L’aéroport Auxerre-Branches souhaite voir décoller l’aviation d’affaires
Mobilité. Véritable enjeu du développement économique, le transport aérien de point à point pourrait constituer, demain, un levier de croissance décisif pour le territoire, si les décideurs arrivent à le délester d’un certain nombre de blocages tant psychologiques que réglementaires.
Contrairement aux supporters de l’AJ Auxerre, peu de dirigeants d’entreprises savent qu’il est possible de rallier la plupart des grandes capitales européennes au départ de l’aéroport de l’Yonne. Et cela en moins de deux heures. Dans le cadre du renouvellement de la délégation de service public (DSP), le gestionnaire des infrastructures aéroportuaires Edeis entend bien démocratiser le transport aérien de point à point, lors des prochaines années.
« Nous accueillons tous types de trafic sur l’aéroport Auxerre-Branches, aviation civile, militaire et sanitaire », explique Nicolas Bregmestre, le responsable d’exploitation. « L’aviation d’affaires ne représente que 2 % de l’activité mais constitue pourtant un fort potentiel de développement pour la plateforme. » L’enjeu est de taille.
Malgré une relative confidentialité, le recours à l’avion privé représentait, en effet, 49 % du chiffre d’affaires lors du dernier exercice. Il est donc aisé d’imaginer qu’un accroissement, même minime, de l’activité pourrait participer grandement à la revitalisation d’un aéroport à la recherche d’un second souffle et pour lequel le délégataire projette d’investir 1,2 million d’euros avec, notamment, la constitution d’une nouvelle offre de restauration.
Afin d’augmenter le recours à l’aviation privée, Edeis s’est donc engagé aux côtés de Moove, une start-up parisienne qui promet de faire voler en éclats les idées reçues en proposant des solutions inédites au départ des aéroports régionaux. Elle s’attache, pour cela, à accompagner les décideurs économiques dans l’organisation de trajets aériens en « porte-à-porte » grâce, entre autres, à l’affrètement partagé.
« L’aéroport d’Auxerre, grâce aux services de dédouanement et à la qualité de ses installations, s’impose comme un formidable outil au service des chefs d’entreprise et de leurs activités », analyse Antoine Awaida, le directeur technique de Moove. « Notre objectif est de proposer une offre de proximité, accessible, qui permet aux dirigeants de se rendre rapidement en Europe pour leurs voyages professionnels à des coûts compétitifs », tout en limitant leur empreinte carbone grâce à des aéronefs adaptés.
Délivré des contraintes
Si les freins psychologiques liés aux coûts supposés des vols privés ainsi qu’à leur impact environnemental peuvent être levés par des initiatives comme celles de Moove, il n’en reste que l’aéroport Auxerre-Branches reste aujourd’hui limité structurellement dans son expansion. « Actuellement, pour des raisons réglementaires, nous ne disposons que de 1.200 mètres de pistes opérationnelles. Nous sommes donc restreints dans le type d’aéronefs que nous pouvons recevoir », précise Nicolas Bregmestre.
En cause : les obstacles naturels formés par la forêt avoisinante et la réticence de certains riverains. Un dossier sur lequel le président du syndicat mixte de l’aéroport Auxerre-Branches dit avancer avec « sérénité » et « responsabilité ». « Nous travaillons actuellement à un développement cohérent et pertinent pour le territoire qui amènerait à l’allongement de la piste à 1.400 mètres, à l’horizon 2026. Cela nous permettrait d’accueillir une trentaine d’appareils supplémentaires par an », avance Nicolas Briolland.
« Avec son point d’avitaillement et son passage aux frontières, la plateforme aéroportuaire constitue, au nord de la Bourgogne, un atout majeur d’attractivité économique et un avantage indéniable pour les entreprises d’autant que, à l’avenir, nous devrons être en mesure d’accueillir une aviation décarbonée, électrique, voire propulsée à l’hydrogène. » Demain commence maintenant.