La microbiologie régionale en lumière
Recherche. Baptisé Harmi, le projet porté par l’Université de Bourgogne Franche-Comté (UBFC) fait partie des 15 lauréats de l’appel à projets national ExcellencES.
Le 9 juin 2021, l’Université de Bourgogne Franche-Comté (UBFC) perdait le label I-Site (Initiatives science, innovation, territoires et économie), obtenu en 2016 et avec lui l’accompagnement financier de dix millions d’euros par an. Un énorme coup dur pour les communautés de l’enseignement supérieur et de la recherche régionales. Toutefois, Dominique Grevey, président de l’UBFC, nous avait confié dans une interview accordée au Journal du Palais, qu’au-delà de l’immense déception, l’UBFC était déjà en ordre de marche, prête à jouer des coudes pour remporter de nouvelles victoires. Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que cet optimisme conquérant porte ses fruits.
La semaine dernière, l’UBFC remportait ainsi l’appel à projets national « ExcellenceS », riche d’une enveloppe de 14 millions d’euros, pour son projet. Baptisé Harmi, acronyme anglais de « Harnessing microbiomes for sustainable development » - littéralement « exploiter les microbiomes pour le développement durable ». Voulu comme un centre scientifique d’excellence international, Harmi rassemble plus de 250 chercheurs issus de laboratoires universitaires d’UBFC (plus particulièrement de l’université de Bourgogne, de l’université de Franche-Comté et d’Agrosup Dijon), des organismes nationaux de recherche avec Inrae et le CNRS, et des CHU de Besançon et de Dijon ainsi que des entreprises locales.
Créer des ponts solides entre formation, recherche et industrie
Coordonné par Laurent Philippot, microbiologiste et directeur de Recherche Inrae au sein du laboratoire « Agroécologie », Harmi doit permettre de mieux comprendre les microbes et leurs interactions avec d’autres organismes vivants et de mieux les utiliser pour faire face aux problématiques mondiales actuelles. En effet, les microbes constituent la forme première et prédominante de vie sur Terre. De par leur implication dans de très nombreux processus biologiques et environnementaux, les microbes participent à la constitution et au fonctionnement de tous nos écosystèmes et de leurs composantes (sols, milieux aquatiques et zones humides, corps humains et animaux, etc.).
« Le projet ambitionne également de générer des retombées socio-économiques directes et positives sur le territoire de Bourgogne Franche-Comté »
Ainsi, ils jouent un rôle clé dans la disponibilité des éléments nutritifs pour les végétaux, dans la transformation et la conservation des aliments (par exemple, lors de la fermentation : bière, yaourts, vin, charcuterie, fromages etc.), dans la santé humaine (certains microbes sont pathogènes pour l’homme et peuvent résister à la plupart des antibiotiques pour donner des infections très difficiles à traiter) et animale mais aussi dans la biodégradation ou décontamination de toutes sortes de contaminants issus d’activités industrielles, domestiques, agricoles, pharmaceutiques (hydrocarbures, métaux lourds, pesticides etc.). Ils contribuent également aux émissions de gaz à effet de serre, tout en pouvant intervenir dans leur atténuation.
Les microbes sont des agents essentiels à la santé planétaire et aussi et surtout, à sa durabilité. De l’écologie à la science des sols, en passant par la médecine, la génétique et la paléontologie, le projet couvre un large panel de domaines scientifiques. « Au-delà de cette pluridisciplinarité, et en accord avec les missions de l’UBFC, se trouve la volonté de porter l’impact de la recherche universitaire à un niveau supérieur via la création de ponts solides entre formation, recherche et industrie. Le projet ambitionne également de générer des retombées socio-économiques directes et positives sur le territoire de Bourgogne Franche-Comté, en développant son attractivité et en positionnant la région au rang d’experte dans des domaines de pointe comme celui promu par Harmi », précise Dominique Grevey.