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« Le gouvernement doit réaffirmer sa volonté de réindustrialiser »

Saône-et-Loire. Érigée en exemple de la réindustrialisation, la zone SaôneOr du Grand Chalon fait face aujourd’hui au contexte géopolitique : délai de vote du budget, élection de Donald Trump, guerre en Ukraine. Malgré cela, le président du Grand Chalon, Sébastien Martin, met en avant les atouts de son territoire.

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Depuis son lancement en 2014 sur l’ancien site Kodak et Nordeon, puis sa labellisation Territoire d’industrie en 2018, la zone SaôneOr a régulièrement fait l’annonce de nouvelles installations d’entreprises et d’industries. En dix ans, la zone d’aménagement « clé en main France 2030 » a attiré 360 entreprises et créé 6.450 emplois sur les 100 hectares dédiés à la réindustrialisation, grande cause nationale, mais aussi grande bataille du président du Grand Chalon, Sébastien Martin, également président des Intercommunalités de France. D’ici 2026, huit usines devraient sortir de terre et engendrer la création de 2.000 emplois supplémentaires dans l’industrie. L’annonce du Président de la République quant à l’implantation en Bourgogne d’un datacenter place le Grand Chalon en tête des territoires ad hoc pour l’y accueillir, à condition bien sûr que le coup d’arrêt de la réindustrialisation ne vienne pas contrecarrer les plans. Car, pour Sébastien Martin, le constat est à la fois clair et inquiétant : « Depuis juillet et la dissolution de l’Assemblée nationale, il n’y a plus aucun projet pour l’installation de nouvelles entreprises. Le téléphone ne sonne plus ». En cause, l’instabilité politique française depuis juillet 2024 mais surtout l’absence de budget pendant huit mois : « Il n’y a rien de pire ».

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Officialisation de l’arrivée de Rikksen (filiale du leader de l’étanchéité Soprema).(Crédit : Rikksen)

Alors quelles solutions ? Pour le président du Grand Chalon, rien ne justifie que son territoire ne soit plus attractif, mais : « il faut rassurer les investisseurs ! Le gouvernement doit réaffirmer sa volonté de réindustrialiser, montrer qu’il y croit ». Car Chalon y croit : Vicky Foods, Atlantic, Rikksen, Aerometal, autant d’usines qui, depuis deux ans, ont posé leur première pierre ou inauguré leurs premières lignes de production : « Nous avons tous les atouts en termes de compétences, de structure et de volonté politique ». Une plus-value non négligeable, Framatome : 2.800 collaborateurs, 400 recrutements à réaliser, et une filière nucléaire d’excellence qui pourrait être liée au nucléaire militaire, au lendemain de l’annonce par la Commission européenne d’un crédit de 800 Mds € pour le réarmement de l’Europe confrontée aux conséquences de la guerre en Ukraine : « La relance du nucléaire n’est plus un débat mais une exigence méthodologique et politique. Il s’agit désormais d’avancer ensemble et de se coordonner à tous les niveaux avec méthode et efficacité. Les collectivités locales ont un rôle clé à jouer. Au plus près des besoins en formation, des enjeux d’infrastructures, des attentes des citoyens, elles peuvent faciliter l’implantation d’entreprises sous-traitantes, l’adaptation des bassins d’emploi, la mise en place des services publics

Pose de la première pierre de l’usine agrocalimentaire Vicky Food.(Crédits : JDP)

nécessaires à l’accueil des nouveaux travailleurs. Leur mobilisation doit être pleinement intégrée à la stratégie nationale pour éviter les lourdeurs administratives et les pertes de temps inutiles », précise-t-il dans une tribune adressée à la presse.
Si SaôneOr possède encore 12 hectares à commercialiser, le Grand Chalon va continuer de développer son activité avec la création de cinq à six cellules artisanales sur une superficie de 1.000 m2 destinées à des PME. Quant au DataCenter destiné à booster le développement de l’IA en France, Sébastien Martin confié : « J’ai eu des contacts, mais c’est toujours en discussion ». Le lieu d’implantation devrait être connu au mois de mai prochain, si toutefois le contexte international ne vient pas tout bouleverser : « L’augmentation des droits de douane inquiète les entreprises. Quelqu’un qui veut déstabiliser le monde, ce n’est pas mieux qu’une dissolution et l’absence de budget pour le pays. »

Pose de la première pierre de la société CMPHY (analyse et contrôles non destructifs)(Crédits : Grand Chalon)