La Biennale d’Autun structure le territoire
Saône-et-Loire. En cinq éditions seulement, la Biennale d’Autun, festival international d’art sacré contemporain s’est imposée comme un moteur d’attractivité économique et touristique incontournable qui dynamise durablement le territoire.

En 2015, à la Biennale de Venise, Jérôme Lequime, philosophe, passionné d’éthique et de dialogue interreligieux , s’interroge avec des amis : « Pourquoi aucune oeuvre ne porte-t-elle pas de dimension sacrée ? » Il imagine alors une biennale mêlant art contemporain, spiritualité et patrimoine. Lorsqu’il lance ce qu’il nomme « quelques bouteilles à la mer », des artistes de renom tels que Etel Adnan, Salah Stétié, Leïli Anvar, Maître Goudji, Rachid Koraïchi répondent présents, tout comme plus de cent bénévoles. Un atout renforce ce projet. Si Jérôme Lequime ne dispose pas d’une Cité des Doges, il est autunois. Située à 1h50 de Paris, la cité éduenne, forte de deux mille ans d’histoire compte près d’une cinquantaine de sites inscrits ou classés à l’inventaire des monuments historiques. Un écrin idéal pour un événement à ambition internationale.
Une biennale iconoclaste
En 2017, l’Association des Amis de la Chapelle Notre-Dame des Bonnes OEuvres et des Sept Dormants d’Éphèse (fondée en 2014), lance la première édition de la Biennale d’Autun festival international d’art sacré contemporain. L’ouverture d’une dizaine de lieux emblématiques enthousiasme, mais c’est surtout la programmation audacieuse qui marque les esprits. Peu à peu, au-delà des expositions, rencontres et ateliers, typiques de ce type de rendez-vous artistique, la Biennale propose des spectacles inédits, joués à guichets fermés notamment à la cathédrale (400 places). Ce format hybride, iconoclaste, vivant, humain, mi-biennale mi-festival, unique en France forge son identité. En quatre éditions, elle repose sur un triptyque : « des oeuvres, des lieux, des artistes. » L’événement voit sa fréquentation tripler, accueillant près de 6.000 visiteurs venus admirer 700 oeuvres et rencontrer 150 artistes, issus de 60 pays depuis sa création.
Un rayonnement confirmé
Si la Biennale d’Autun a su s’imposer comme un moteur d’attractivité économique et touristique incontournable et dynamiser véritablement tout le territoire, cette dynamique repose aussi sur un modèle économique équilibré. Côtés subventions publiques : 22% viennent de la ville d’Autun, 5 % de la région, 16 % de l’État et 5 % du département de Saône-et-Loire. À cela s’ajoutent 17% de mécénat, 18 % de billetterie et 17 % de contribution du bénévolat. Côté répartition des dépenses : 21 % sont affectés à la production, 28% à la communication, 21 % aux cachets, 2% à la publicité. Les 28 % restants concernent la logistique, l’hébergement et la restauration, signe que la biennale irrigue concrètement les acteurs économiques du Grand Autunois Morvan.
Alors que la cinquième édition de la Biennale s’apprête à démarrer, l’Office de tourisme du Grand Autunois Morvan (OTGAM), en charge partielle de la billetterie, note une nette progression : 542 places vendues en 2021 contre plus de 1.000 en 2023. Pour Thibault Breuillé, directeur de l’OTGAM, la Biennale attire des touristes spécifiquement intéressés par l’événement et cette dynamique ne cesse de croître. Le magazine Beaux-Arts a d’ailleurs classé l’édition 2025 (du 18 juillet au 10 août) avec 60 artistes, 150 oeuvres, 11 spectacles et 12 lieux en quatrième position des 17 festivals nationaux à ne pas manquer cet été. Une reconnaissance qui confirme la place stratégique de la Biennale dans le paysage culturel.