Collectivités

L’Auxerrois jette un PAV dans la mare

Gestion des déchets. Malgré la fronde d’une partie de la majorité et l’opposition de plusieurs vice-présidents, la communauté d’agglomération a adopté, à une courte majorité, la fin programmée de la collecte en porte-à-porte.

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À l’occasion du vote sur la nouvelle stratégie de gestion et de valorisation des déchets 2024-2031, un schisme est apparu entre les élus urbains et certains maires ruraux de la communauté d’agglomération de l’Auxerrois. (Crédit : DR)

Harmonisation de la fiscalité, déchetteries nouvelle génération, décarbonation de la flotte de collecte, anticipation de la hausse de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP)… Lors du dernier conseil communautaire, le 28 septembre dernier, la nouvelle stratégie de gestion et de valorisation des déchets 2024-2031 présentée par Lionel Mion, le vice-président de la communauté de l’Auxerrois en charge du dossier et maire de Villeneuve-Saint-Salves, a révélé des dissonances inhabituelles au sein de la majorité du président, Crescent Marault.

En cause : la disparition programmée de la collecte des déchets en porte-à-porte au profit du déploiement progressif de points d’apport volontaire (PAV) sur l’ensemble du territoire. Depuis plusieurs semaines déjà, le sujet alimentait les conversations en coulisses, certains élus redoutant le mécontentement de la population à moins de trois ans des prochaines échéances électorales…

Parmi les détracteurs au projet, l’électron libre de la majorité, le deuxième vice-président chargé des finances, Pascal Henriat, s’est notamment prononcé contre cette réorganisation, tout comme la troisième vice-présidente en charge du numérique, Arminda Guiblain. Le maire de Monéteau - deuxième ville la plus peuplée de l’intercommunalité avec 4.100 habitants - a indiqué suivre l’avis de son conseil municipal, à l’instar de Magloire Siopathis, quatrième vice-président en charge de la mobilité et maire d’Appoigny qui, lui, a annoncé s’abstenir.

Plusieurs maires de communes rurales, pourtant réputés proches de Crescent Marault, comme Gérard Delille (Charbuy), Jean-Luc Bretagne (Gy-L’Évêque) ou Stéphane Antunes (Champs-sur-Yonne), ont exprimé, eux aussi, leur désaccord. À l’issue d’un vote à bulletin secret, la « stratégie déchets » a, néanmoins, été adoptée avec 33 votes favorables sur les 64 conseillers communautaires.

Ces déchets si encombrants…

Au préalable, les services de l’agglomération avaient pourtant rappelé les objectifs édictés, à la fois, par la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) en matière de valorisation des biodéchets, et la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (TECV) enjoignant de réduire de 10 % des déchets ménagers et limitant drastiquement leur enfouissement.

Des objectifs pour lesquels la communauté d’agglomération affiche des résultats peu satisfaisants en raison d’infrastructures de traitement inadaptées. « Notre ambition est de trouver des solutions dans l’intérêt des habitants mais aussi de dégager des marges de manœuvre pour financer notre stratégie. Nous n’avons plus le choix : des mesures vitales doivent être engagées pour transformer ces contraintes en opportunités et accompagner le changement vers des gestes de tri plus performants », expliquait Lionel Mion, se risquant même à avancer que « le PAV, c’est la liberté ! Et leur accès sera illimité, ce qui résoudra les dépôts anarchiques sur l’espace public qui sont la conséquence de l’absence de bacs ». Des arguments que certains élus n’ont, semble-t-il, pas trouvés pertinents, jugeant la nouvelle stratégie trop contraignante ou trop audacieuse.