Collectivités

La prison travaille à la réinsertion

Bourgogne Franche-Comté. La convention de partenariat entre la région BFC et la direction interrégionale des services pénitentiaires 21 a été renouvelée le mardi 4 juin, pour une durée de cinq ans. Cette convention encadre les dispositifs de formation professionnelle des personnes sous main de justice dans les maisons d’arrêt et les deux établissements pour peine en BFC.

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  • Photo d'Isabelle Liron, Guillaume Piney
    Isabelle Liron, vice-présidente du conseil régional en charge notamment de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi et Guillaume Piney, directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon ont signé le renouvellement de la convention entre les deux entités qui formalise les dispositifs de formation au sein des établissements pénitentiaires de la région BFC. (Crédit : JDP)
  • Photo d'une prison
    La formation professionnelle, le travail pénitentiaire comme les remises à niveau (dispositif CléA) permettent aux personnes sous main de justice d’échapper pour quelques heures par jour au quotidien de la prison et a pour ambition d’augmenter leurs chances à la sortie. « Ça montre qu’on est dans la réinsertion », témoigne une jeune femme qui a bénéficié d’un CléA. (Crédit : JDP)

Mardi 4 juin a vu le renouvellement pour cinq ans de la convention qui lie la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DSIP) de Dijon à la région BFC dont l’objet est de formaliser les dispositifs de formation professionnelle au sein des établissements pénitentiaires (les huit maisons d’arrêt et les deux établissements pour peine) que compte la région. La BFC y consacre en 2024 un peu plus d’1M€ dont 250.000 € pour la rémunération des personnes sous main de justice : chaque heure de formation professionnelle comme de travail pénitentiaire est en effet rémunérée, sachant qu’une partie de cette rémunération est utilisée pour l’indemnisation des victimes.

Ces formations dispensées sont en lien étroit avec les besoins du territoire (métiers du bâtiment, de la restauration, de la propreté et de l’hygiène...), afin de répondre à plusieurs enjeux, comme l’a précisé Guillaume Piney, directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon : « ces dispositifs préservent de la réitération de comportements nocifs à la société (prévention de la récidive, ndlr) ; ce sont des temps de prise de conscience et pas de délitement et de régression », en plus qu’ils visent à la réinsertion, en augmentant l’employabilité des personnes en sortie de détention.

Les formations, mixtes, se font en milieu carcéral, où ont été installés les indispensables plateaux techniques financés, eux, par l’administration pénitentiaire. Pour Isabelle Liron, vice-présidente régionale en charge notamment des formations professionnelles hors lycées qui a cosigné la convention au nom de la région BFC, « si le travail en contexte fermé est plus compliqué, la formation sur des métiers en tension et porteurs est de bon augure pour la sortie ». C’est aussi l’espoir qu’ont les stagiaires des différents dispositifs, ainsi qu’ils ont pu en témoigner (lire ci-contre).

Regagner la société

L’administration pénitentiaire avait prévu une visite des locaux dédiés à la formation, notamment l’atelier de peinture. Succession de sas, de portes métalliques soigneusement refermées, tintement de clefs... La prison est un lieu continuellement sonore mais aussi brutalement visuel, comme en témoigne la fresque composée par des détenus, des mots entremêlés qui ornent le couloir menant aux ateliers : « terreur », « colère », peut-on notamment lire.

Photo d'Isabelle Liron avec Jérôme Chareyron
Isabelle Liron avec Jérôme Chareyron, directeur de la maison d’arrêt de Dijon depuis début 2024. (Crédit : JDP)

Normal, peut-on imaginer, dans un lieu où la privation de liberté se double d’une surpopulation carcérale qui s’établit à 180% de « taux d’encombrement », comme l’explique le directeur de la maison d’arrêt de Dijon qui insiste sur l’importance des dispositifs de formation professionnelle à l’intérieur de la prison : « Il y a une forte demande de ces formations comme du travail pénitentiaire que l’on ne peut pas toujours satisfaire. Mais le positif, c’est que 50% des gens formés sur des Titre IV (actuel niveau bac pro, ndlr) trouve du travail à la sortie. Il y a aussi une vraie fierté personnelle des gens de terrain qui viennent enseigner ici, souvent d’anciens artisans, ainsi que du personnel pénitentiaire de s’impliquer dans ces formations. Notre but, c’est de faire avancer les personnes, pas de les faire revenir ! »