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Le Saint-Jacques de demain dévoilé

Doubs. Le futur aménagement du quartier Saint-Jacques Arsenal à Besançon prend forme. Les premières esquisses de l’agence TER (Société publique locale Territoire 25) ont été dévoilées lors du conseil municipal de juin.

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  • Vue de synthèse du projet
    Vue de synthèse du projet. (Crédits : Agence Ter/ Cabinet d’architectes Pascale Guédot/Vinci construction)
  • Vue de synthèse du projet
    Vue de synthèse du projet. (Crédits : Agence Ter/ Cabinet d’architectes Pascale Guédot/Vinci construction)

Ce vaste chantier urbain qui s’étend sur près de 6 ha, soit 6 % du centre-ville historique - l’un des plus importants de France dans le centre d’une grande ville - prendra environ dix ans. Pour rappel, celui-ci découle du projet de l’ancienne mandature de Cité des savoirs et de l’innovation, remis à plat par l’équipe d’Anne Vignot, présidente de Grand Besançon Métropole (BGM) et maire de la ville, suite à la rupture du compromis de vente, en octobre 2021, entre le CHRU et la société immobilière Vinci à qui la Cité avait été confiée.

Seule la construction de la Grande Bibliothèque (BUBA) de 15.000 m² avait alors été confirmée dès 2019, par l’achat des terrains au CHRU par GBM et la ville. Le mardi 15 novembre 2022, la municipalité annonçait alors la reprise en main du dossier dans le cadre de sa compétence en urbanisme et l’attribution d’une concession d’aménagement, d’une durée de dix ans, à l’agence TER. « Il s’agit de redonner vie à un quartier en entrée du coeur historique de la ville qui était en train de s’éteindre. C’est un lieu chargé d’histoire qui va s’ouvrir à de nouveaux enjeux, que l’on n’avait pas forcément en 2012 au moment de l’élaboration du premier projet. Nous avons aujourd’hui la chance de repartir d’une feuille blanche, d’être laboratoire pour construire la ville de demain », avait alors déclaré l’édile.

Une part importante de logements sociaux

La ville de Besançon a ensuite acté lors du conseil municipal du 8 décembre le lancement de l’opération publique d’aménagement urbain du quartier Saint-Jacques Arsenal, charge ensuite à l’agence TER de se porter acquéreur du foncier auprès du CHRU pour 14 M€ (somme identique à l’ancien compromis de vente). Chose faite le 7 mars de cette année avec la signature définitive de l’acte de vente du foncier du site Saint-Jacques/Arsenal entre le CHRU de Besançon et l’agence TER au titre de la ville de Besançon, et le transfert des espaces patrimoniaux entre le CHU et la ville.

Cette vente est une étape importante pour le CHRU, marquant l’aboutissement du projet de réunion de l’ensemble de ses services sur le site de l’hôpital Jean-Minjoz, dans le quartier des Hauts-du-Chazal au coeur de Temis santé. D’ici à 2026, les dernières activités médicales encore présentes sur Saint-Jacques (essentiellement pédiatrique et d’enseignement de masseur-kinésithérapeute) auront déménagé. Le fruit de la vente permettra également de financer une part du futur bâtiment du pôle de psychiatrie.

  • Vue de la future grande bibliothèque
    Vue de la future grande bibliothèque. (Crédits : Agence Ter/ Cabinet d’architectes Pascale Guédot/Vinci construction)
  • Vue par drone de la déconstruction du vaste ensemble hospitalier
    Vue par drone de la déconstruction du vaste ensemble hospitalier. (Crédits : Agence Ter/ Cabinet d’architectes Pascale Guédot/Vinci construction)

Le projet porté par GBM est résolument pensé en prenant en compte les impératifs sociaux : « Le programme prévoit 50.000 m² de bâtiments neufs et patrimoniaux (plus de 800 logements, dont 200 pour les étudiants) et nous porterons la part de mixité sociale au-delà des 10 % initialement prévus. L’objectif prioritaire est de faire venir les familles. Nous avons besoin d’une ville avec des familles. Même si une part d’activité économique - pourquoi pas artisanale (l’installation de 1.700 m² de commerces est prévue, ndlr) - reste nécessaire, il s’agit avant tout de créer un quartier de vie parfaitement pensé en connexion avec l’ensemble de la ville : il y a là un véritable travail de couture architecturale à réaliser ».

L’enjeu appelle également une démarche intégrant les objectifs de la transition écologique et du développement durable. Outre la plantation de 350 arbres et un immense espace nature de 3 ha, des études complémentaires concernant le stationnement et la réalisation du futur réseau de chauffage urbain sur le secteur Saint-Jacques Arsenal seront réalisées en priorité.

Environnement, bibliothèque et immense chantier

Ainsi, d’un site dédié à la santé, la ville souhaite aménager un quartier « ouvert, animé, propice à de nouvelles formes urbaines : un nouveau quartier central de la ville. En ce sens, la question du devenir de l’Arsenal comme lieu de vie innovant, rendu vivant par des associations comme Hop Hop Hop ! est également posée. Cette animation qui y est créée, est-ce qu’elle se transforme, est-ce qu’elle s’intègre au projet, est-ce qu’elle se déplace ? Nous allons en discuter », affirme Anne Vignot.

La future grande bibliothèque (85 M€), dont les premiers coups de pelle ont commencé cette année, ouvrira au public début 2027. Elle proposera 1.500 places assises, 660.000 livres et documents. Ce projet, porté par GBM et l’Université de Franche-Comté, constituera un pôle majeur d’étude et de recherche, de diffusion du livre et de la culture, de mise en valeur du patrimoine écrit. Il deviendra également un lieu d’animation culturelle au centre-ville de Besançon, à deux pas du campus lettres et sciences humaines qui rassemble 4.500 étudiants.

Avec un budget de l’ordre de 100 M€, la mue de ce quartier historique d’entrée de ville s’annonce titanesque alors que les équipes de Cardem Centre-Est (Vinci Construction), mandataire du projet, s’activent depuis juillet 2023 au désamiantage et à la déconstruction de certains bâtiments existants. Au total, 25.000 tonnes de béton seront déconstruites d’ici à septembre. Engagée dans une démarche d’économie circulaire cette opération verra un grand nombre de matériaux faire l’objet d’un réemploi ou de réutilisation au niveau local. Il s’agira notamment de dalles de faux plafond, de poutres issues de charpente en bois, de sanitaires… Le calendrier prévisionnel prévoit qu’une grande partie du programme d’aménagement sera livré à l’horizon 2029, l’ensemble devant être disponible d’ici à 2032.