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La formation professionnelle désormais « colorisée » par les entreprises

Formation. Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, était vendredi 8 septembre au lycée dijonnais Hippolyte-Fontaine avec Marianne Laigneau, présidente d’Enedis, pour lancer les « Écoles des réseaux pour la transition énergétique ».

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Photo de Carole Grandjean et Marianne Laigneau lors de la signature de la convention de partenariat
Carole Grandjean (avec le chemisier fleuri), ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels a échangé avec des élèves du Bac Pro melec (métiers de l’électricité et des environnements connectés) avant de signer avec Marianne Laigneau la convention de partenariat qui acte la naissance des Écoles des réseaux pour la transition énergétique. (Crédit : JDP).

Proposer des formations en adéquation avec les besoins en recrutement du monde économique et accompagner la transition énergétique dans les entreprises : telles seront les missions des « Écoles des réseaux pour la transition énergétique » dont l’acte de baptême a été signé conjointement par Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels et Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis dans les locaux du lycée professionnel Hippolyte Fontaine.

L’établissement accueille en effet depuis cette rentrée 2023 une des premières promotions de ce réseau, via son Bac pro métiers de l’électricité et des environnements connectés dont les contenus pédagogiques ont été, selon l’expression du dispositif, « colorisée » à 30% par les apports des entreprises partenaires. Ce diplôme qui pourrait à terme concerner 40 établissements et « près de 2.000 élèves dès cette rentrée scolaire » a été pensé en liaison avec les besoins en recrutement de la filière qui se restructure pour répondre aux enjeux de la transition énergétique.

Interrogée sur le montant des financements consentis par les entreprises partenaires du dispositif, Marianne Laigneau n’a pas avancé de chiffres, mais a souligné que les entreprises « investissent plus globalement dans la transition écologique et énergétique par les réseaux électriques qui raccordent et connectent les nouveaux usages de l’électricité, par la production décarbonée, par la voiture électrique, les pompes à chaleur. Elles investissent aussi dans la formation et l’accueil de nouveaux salariés puisque chaque année, elles ont besoin de plus de 8.000 recrutements » mais aussi via les stages et le mentorat qui va désormais aller de pair avec cette formation professionnelle revue et corrigée.

Une réforme contestée

La formation « colorisée » s’inscrit en effet dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle détaillée le 4 mai dernier par le président Macron, qui favorise une porosité accrue entre les établissements et les entreprises. Une réforme nécessaire selon la ministre Carole Grandjean.

« La formation professionnelle représente un tiers des lycéens scolarisés. Mais trop souvent ces jeunes sont orientés là de manière subie et le lycée ouvre trop peu de perspectives professionnelles. Il s’agit pour nous de transformer ce lycée professionnel pour que la réalité de ces jeunes tende vers 0% de décrochage et 100% d’insertion professionnelle. » Une réforme contestée par les syndicats professionnels dont une délégation intersyndicale, postée devant le lycée, a été reçue par un conseiller de la ministre.

« Le dialogue est courtois, mais on sent qu’il est sur la défensive, a expliqué Fabian Clément (FSU), au nom de l’intersyndicale. L’adéquation entre les places et les types de formation et les besoins du bassin d’emploi c’est une fausse bonne idée... comme on dit en intersyndicale “ chair à canon, chair à patron ” : faire croire que des jeunes de 14 ans vont être bien formés parce qu’ils vont en entreprise alors que celles-ci ne sont pas préparées à accueillir des jeunes, c’est complètement illusoire ».