Les Vaîtes, un avenir en vert
Doubs. Une onde verte comportant 600 logements mais qui conserve sa vocation jardinière : tel se dessine le futur du quartier des Vaîtes. La réflexion, menée par les concepteurs urbains Ville Ouverte, sous le pilotage conjoint de la ville de Besançon et de l’aménageur Territoire 25, débouche aujourd’hui sur de premières propositions concrètes, issues de la commande de la maîtrise d’ouvrage, d’analyses d’urbanistes, d’écologues, de paysagistes… croisées avec des contributions citoyennes.

Au cours des cinq derniers mois, la démarche participative qui se poursuivra ce mois de juin, a permis d’alimenter abondamment l’élaboration du projet du futur quartier des Vaîtes. La principale de ces avancées a été partagée en primeur avec les participants d’un atelier participatif en ligne le 13 avril dernier. Jusqu’ici, la seule représentation graphique disponible pour les Bisontins était celle du « Projet revisité ». Cette cartographie se limitait à déterminer les secteurs constructibles au sein de la zac, secteurs définis au lendemain de la Conférence citoyenne de juillet 2021 et retraduits dans une délibération du conseil municipal du 30 septembre 2021. Des zones bleues figuraient les terrains urbanisables, des zones vertes, ceux qui ne l’étaient pas.
Très attendue, l’esquisse produite pour les Vaîtes par Ville Ouverte est donc une toute première image du projet. « Elle n’a évidemment aucun caractère officiel ou définitif, précise la ville de Besançon, mais donne une idée intéressante des possibles, sans figer à ce stade une option d’aménagement quelconque, et toujours dans la perspective de la mise en débat avec les Bisontins. On peut notamment y lire dès à présent des propositions de parti pris significatives ».
Besançon a en effet à coeur de s’élever contre toute accusation de « bétonisation » et apporte des chiffres pour le démontrer, citant « la proportion considérable d’espaces naturels paysagés aux vocations multiples (potagers, espaces naturels protégés ou de loisirs), 11 ha au total, qui l’emporte largement sur les terrains partiellement (construits moins de 5 ha) » et vantant « un projet urbain “ aéré ” dans lequel le paysage se glisse entre les immeubles résidentiels et même jusqu’à leur pied, des coeurs d’îlot végétalisés privatifs prolongeant l’espace naturel public. Grâce aux cheminements doux qui l’irriguent, une accessibilité immédiate et sans contrainte est garantie aux résidents comme à l’ensemble des Bisontins. La masse végétale conséquente sera de fait un îlot de fraîcheur. »

Reste que les Vaîtes sont aussi un site d’habitation : à terme, la réhabilitation prévoit divers bâtiments de un à dix étages, pour 600 logements au total, « dont la hauteur varie pour être toujours en phase avec l’environnement urbain préexistant : faible hauteur en vis-à-vis des maisons individuelles de la rue François Reins ou de la future école Tristan Bernard ; grande hauteur pour les immeubles en vis-à-vis des tours de la rue de Charigney mais avec deux niveaux de moins toutefois ».
Écoquartier vs « écocide »
Les Vaîtes font figure de pierre dans le jardin de l’actuelle maire EELV, Anne Vignot. Cela fait deux décennies en effet que le projet, né sous l’égide de la précédente équipe municipale, est en butte aux opposants qui dénoncent un projet écocidaire. Un premier projet de 1.500 logements a d’ailleurs été abandonné pour aboutir à cet « Acte 2 » où la concertation a été privilégiée pour éviter des situations de type ZAD alors qu’en avril 2024, le Tribunal administratif de Besançon a rejeté le recours déposé par l’association « Les Jardins des Vaîtes », laquelle demandait l’abandon pure et simple du projet d’urbanisation. « De nombreuses inquiétudes se sont exprimées au sujet du devenir des potagers informels des Vaîtes à l’occasion du projet urbain, explique, dans un bel exercice de litote, la ville de Besançon. Malgré les polémiques, un travail important a été mené au cours des derniers mois sur deux plans complémentaires : démarche de régularisation et identification du périmètre historique des jardins potagers. »
Une démarche de régularisation des jardiniers volontaires a été menée conjointement par la Ville de Besançon et l’aménageur Territoire 25 afin de pérenniser cette activité historique « dont les apports au paysage, à la biodiversité et à la vie locale n’ont jamais été contestés par les porteurs du projet ». Cette démarche a permis de rencontrer sur le terrain 72 jardiniers sur la centaine estimée actifs sur le site des Vaîtes. 82% d’entre eux ont accepté le processus de régularisation qui leur assurait un maintien dans le périmètre de la ZAC et une parcelle pouvant aller jusqu’à 150 m² maximum et sous gestion associative. « L’objectif final est non seulement de permettre à ces occupants historiques de continuer à jardiner, mais également d’ouvrir à l’avenir cette possibilité à une part des 600 nouveaux foyers des Vaîtes. Le travail d’analyse et de projet très fin mené par Ville Ouverte a permis d’apporter des précisions importantes quant à la localisation des parcelles proposées aux jardiniers historiques comme aux nouveaux jardiniers », assure la ville de Besançon.
Délai d’un an
Le potager historique des « deux vallons », situé entre la rue Max Jacob et la rue Anne Franck ne sera pas construit mais demeurera dédié aux potagers, soit environ 3 ha des 11 ha de l’espace naturel de la ZAC des Vaîtes. « Les jardiniers historiques retrouveront s’ils le souhaitent la parcelle qu’ils cultivaient antérieurement, mais réduite à la superficie retenue équitablement pour tous. Seule exception toutefois, précise encore la ville de Besançon dans un communiqué, la moitié de la quinzaine des jardiniers actifs le long de la rue de Charigney, ne pourra être maintenue à la même place malgré la réduction consentie par l’aménageur des emprises à bâtir le long de cette voie. Ils seront en revanche réimplantés à proximité immédiate. » Cette démarche nécessitera du temps et induira des délais supplémentaires dans l’organisation future des potagers. Initialement annoncée pour fin 2025 avec une reprise d’activité printemps 2026, elle sera décalée d’un an.