Collectivités

La FDSEA 21 et les JA 21 mobilisés

Côte-d’Or. La FDSEA 21 et les Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or manifestaient, jeudi 25 septembre, à Dijon. Du fumier a été déversé devant la Maison de l’Europe, symbole de la grogne de la profession qui proteste contre la signature par l’UE du Mercosur et la « surtransposition » des normes.

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Un convoi de plusieurs dizaines de tracteurs a stationné sur les voies de tram, bloquant la circulation entre la place de la République et la place Darcy.

Les agriculteurs de la FDSEA 21 et les Jeunes agriculteurs 21 ont donné à Dijon, jeudi 25 septembre, le coup d’envoi du mouvement qui s’est déployé au national, le lendemain. Plusieurs dizaines de tracteurs ont convergé dans la matinée au centre ville pour stationner le long de la voie de tram entre les places Darcy et République, le long du boulevard de la Trémouille, et du fumier ainsi que des pneus ont été déversés devant la Maison de l’Europe. Car c’est bien l’Union qui cristallise la colère des agriculteurs réunis par les deux syndicats, autour de plusieurs points. Le traité Mercosur, d’abord, cet espace de libre-échange entre l’Europe et plusieurs pays d’Amérique du Sud qui à terme, permettrait l’importation de produits non assujettis aux normes européennes, en particulier sur l’usage des OGM ou de certains pesticides.

Reçus en préfecture

Antoine Duthu (à gauche), président des JA 21 et Antoine Carré (au micro), président de la FDSEA 21

Reçus par le préfet Paul Mourier, les présidents de la FDSEA 21 Antoine Carré et des JA 21 Antoine Duthu ont rappelé au représentant de l’État que la profession attendait de la fermeté de la part de la France, sachant que, a rappelé Paul Mourier, le Président de la République s’est toujours opposé à cette version du Mercosur, qui vient assombrir le deuxième point d’achoppement dénoncé par les manifestants, à savoir la PAC : « PAC, ça veut dire politique agricole commune, a martelé Antoine Carré. Donc, on est censé avoir des normes qui soient identiques partout en France et en Europe. » Dénonçant une surtransposition de ces normes en France, qui impose une agriculture « la plus saine, la plus propre, la plus contrôlée, la plus surveillée, la plus épiée », il s’insurge, dénonçant l’importation « en parallèle, de denrées qui viennent du Brésil et traversent l’Atlantique, ce qui est un désastre en termes d’émission de CO₂. En termes de traçabilité, c’est clairement l’opposé de l’agriculture européenne et de l’agriculture française. Donc ce qu’on a demandé officiellement, c’est peut-être un peu plus de bon sens, un peu plus de souplesse, un peu plus de communication à l’échelon départemental avec notamment la déclaration PAC. »

Troisième motif d’angoisse, les épizooties. Fièvre catarrhale ovine (FCO) hier, dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNC) à nos portes aujourd’hui… « On ne peut pas gérer la DNC comme on a géré la FCO, dénonce Antoine Duthu. Car derrière, on laisse des éleveurs démunis parce qu’il y aura des bêtes abattues et la DNC c’est encore pire parce qu’on parle d’abattage total. C’est une catastrophe. Donc nous avons demandé une stratégie de vaccination nationale. Arrêter d’agir par strate. La maladie est au bord de la Saône-et-Loire. Il y a de moins en moins d’éleveurs ! Entre la prédation, les maladies, comment voulez-vous inciter des jeunes à s’installer ? »

Du fumier a été déversé devant la Maison de l’Europe. Un « symbole » car l’Union cristallise toutes les colères des manifestants.

Concernant le nettoyage de la voirie et le manque à gagner du réseau de tram immobilisé plusieurs heures (la facture s’était élevée à plus de 130.000 € lors de la dernière manifestation des agriculteurs), Antoine Carré a tenu, face au préfet, « à mettre les choses au clair. Si on commence à avoir des coups de pression, à nous menacer avec des factures de nettoyage, c’est compliqué de mobiliser. Déjà, beaucoup d’agriculteurs nous ont dit : “À quoi ça sert ?” Tout le monde est résigné. J’ai dit : “Monsieur le préfet si vous ne voulez plus de manifestations d’agriculteurs, c’est qu’il n’y aura plus d’agriculteurs” », a-t-il conclu, amer.

À noter que le député René Lioret (RN) a apporté, au micro, son soutien aux manifestants. En milieu d’après-midi, du fumier a été également déversé devant les locaux du Bien Public, notre confrère étant accusé d’avoir publié des articles « à charge »...