« L’hypothèse d’une société servicielle et immatérielle est terminée ! »
Yonne. De passage dans l’Yonne le 24 septembre, le fraîchement élu président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté s’est rendu chez Business Alu Masué (Bam) à Joigny.

Quoi de mieux qu’une fonderie septuagénaire intervenant dans des secteurs aussi divers que l’automobile, l’énergie, l’électroménager ou la défense, pour réaffirmer le lien quasi charnel qui unit l’industrie à la grande région ? Après une rencontre avec le président du conseil départemental de l’Yonne, Grégory Dorte, le matin même, Jérôme Durain faisait escale dans la cité maillotine, l’heure du déjeuner passée, répondant ainsi « à l’invitation de [son] collègue Nicolas Soret », afin de découvrir, notamment, la société Bam. Dépolarisation des marchés originels, concurrences asiatiques, financement des investissements, le sénateur socialiste de Saône-et-Loire n’a éludé aucun sujet lors d’un échange qui s’est voulu résolument optimiste mais nécessairement réaliste face à « des ressources financières qui sont quand même comptées ».
« Nous avons la preuve avec cette entreprise qui montre, dans un univers très concurrentiel, avec des droits de douane qui sont défavorables et des pays qui subventionnent leur industrie, qu’il est possible de trouver sa place sur un marché mondial. C’est pareil pour toute la région, pour tous les acteurs économiques. Je souhaite donc tenir un discours positif et j’ai envie d’être le premier ambassadeur de ce qui va bien. » Avant de préciser, néanmoins, qu’il se devait de tenir compte de ce que lui dit disaient « tous les jours, les élus dont les maires » sur la nécessité d’avoir une « région exigeante notamment en matière de transition énergétique et sur un certain nombre d’autres sujets ».
Réindustrialisation des consciences
Bénéficiant d’un « mandat d’une durée de 30 mois » à la suite du passage de témoin orchestré par Marie-Guite Dufay, le nouveau président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté consent, par ailleurs, de la nécessité de faire bouger les lignes. « Nous devons faire évoluer notre méthode de travail, pour qu’elle soit peut-être un peu plus simple, plus fluide, et pour que nos procédures, notamment pour les élus des petites communes, des petites structures qui ont moins d’ingénierie financière, puissent facilement accéder aux aides régionales et répondre à nos demandes. Nous devons apprendre à travailler en équipe - et je veux travailler avec tout lemonde, les élus de toutes sensibilités, de collectivités de toutes tailles - et à modifier un petit peu cettefaçon d’appréhender les dossiers. Est-ce qu’il faut davantage decommunication, de pédagogie ?Oui, je le pense ».
Jérôme Durain a rappelé enfin que l’attractivité territoriale passait aussi par une offre de formation professionnelle performante et ambitieuse, « qui est une compétence de la région. Nous devons donner envie aux jeunes d’aller vers les métiers de l’industrie qui ne les font pas forcément rêver. Il existe pourtant une inflexion du message et de la sensibilité de la population à ce renouveau industriel. Tout le monde a bien compris que l’hypothèse d’une société servicielle et immatérielle, c’est terminé ! Ceux qui nous ont raconté le contraire, il y a 25 ans, nous ont coûté très cher et nous ont fait beaucoup de mal. »