Collectivités

La Puisaye-Forterre entend enfin valoriser ses ressources bocagères

Transition énergétique. Engagée dans la démarche Territoire à énergie positive (Tepos), la communauté de communes a porté la création de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) La Charbonnette qui vise à alimenter, localement, les chaufferies biomasse en bois déchiqueté.

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Photo des haies de Puisaye
Cloisonnant les prés ou les champs de culture, les haies de Puisaye - appelées parfois « bouchures » - bouillonnent de biodiversité. Leur entretien raisonné devrait alimenter en partie, la chaufferie du futur centre aquatique de Puisaye-Forterre via la Scic La Charbonnette. (Crédit : Stéphane Bourdier)

Dans la Puisaye historique, les haies confèrent au paysage un air de bocage comme nul autre endroit en Bourgogne. En 2015, la Station de recherche pluridisciplinaire des Metz (SRPM) - association d’études et de ressources sur la biodiversité locale - et l’école AgroParisTech livraient un diagnostic sur la valorisation de la filière bocagère des plus encourageants et sur son potentiel en bois-énergie. « À la suite d’une réflexion menée pendant près de 10 ans, nous avons abouti au constat qu’il était nécessaire de consolider la demande pour soutenir l’offre et que l’entretien des haies devienne un produit et non plus une charge pour les agriculteurs », souligne Jean Macé. Au printemps 2021, à l’initiative de la communauté de communes de Puisaye-Forterre, la Scic La Charbonnette était créée, fédérant notamment la SRPM, l’établissement d’aide par le travail (Esat) Epnak ainsi que plusieurs exploitants agricoles. Son but : porter l’investissement des chaufferies biomasse, piloter la réalisation des travaux et exploiter les réseaux de chaleur en les approvisionnant.

« Plus de 30 % des ressources seront ainsi issues des bois cueillis dans les haies qui se régénéreront naturellement au fil du temps. Le reste proviendra des arbres non valorisés ou de faible valeur, tels que l’aulne ou le bouleau, prélevés dans les forêts de Puisaye et de Forterre dans le cadre de leur nécessaire régulation », explique le président de la structure, par ailleurs maire de Saints-en-Puisaye. La production annuelle en bois déchiqueté devrait osciller, dès 2025, entre 6 000 et 12 000 tonnes, en fonction de la demande en combustible des futures chaufferies publiques et privées. Quant à la ressource locale, elle paraît, elle, intarissable puisque la forêt couvre près d’un quart du territoire - soit 430 kilomètres carrés environ - à laquelle il convient d’ajouter ce fameux « linéaire bocager » si caractéristique, doté de 1 000 vertus.

Une chaufferie alimentée dès le printemps prochain

Il y a quelques semaines, le conseil régional de Bourgogne Franche-Comté allouait une aide financière de quelque 300 000 euros à la structure pour implanter une première chaufferie biomasse dans le périmètre de l’intercommunalité, celle du futur centre aquatique de Puisaye-Forterre de Toucy, dont l’ouverture est espérée l’été prochain. « La Scic La Charbonnette la fournira en bois déchiqueté pour la production de chauffage des bâtiments et de l’eau des bassins. Plusieurs communes projettent d’installer une chaufferie biomasse. Certaines collectivités réfléchissent à nous emboîter le pas et pourraient à l’avenir s’approvisionner chez nous… Tout cela demande évidemment du temps et des moyens financiers. » Dans un territoire à caractère rural, la transition énergétique se heurte, plus qu’ailleurs, à sa capacité à mobiliser des financements croisés et, parfois, à l’inertie du personnel politique en place. Alors le « bois de bouchures », futur or vert de Puisaye-Forterre ? Réponse dans 10 ans, peut-être…