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Lucy dynamitée mais Lucy réindustrialisée « clés en main »

Énergie. Mercredi 8 novembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique était à Montceau-les-Mines pour suivre les dernières étapes de la reconversion verte de la centrale thermique au charbon Lucy III.

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  • Photo de Bruno Le Maire à Montceau-Les-Mines
    Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire est venu dire adieu à Lucy, l’ancienne centrale à charbon de Montceau-Les-Mines. Il a promis un nouvel avenir vert à ce site industriel emblématique de Saône-et-Loire. (Crédit : JDP)
  • Photo du site de Lucy avant le dynamitage
    Lucy avant dynamitage (Crédit : JDP)

Il n’aura fallu qu’une poignée de seconde pour qu’un pan de l’histoire industrielle de Montceau-les-Mines parte en fumée mercredi 8 novembre. À 14h18 précise, une détonation faisait ainsi disparaître la tour aéroréfrigérante (100 mètres de hauteur) et la cheminée (140 mètres de hauteur) de l’ancienne centrale thermique au charbon baptisé Lucy.

Cette dernière a été mise en service en 1917, à l’issue de la Première Guerre mondiale. Pendant 80 ans, elle a alimenté la ville en électricité grâce au charbon extrait du bassin minier local. Son activité cesse en 2014. Quatre ans plus tard, GazelEnergie devient le nouveau propriétaire du site.

La société qui appartient à l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky entame alors des travaux de démantèlement et de dépollution. La dernière étape de cette requalification ayant pris la forme, le 8 novembre, d’un dynamitage des derniers éléments urbains sous les yeux des habitants et du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire.

« Je tenais à venir ici, à Montceau-les-Mines, où s’écrit aujourd’hui une nouvelle page de la réindustrialisation française. Une reconquête de notre souveraineté nationale qui entre dans une phase d’accélération en lien directe avec la loi Industrie verte adoptée le 11 octobre, et qui vise à faire de la France la première économie décarbonée d’ici à 2040. Le site montcellien est un exemple de cette réindustrialisation par la décarbonation avec son projet d’installation d’une centrale biomasse et d’une ferme photovoltaïque ».

Depuis 2022, un champ de 30.000 panneaux photovoltaïques, a déjà vu le jour à proximité du site et alimente 7.000 foyers. Pour la suite, Gazel Energie souhaite dupliquer à Montceau-les-Mines ce qu’il a prévu pour sa centrale Émile Huchet de Saint-Avold en Moselle. Une partie des 40 hectares du site sera ainsi occupée par un parc photovoltaïque et le reste accueillera une éco-plateforme pour des entreprises dans les domaines de la production d’électricité, du stockage, et de la production de biogaz.

  • Photo du site à Lucy
    (Crédit : JDP)
  • Photo du site de Lucy après dynamitage
    (Crédit : JDP)

Tout comme le site de Moselle, la centrale Lucy vise une labélisation « Site clé en main ». Points clé de la loi industrie verte, ces sites clé en main doivent permettre l’accélération des procédures d’implantation d’usines en France. Pilotée par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, coordonnée par la délégation aux Territoires d’Industrie et rassemblant les opérateurs publics Business France et Banque des Territoires, l’initiative propose un accompagnement renforcé, site par site, pour permettre la montée en gamme du foncier industriel.

« Ces 50 sites représentent 2.000 hectares, soit 10 % de l’objectif ciblé pour la réindustrialisation dans le cadre de la loi Industrie verte. Nous souhaitons en disposer dans les sept ans qui viennent, “clés en main”. C’est à dire habilités ou réhabilités, aux normes environnementales et intégrés au territoire pour permettre l’installation de nouvelles entreprises en six mois avec des demandes simplifiées », développe Bruno Le Maire.

Côté financement, un milliard devrait être fléché vers ces sites clés en main financés par la Banque des Territoires à raison de 200 millions par an sur cinq ans.
« Pour Lucy, il aura fallu attendre dix ans pour voir naître sur ce site un nouveau projet industriel. Je me mets à la place des habitants qui se disent "qu’est-ce qu’ils fabriquent, pourquoi rien n’est fait", qui pestent face à la lenteur administrative... C’est tout l’enjeu de nos sites “clés en main” : six mois seulement pour pouvoir poser la première pierre d’une usine une fois le terrain identifié, c’est une promesse qui ne peut que convaincre les investisseurs nationaux et étrangers que la France est le pays où l’on doit investir ».