Le Grand Auxerrois vers une mutuelle commune
Yonne. Ce projet de mutuelle accessible à tous entend lutter contre le renoncement aux soins, en mutualisant les forces pour négocier des tarifs plus avantageux.

Si 96 % des Français disposent aujourd’hui d’une complémentaire santé, plus de trois millions en sont encore privés. Dans l’Yonne, cela représente entre 13.000 et 15.000 personnes, selon les estimations. Une fracture invisible, qui touche particulièrement les jeunes, les retraités, les demandeurs d’emploi et les familles aux revenus modestes. « Il y a des habitants qui renoncent à se soigner uniquement parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer une mutuelle. C’est inacceptable », dénonce Maryline Saint-Antonin, adjointe à la santé de la ville d’Auxerre.
Pour cette dernière, cette situation est d’autant plus préoccupante que les inégalités sont aggravées par les déserts médicaux et les difficultés d’accès aux professionnels de santé. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée d’une mutuelle intercommunale, portée dans le cadre du Contrat local de santé signé en 2023, avec l’Agence régionale de santé Bourgogne Franche-Comté et plusieurs partenaires publics. L’objectif est clair : proposer une mutuelle négociée à un tarif accessible, conçue en fonction des besoins du territoire.
Des tarifs négociés
« L’ambition, c’est de construire une mutuelle utile, équitable et concrète, qui réponde vraiment à la réalité de vie de nos habitants », insiste Maryline Saint-Antonin. Dans un contexte de hausse continue du coût de la santé, cette mutuelle intercommunale entend jouer un rôle de levier économique pour les habitants.
En regroupant les besoins de plusieurs territoires – l’Auxerrois, l’Aillantais et le Chablisien – les collectivités espèrent obtenir des conditions tarifaires plus avantageuses que celles accessible à un individu seul. Le principe : mutualiser la négociation avec les organismes de complémentaire santé afin de bâtir une offre solidaire, accessible, et surtout ajustée aux réalités locales. Les garanties couvriront les besoins essentiels (optique, dentaire, hospitalisation), mais pourront aussi inclure des services spécifiques comme l’accompagnement à domicile ou les soins de longue durée, souvent hors de portée pour les plus fragiles.
Avant de finaliser l’appel à projets, les intercommunalités misent sur une démarche participative. Deux réunions publiques ont été organisées les 24 et 25 juin à Auxerre et à Venoy pour recueillir les attentes des habitants. Un cabinet de conseil a accompagné les échanges pour traduire les besoins exprimés en cahier des charges opérationnel. D’autres réunions de ce type verront le jour jusqu’au lancement du projet qui devrait avoir lieu dès le début de l’année prochaine.