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La BFC actrice de la résistance à la désindustrialisation

Territoire. Mercredi 15 mai 2024, à Dole, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC et Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, ont signé une déclaration commune pour la réindustrialisation des territoires.

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Photo de Sébastien Martin et Marie-Guite Dufay
Sébastien Martin, président du Grand Chalon et de l’association Intercommunalités de France et Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté signant la déclaration commune pour un effort de réindustrialisation des territoires. (Crédit : JDP)

La succession des crises qui ont frappé la France a démontré la nécessité d’y maintenir – ou d’y retrouver – une capacité productive souveraine. La réindustrialisation est ainsi devenue une priorité nationale. « Le financement de notre modèle social, l’indépendance de notre pays et la cohésion de nos territoires exigent de rompre avec la longue séquence de désindustrialisation que nous avons connu : division par deux de l’emploi industriel en moins de cinquante ans, destruction de deux million d’emplois sur les 30 dernières années, plaçant la France dans le peloton de queue des pays européens au regard du poids de l’industrie dans son produit intérieur brut », affirme Sébastien Martin, président du Grand Chalon et de l’association Intercommunalités de France.

« C’est pourquoi, dès 2018, Intercommunalités de France initiait la démarche d’un Pacte productif, signé entre les associations d’élus, l’État et les organisations professionnelles. Ce pacte avait notamment débouché, en 2019, sur la première génération du programme Territoires d’industrie, suivi d’une seconde en novembre 2023. Ce programme porté par l’État, les régions et les intercommunalités pour accompagner de manière ascendante les projets locaux des industriels constitue une rupture dans la conception de la politique industrielle de notre pays et a déjà produit des premiers effets positifs pour la réindustrialisation des territoires. Aujourd’hui, nous avons notamment un taux de création d’emplois industriels de nouveau positif ».

Convaincu que l’effort doit être maintenu et même soutenu, bien au-delà des seuls programmes Territoires d’industrie, Intercommunalités de France a lancé un nouveau dispositif liant plus étroitement les régions et les intercommunalités sur le volet du développement économique en vue d’accompagner et de planifier la transformation de l’industrie dans les territoires en s’appuyant sur trois enjeux : la formation, les transitions écologique et numérique. Cet outil prend la forme d’une déclaration commune signée entre les deux collectivités, comme ce fut le cas le 15 mai à Dole pour la région BFC, deuxième de France à parapher un tel pack productif avec Intercommunalités de France.

« Cette déclaration commune expose une méthode innovante pour mettre en œuvre concrètement la politique industrielle régionale, au plus près du terrain et des besoins des industriels. Elle vise l’efficacité et la cohérence, explique Sébastien Martin. Cette méthode repose essentiellement sur le principe de subsidiarité : la région, dans son rôle de stratège et de chef de file, confie à l’intercommunalité, dans son rôle d’autorité organisatrice du développement économique, les responsabilités et la maîtrise d’ouvrage nécessaires à la concrétisation des ambitions régionales. Cette organisation témoigne d’une décentralisation mature et efficiente. Elle permet d’apporter des solutions concrètes et rapides aux entreprises sans renoncer aux objectifs d’intérêt général que sont la cohésion des territoires, la transition écologique et un plein emploi de qualité ».

Une région qui incarne le renouveau industriel

À Dole, Marie-Guite Dufay a souligné dans son discours le déterminisme des décideurs locaux : « J’ai vu ici des chefs d’entreprises et des élus qui montrent une réelle fierté pour notre industrie. Ici, les actes créent de l’emploi de manière bien plus concrète que les nombreux discours sur la réindustrialisation que l’on entend au sommet de l’État et c’est un bonheur ! S’enthousiasme la présidente.

« La Bourgogne Franche-Comté incarne le renouveau industriel et c’est donc logiquement que notre région a été désignée capitale French Tech de l’année 2024. Le gouvernement reconnaissant notamment la richesse de notre écosystème local et la forte collaboration entre acteurs publics et privés. C’est aussi nos écosystèmes hydrogène (sur les territoires d’Auxerre, Dijon, Macon et du Nord Franche-Comté), des biothérapies (à Dijon et Besançon), du nucléaire (en Saône-et-Loire), le tout avec une assise de compétence en métallurgie venant booster l’ensemble de ses filières qui sont plébiscité au niveau national. Nous devons toutefois aller encore plus loin notamment sur les sites clés en main France 2030 récemment dévoilés par le gouvernement qui ne sont qu’au nombre de deux pour notre région (la friche de l’ancienne centrale thermique au charbon baptisée Lucy à Montceau-les-Mines et celle de Nordeon, ancien site Philips, à Chalon-sur-Saône, ndlr) alors même que nous en avions proposé une dizaine. Deux, c’est largement insuffisant. J’ai demandé des explications au préfet de région avec l’objectif de revoir à la hausse le nombre de sites labellisés. Et j’ai reçu de lui, avant de venir ici, un message positif m’annonçant de bonnes nouvelles dans les jours à venir ».

Réindustrialisation et mutations sociétales

Parmi les pistes concrètes sur lesquelles cette déclaration commune pourrait travailler, Intercommunalités de France propose notamment de prévoir, dans le contexte d’objectif de zéro artificialisation nette en 2050, des adaptations qui permettront de concilier le développement industriel des territoires et la préservation des sols, de sanctuariser le foncier industriel, tout en préservant les espaces agricoles et naturels. Sur la question de l’emploi, la densification de la formation en interne est évoquée, ainsi qu’un travail sur la marque employeur pour donner envie aux jeunes de rester. « Il faut convaincre à nouveau les familles de mettre leurs enfants dans les usines », appuie Sébastien Martin, évoquant également la création d’une « académie industrielle dans les territoires pour ramener des compétences en local ».

Sur la table également : l’achat des matières premières localement et la modernisation de l’appareil productif en accélérant le déploiement des technologies de l’industrie 4.0 et de l’IA. « Nous vivons une réindustrialisation qui s’inscrit dans un contexte qui n’est pas seulement nouveau mais qui fait face à des mutations et à des vraies révolutions. Aujourd’hui, la sobriété foncière doit être conciliée avec le développement économique. Il y a de nouvelles exigences sociétales pour faire venir les demandeurs d’emploi dans nos lieux de travail. Rien ne se fera sans la coopération entre puissance publique et privée et entre les territoires. C’est cette coopération, de toutes les forces vives, qui peut amener à construire les réponses nouvelles qui s’imposent à nous. »