Les CCI et la région ensemble pour booster la relocalisation
Industrie. Sous l’impulsion du président Thierry Buatois, la Région et les CCI de la région Bourgogne Franche-Comté ont décidé de se mobiliser pour accroître la relocalisation d’activités industrielles en Bourgogne Franche-Comté.
À la demande de Roland Lescure, ministre chargé de l’Industrie, les CCI de France ont été missionnées cet été pour accompagner la réindustrialisation du pays. Inscrit dans leur Contrat d’objectif et de performance (COP) 2023-2027 la démarche prévoit notamment la création d’un accélérateur pour accompagner cette réindustrialisation dans chaque région dès cette année.
Cette initiative, baptisée L’Accélérateur relocalisation, vise à rassembler des industriels, startups, designers ayant le désir de diversifier leurs activités tout en contribuant à un projet utile de relocalisation ou de production industrielle en France.
Le premier pilote du déploiement national est porté par quatre CCI volontaires : la Normandie, les Hauts-de-France, Paris-Ile de-France et… la Bourgogne Franche-Comté. Ces quatre régions mobilisent une soixantaine de conseillers qui travaillent au même rythme, avec la même méthodologie et sur le même rétroplanning. Une véritable force de frappe nationale à ancrage régional vient ainsi renouveler l’offre d’accompagnement des entreprises.
« Jusqu’à présent nous avons essentiellement accompagné les entreprises sur leur problématique d’approvisionnement en organisant des rencontres visant à favoriser des mises en relation entre fournisseurs et donneurs d’ordre. Nous voulons aller encore plus loin en apportant un dispositif plus complet et un véritable soutien aux entreprises pour les aider à reconstituer leur chaîne d’approvisionnement », souligne Thierry Buatois, président de la CCI de Bourgogne Franche-Comté. Pendant quatre à six mois, les entreprises entrant dans ce dispositif payant (2.490 euros pour les porteurs de projets) seront accompagnées par des enseignants-chercheurs et des étudiants de l’ESTA et de l’UTBM, des experts venant des CCI et de cabinets de conseil partenaires choisis pour leur expertise en matière de nouvelles technologies de l’industrie 4.0, de matières premières innovantes et d’économie circulaire.
Pendant qu’étudiants, enseignants et entreprises lancent les travaux préparatoires, les conseillers des CCI ainsi que leurs partenaires (région, agence de développement, Bpifrance…) se consacrent à un sourcing à l’amont (matière première) et à l’aval (distribution)pour aider à la concrétisation de ces projets. Ils proposent également des études de marché et des formation ciblées.
« L’objectif est d’aider nos entreprises à passer de l’idée d’un produit à relocaliser ou d’un projet de réindustrialisation à un modèle technologique et économique pérenne et vertueux d’un point de vue environnemental, développe Alain Albizati président de la CCI du Territoires de Belfort. Notre objectif est d’être en capacité de reconquérir des marchés perdus. Pour cela, il faut à la fois travailler sur le sourcing au niveau national, voire régional quand cela est possible, mais aussi être capable de questionner le produit que l’on achète à l’étranger, repenser son process, le faire évoluer pour l’adapter aux matières premières présentes en locale ». Relocalisation, réindustrialisation, souveraineté... ces termes sont réimposés à nous en pleine crise Covid face aux ruptures d’approvisionnements source d’importants blocages pour les entreprises françaises.
« Toutefois, si la relocalisation est un défi majeur qu’ils nous faut mener à bien, il ne s’agit nullement d’un simple retour en arrière avec une économie vaguement décarbonée : toutes nos actions de réindustrialisation doivent être concomitantes de celles liées à la transition écologique. De même cela ne sert à rien de relocaliser une technologie qui sera obsolète dans cinq ou dix ans. Il s’agit d’agir avec pertinence ! », défend Éric Oternaud, Conseiller régional délégué en charge de la convention écologique de l’économie, des emplois verts et de l’économie sociale et solidaire.
« En France, on a trop longtemps pensé l’économie en termes de valeur ajoutée en euros par mètres carrés. En se basant uniquement sur ce ratio, on a fait de notre pays un champion de la désindustrialisation. En Bourgogne Franche-Comté, 30 % de l’emploi marchand appartient à l’économie mondialisée et 18 % seulement concerne l’industrie. Il est de notre mission de veiller au maintien des compétences et savoir-faire locaux, non seulement pour des questions de souveraineté industrielle mais aussi pour des questions de préservation de l’emploi et de dynamisme de nos territoires, de nos grandes écoles et universités ».
« L’accélérateur a été conçu comme une machine à faire émerger des projets », explique Carine Guillaud, fondatrice de Relocalisations.fr et de l’Accélérateur. « Le réseau des CCI nous est apparu comme l’acteur le plus pertinent pour identifier tant les problèmes d’approvisionnement que les entreprises susceptibles d’accompagner les porteurs de projets. C’est à ce titre que les CCI sont les plus légitimes à déployer l’accélérateur ». En BFC, c’est une dizaine de projets qui ont été retenus pour intégrer l’accélérateur : relocalisation de pièces stratégiques pour les centrales hydrauliques, de pièces d’usinage, de capteurs, de pièces de micro-électronique, projets de fonderie de pointe, de création de GIE de micro-électronique, de partenariat cobotique-fabricants de machines...
L’ensemble des acteurs impliqués sur ces projets se sont réunis les 7 et 8 décembre pour travailler sous forme d’ateliers intensifs conclus par une présentation des projets et une remise de prix par les partenaires de l’opération. Les projets continueront d’être accompagnés par leur « coach » de la CCI pour poursuivre le cadrage, évaluer les investissements nécessaires et identifier les dispositifs de financement.
Une association et un accélérateur
Fondée en 2021, Relocalisations.fr est une association dont la mission est de promouvoir la relocalisation de l’outil de production industrielle. Son approche est focalisée sur la relocalisation des produits vulnérables, « niche » évaluée à 60 milliards d’euros en valeur d’importation en 2019 et 60 milliards en 2022, ils représentent un potentiel de création de 450.000 emplois. Son action de communication vise en particulier les institutionnels mais également la jeunesse et notamment les étudiants d’école de commerce et d’ingénieurs afin qu’ils puissent s’orienter vers le secteur industriel et mettre leurs compétences au service du renouveau du modèle industriel français.
À l’origine de la création de l’accélérateur de relocalisation, l’association ambitionne de « redonner l’envie de produire en France, d’oser ce challenge, d’y aller, mais pas seul, explique Carine Guillaud, fondatrice de Relocalisations.fr. L’heure est à l’union et aux partenariats, il faut œuvrer en meute et ne pas peur de la concurrence. Nous n’avons plus le choix, la Chine a ainsi déclaré qu’elle n’avait plus vocation à être l’usine du monde. Elle se désindustrialise et se repositionne sur des activités à haute valeur ajoutée ».