la moyenne nationale dans la même catégorie n’est que de 63 %.