La ruche renait de ses cendres
Yonne. Deux ans après l’incendie qui avait ravagé le chantier du futur centre social des Champs-plaisants durant les émeutes de 2023, la ville de Sens ouvre La Ruche, un équipement élargi et modernisé, conçu pour devenir le nouveau pôle de vie du quartier.
Après la mort de Nahel Merzouk en juin 2023, deux nuits d’émeutes avaient secoué la France. Sens n’a pas été épargnée par ces dernières qui ont ravagé plusieurs commerces et un bâtiment en construction. C’est lors de la deuxième soirée, vers 4h du matin, que le chantier du futur centre social du quartier des Champs-plaisants brûlait.
Le matin, le constat est sans appel, les flammes ont décimé les travaux en cours. Jugé irrattrapable, le chantier prend fin après que la mairie ait investit 3,5 M€ dans ce centre. La ville repart donc à zéro et ce n’est qu’un an après que le sujet revient sur le devant de la scène.
Le projet passe en conseil municipal en juin 2024, une nouvelle parcelle est donc choisie pour accueillir un tout nouveau bâtiment. La ville de Sens s’est donc positionnée sur un terrain de plus de 2.000 m2 à quelques dizaines de mètres du chantier sinistré. Une fois fixé sur le terrain, la municipalité a tranché pour l’entreprise en charge des travaux. « Nous avons eu trois candidats et nous avons retenu OBM », se remémore Michel Grass, adjoint au maire, délégué à l’urbanisme et aux grands projets. La société a pris le parti de ne pas construire tout le bâtiment sur place : « C’est un bâtiment en partie préfabriqué en usine et pour autant, ce n’est pas un modulaire de type Algeco, bien au contraire ». Un choix qui explique en partie la rapidité du chantier : les 1.500 m2 ont été construits en l’espace de sept mois - d’avril à novembre 2025.
Un équipement élargi
C’est donc le 17 novembre, que « La Ruche », a ouvert ses portes : « Nous avons décidé de travailler un projet qui regrouperait la bibliothèque, le centre social, le relais petite enfance et une crèche », annonce Michel Grass. Le bâtiment, organisé autour d’un hall d’accueil commun, accueille 25 agents qui travaillent auprès des familles, des enfants et des habitants du quartier : « Tous les habitants qui ont des projets pourront pousser la porte de la Ruche et être accompagnés », souligne Cassandre Gatepaille, directrice du pôle famille et cohésion sociale.
Avec ses espaces mutualisés - salle d’animation, ludothèque, coin lecture, accueil unique - la Ruche devient un pôle de vie de proximité : « Chaque espace a été optimisé pour éviter les mètres carrés inutiles », rappelle l’élu Michel Grass. Au rez-de-chaussée, la nouvelle crèche offre désormais 23 berceaux, soit quatre de plus que l’ancienne structure du quartier. Le relais Petite Enfance sert de point d’information pour les familles et de lieu de rencontre pour les assistantes maternelles qui peuvent y partager des temps d’échange et de professionnalisation.
À cela s’ajoute une médiathèque repensée, mêlant lectures, espace manga, jeux de société et jeux vidéo : « C’est un véritable lieu de vie que nous avons voulu ouvrir ici », résume Cassandre Gatepaille. Cette reconstruction avait aussi pour enjeu de réparer le traumatisme financier laissé par l’incendie de 2023. À l’époque, les travaux déjà réalisés avaient coûté 3,5 M€, intégralement perdus. Le nouveau bâtiment représente un investissement de 6,2 M€, financé à 80 % par des subventions : « On a travaillé avec la CAF, l’ANRU, la DRAC et l’État pour rééquilibrer le projet. Même si on ne récupérera jamais les 3,5M perdus, on a construit un équipement qui convient à tout le monde », conclut Cassandre Gatepaille..