Collectivités

L’UBE debout pour la science

Côte-d’Or. Jeudi 3 avril, l’Université Bourgogne Europe (UBE) organisait, dans le cadre de l’initiative internationale « Stand up for science », un temps d’échange sur les menaces trumpistes pesant sur les sciences, notamment celles en lien avec le changement climatique.

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Photo de James David Vance
Caputure d’écran de la vidéo de l’allocation de James David Vance, vice-président des États-Unis, en 2021, à la Conférence du mouvement « National Conservatism », utilisé par le site Stand Up for Science.

Le mouvement « Stand up for science » a émergé en réponse aux menaces croissantes contre la recherche scientifique, notamment aux États-Unis sous l’administration du Président Donald Trump. Des manifestations et des initiatives ont ainsi eu lieu à travers le monde pour protester contre les coupes budgétaires, les licenciements de scientifiques gouvernementaux et les ingérences politiques dans les processus scientifiques. En région, après une première journée de manifestation le 7 mars à Besançon, avec le soutien de l’Université Marie et Louis Pasteur, un évènement a été organisé le jeudi 3 avril à l’Université Bourgogne Europe (UBE) s’inscrivant dans cette dynamique internationale visant à défendre l’intégrité scientifique et à sensibiliser le public aux enjeux cruciaux de la recherche sur le changement climatique. Baptisée « Changement climatique : sciences et données de la recherche en danger », cette rencontre ouverte au public a mis en lumière l’aspect international de la recherche scientifique et les conséquences mondiales des décisions prises aux États-Unis. Vincent Boudon, directeur de recherche CNRS au laboratoire interdisciplinaire Carnot de Bourgogne, a notamment évoqué le cas des mesures faites en Antarctique de l’Ouest sur la fonte du glacier Thwaites, surnommé le « glacier de l’apocalypse » en raison de sa contribution majeure à la hausse du niveau des océans.

« Ces mesures sont actuellement le fruit du travail des seules équipes américaines présentes sur place. Or leur pérennité sur site est remise en cause par l’administration Trump, ce qui serait une catastrophe, car sans ses précieuses mesures, nous ne serons plus en capacité de prévoir l’effondrement de cet immense glacier, avec toutes les conséquences associées sur le climat ». Yves Richard, professeur des universités à l’UBE a alerté sur le risque de perte en crédibilité des futures études internationales comme celle du Giec si les équipes américaines ne faisaient plus partie de la cohorte de scientifiques contributeurs. De son côté, Benjamin Pohl, directeur de recherche CNRS au laboratoire Biogéosciences, dénonce, outre la suppression de plus de 3.400 jeux de données scientifiques, une reformulation, déjà à l’œuvre pour certaines d’entre-elles, par des algorithmes qu’il juge encore plus critique. Il milite pour un clonage de sites au niveau international et interroge sur la capacité de l’Europe à prendre le relais de la souveraineté des données. Par ailleurs, le licenciement des 1.900 personnels de l’agence d’observation océanique et atmosphérique (Noaa) pose la question de comment reconstituer de telles compétences spécifiques même après le départ de Trump.
Enfin, Vincent Thomas, président de l’UBE est revenu sur le sujet de l’accueil de chercheurs américains au sein de l’UBE : « En l’état actuel des choses, nous n’avons tout simplement pas les fonds nécessaires. Un dialogue a été ouvert entre France Université et le gouvernement pour débloquer une enveloppe spécifique vraiment exceptionnelle pour un accueil au plan national, voire européen ».