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Le transport fluvial en danger ?

Tourisme. À l’occasion d’une visite à l’écluse 76 du port de Saint-Jean-de-Losne le 30 août dernier, Franck Robine, préfet de Côte d’Or, a fait le point sur l’activité économique et touristique du canal de Bourgogne, manifestant contre l’évocation de sa fermeture partielle.

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Photo de Franck Robine, Didier Paris et Marie-Line Duparc
Franck Robine, préfet de Côte d’Or, Didier Paris, député de la cinquième circonscription de Côte d’Or et Marie-Line Duparc, maire de Saint-Jean-de-Losne, sur le canal de Bourgogne. (Crédit : Pref21)

Plus grand port fluvial de France, le port de Saint-Jean-de-Losne marque l’extrémité sud du canal de Bourgogne, reliant l’Yonne à la Saône sur 242 kilomètres de long. « La plupart des bateaux qui naviguent en France sont passés par chez nous », se félicite Marie-Line Duparc, maire de la commune.

Selon Franck Robine, préfet de Côte d’Or, il est « le premier port d’Europe en matière d’activité touristique fluviale », attirant une clientèle internationale notamment américaine ou néo-zélandaise dans ses impressionnantes péniches qui sont « l’équivalent d’un hôtel cinq étoiles sur l’eau, pour 60.000 dollars la semaine », précise la maire.

Canaux délaissés

Certes, le port plaît aux étrangers, mais peine à attirer les Français qui ont depuis quelques années « tourné le dos à leurs rivières », constate Marie-Line Duparc. Dans ce contexte, le canal de Bourgogne est parfois remis en cause, en particulier ses portions les moins empruntées.

C’est notamment le cas de la partie centrale entre Venarey-les-Laumes et Pouilly-en-Auxois, qui souffre d’une fréquentation dix fois inférieure qu’à l’aval, avec seulement 200 passages annuels. Face à un tel désintérêt, une potentielle fermeture partielle du canal de Bourgogne était évoquée, avant que les élus locaux ne s’y opposent. « Il faut donner un avenir à cette portion qui est un liant entre le nord et le sud, milite Franck Robine, je suis ici pour tordre le cou à l’idée d’une fermeture de la partie centrale du canal ».

Dans cette logique, Voies navigables de France (VNF) assure « amorcer un plan d’actions d’ici 2025 » en partenariat avec l’État, la région et le conseil départemental visant à « garantir la cohérence sur le canal de Bourgogne dans son ensemble grâce au développement d’une offre sur et autour de la voie d’eau en lien avec les atouts du territoire ».

Enjeu économique majeur

La sauvegarde de l’ensemble des portions du canal de Bourgogne est une nécessité pour l’économie locale ; c’est en tout cas ce qu’il faut retenir des propos de Céline Avezard, directrice territoriale Rhône-Saône de VNF, qui évoque « au total pour le canal de Bourgogne, 13,3 millions d’euros de retombées économiques locales ».

Au port de Saint-Jean-de-Losne, « 150 emplois permanents sont nécessaires – sans compter la main d’œuvre de VNF – et 250 en saison » détaille Marie-Line Duparc. « On voit qu’il y a des emplois, de la formation, du besoin en recrutement et de l’activité économique autour de l’entretien du canal, des bateaux, constate Franck Robine, mais il faut mieux faire connaitre aux habitants et aux usagers le canal et expliquer en quoi il est important notamment pour les enjeux de la ressource en eau, la biodiversité et l’environnement ».

C’est notamment avec la volonté de s’inscrire dans une démarche de transition énergétique que le transport fluvial espère prospérer dans la région. « Le grand défi c’est de continuer d’avoir la reconnaissance de cette valeur ajoutée que nous avons au sein de la région et de la France, conclue la maire de Saint-Jean-de-Losne, on doit absolument être fiers du réseau navigable que nous avons ».