La délinquance globalement en baisse, mais...
Côte-d’Or. Le préfet Paul Mourier a dressé un bilan du Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien, lancé en début d’année. Si les chiffres attestent une délinquance globalement en baisse, ils restent très préoccupants quant aux violences sexuelles, ainsi qu’aux violences liées au narcotrafic qui inquiètent fortement les élus.

En février 2025 était lancé à Dijon le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ), déclinaison locale de la feuille de route de lutte contre les délinquances, souhaitée par le ministre de l’Intérieur et pilotée dans les départements par les préfets. Six mois plus tard, Paul Mourier, préfet de la Côte-d’Or avec Olivier Caracotch, procureur de la République et les représentants des Forces de l’ordre en ont présenté le bilan, qui fait état d’une situation locale moins dégradée qu’au niveau national : le département se situe en deçà de la moyenne nationale pour les atteintes aux biens (13,02 faits / 1.000 hab en Côte-d’Or vs16,07 en France) comme pour les atteintes volontaires à l’intégrité physique (5,95 contre 7,87 / 1.000 hab). « Ce constat vient confirmer la situation structurelle de la Côte-d’Or avec une délinquance contenue de manière générale », souligne Paul Mourier.
À mi-année, la délinquance est globalement à la baisse avec -3,6 % d’atteinte aux biens localement (contre -1,6 % au niveau national) et stable pour les atteintes volontaires à l’intégrité physique (+4 % au niveau national). Deux indicateurs restent en revanche particulièrement inquiétants : le premier concerne les violences sexuelles, avec une hausse des faits de +20,4 % contre 8,3% au niveau national. Triste illustration de cette tendance, la très récente affaire (août 2025) d’un Dijonnais soupçonné d’avoir fait violer son épouse sous emprise alcoolique.
La lutte contre les violences intrafamiliales est une des priorités du PADRSQ, renforcée avec le lancement le 17 mars dernier par l’expérimentation du Pack nouveau départ (PND) qui permet d’améliorer la coordination de la prise en charge des victimes. « Dans ce cadre, l’État a financé des sessions de formation pour près de 150 professionnels travaillant sur le champ des violences conjugales et notamment les nouveaux partenaires du PND », souligne le préfet.
Le narco-trafic, priorité n°1
Deuxième indicateur, la lutte contre le narcotrafic, priorité n° 1 des PADRSQ. Le bilan à six mois en Côte-d’Or atteste de 1.567 opérations anti-stupéfiants (1.262 en 2024), 308 interpellations (232 en 2024), 15,2 M€ en valeur de marchandises saisies (contre 11,6 M€ en 2024), ainsi que 13 armes à feu et 45 armes blanches. Dans le « Quartier de Reconquête Républicaine » des Grésilles à Dijon, 171 opérations anti-stupéfiants ont été menées en 2025 (contre 133 en 2024). Un Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) y a été créé pour endiguer le trafic. Ces opérations ont abouti à la saisie de 923.809 € de marchandises (contre 255.614 € en 2024) et à l’interpellation de neuf individus.
Si l’impression d’un mécanisme impossible à enrayer demeure - les sommes en jeu étant colossales - l’État et la Justice se refusent à la résignation et soulignent, d’une part, la fermeté face aux consommateurs, « acteurs du trafic » qui font l’objet de poursuites par le biais de procédures judiciaires mais également par la verbalisation sous forme d’amende forfaitaire délictuelle (550 en 2025) ; mais aussi les actions de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes. En 2024, les villes de Dijon et Chenôve ont été retenues dans le cadre d’un appel à projet national sur trois ans de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) sur la thématique de la prévention de la participation des jeunes aux trafics de stupéfiants.

Ces deux projets ont pour but de lutter contre l’attractivité des réseaux criminels en proposant des activités ludiques, créatives ou sportives aux enfants et parents, lutter contre le décrochage scolaire, faciliter la pratique d’activités en dehors du quartier, organiser des chantiers éducatifs ainsi que des séjours éducatifs, favoriser le rapprochement jeunes / habitants / forces de sécurité intérieure. 156 actions de prévention ont également été menées dans des collèges et lycées. Depuis, des moyens supplémentaires ont néanmoins été réclamés (voir ci-dessous) par les maires des deux villes, ébranlées depuis début 2025 par 13 fusillades liées au narcotrafic qui ont occasionné trois morts et 11 blessés.
Le PADRSQ en bref
21 février 2025 : Le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ) de la Côte-d’Or a été lancé le 21 février dernier. Ses axes ont été déterminés grâce à une méthode « associant le plus largement possible les partenaires du continuum de sécurité avec lesquels de nombreuses auditions avaient été menées pour construire le plan d’action : Forces de sécurité intérieure, services et opérateurs de Dijon Métropole, de la ville de Dijon et du conseil départemental, association des maires de France, services de l’État (procureur de la République, administration pénitentiaire, éducation nationale, agence régionale de santé, protection judiciaire de la jeunesse, caisse d’allocations familiales, etc.) et acteurs privés (chambres consulaires, Medef 21, CPME 21, sociétés de sécurité privée, représentants de commerces, etc). Ce travail de fond a conduit à l’identification des trois axes d’action du PADRSQ :
- intensifier la lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants ;
- renforcer le maillage territorial et garantir la sécurité du quotidien ;
- renforcer la coordination entre acteurs du continuum de sécurité.