Le Centre Pompidou prend ses quartiers d’été à Saint-Germain
Culture. Inauguré l’an dernier, le partenariat entre l’institution parisienne et l’abbaye auxerroise a été reconduit, avec l’exposition Échos : voyage sonore et traduit la volonté de la ville de donner une résonance à ce lieu emblématique.
Des installations audiovisuelles et sonores « ayant profondément influencé l’art contemporain depuis 50 ans par l’expérimentation de la répétition » au cœur d’un haut lieu de la spiritualité du Moyen-Âge. Après un premier galop d’essai l’an dernier, le Centre Pompidou et la ville d’Auxerre ont renouvelé leur collaboration avec le prêt de 10 œuvres iconiques, dont Silent Echoes : Notre-Dame (2022) de l’artiste américain, Bill Fontana, qui « rend perceptible les vibrations permanentes des dix cloches de la plus célèbre des cathédrales ».
Le pionnier de la musique expérimentale était d’ailleurs présent lors de l’inauguration, vendredi dernier, aux côtés du président du Centre Pompidou, Laurent Le Bon, et du commissaire de l’exposition Philippe Bettinelli. Une manière de souligner l’importance de cette démarche partenariale amenée à se poursuivre sur le long terme.
« Cette exposition est la prolongation de notre première aventure, c’est-à-dire un dialogue avec un monument historique majeur. Mais je crois, sous une forme plus pointue, plus exigeante, plus précise. On est moins dans la logique du chef-d’œuvre qu’on déplace d’une ville à une autre. On est plus dans un moment où les salles sont respectées et on travaille dans la ligne que souhaite la ville d’Auxerre qui est de dédier ce monument à la parole », a expliqué Laurent Le Bon, rappelant que Centre national d’art et de la culture Georges-Pompidou avait pour vocation de présenter ses collections « à tous et partout » et qu’il était le premier prêteur d’œuvres dans le Monde avec certaines années près de 10.000 œuvres prêtées délocalisées.
En 2024, le Centre Pompidou doit, d’ailleurs, entrer dans une phase de restauration et de régénération du projet qui va s’étendre sur plusieurs années, éloignant ainsi les amateurs d’art contemporain du quartier du Marais.
Révéler la contemporanéité de l’édifice
Après être tombée dans une certaine forme d’oubli, l’abbaye Saint-Germain réapparaît, peu à peu, dans le circuit culturel et touristique du territoire. Au printemps, déjà, le festival Parole, Paroles posait la première pierre de ce qui, demain, devrait devenir une Cité de la parole et du son de premier ordre, et marquait la volonté de la ville d’Auxerre d’insuffler une nouvelle dynamique à l’abbaye bénédictine, élevée au Ve siècle sur le tombeau de Germain l’Auxerrois. Fin mai, une souscription inédite, lancée en partenariat avec la Fondation du patrimoine, confirmait cette ambition - l’ensemble du site nécessitant quelque 22 millions d’euros de travaux pour sa réhabilitation.
« Nous avons la chance d’avoir un tel patrimoine architectural sur notre territoire dans un environnement incroyable, avec la rivière, le centre historique et le Clos de la Chaînette à proximité. Nous avons développé une stratégie pour faire de ce site de plusieurs hectares, demain, une locomotive touristique et économique », s’enthousiasme Crescent Marault, le maire d’Auxerre. « L’abbaye Saint-Germain doit devenir une référence culturelle, artistique et muséale, un atout pour l’ensemble du département ainsi qu’une véritable fierté pour la ville. »