Lutter contre les cyberviolences au lycée
Territoire. Le Lycée des Métiers Louis Davier de Joigny (89), fondateur du projet Rosa pour l’égalité des genres, propose aux élèves, au personnel et aux parents de participer cette année à l’événement « Stop aux cyberviolences » du 12 au 15 novembre prochain.
Au printemps 2022, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, dépendant du ministère de l’Éducation nationale, a mené une enquête de multivictimation dans les collèges afin de mieux percevoir le climat scolaire et d’apporter un éclairage statistique et chiffré. Elle inclue les élèves mais également les professionnels. Si les résultats, publiés dans une « note d’information », en mars 20231, révèlent que 91% des élèves se sentent « en sécurité » à l’école, nombreux sont ceux qui avouent aussi « être victimes de certaines violences. » Ainsi 6,7% des collégiens interrogés signalent « cinq atteintes répétées ou plus » et un adolescent sur cinq serait confronté à une cyberviolence qui toucherait majoritairement les filles.
Si son évolution reste constante depuis la précédente enquête de 2017, elle existe bel et bien dans les établissements, puisque 21,1% des interrogés déclarent avoir été injuriés par téléphone ou Internet. Ces persécutions peuvent prendre de l’ampleur et se produire parfois 7 jours sur 7 et 24h sur 24, proférées par un groupe qui, parfois, ne connait même pas sa victime ! C’est ce qu’on appelle le « mobbing » et ce phénomène est en progression. Les cyberagressions revêtent différents aspects, allant du commentaire blessant au harcèlement intime (doxxing, flaming, deepfake, sexting, revenge porn…) en passant par l’usurpation d’identité. Et pour un jeune en phase de construction, les conséquences sont dévastatrices.
Agir avec le projet Rosa
Ce constat n’a pas échappé aux responsables du Lycée des Métiers Louis Davier de Joigny (89), considéré, après Janot-Curie de Sens, comme l’établissement le plus important du territoire icaunais. Il doit lui aussi faire face au cyberharcèlement » depuis quelques années. Cet immense établissement public polyvalent qui accueille 1.500 élèves de 14 à 21 ans,150 enseignants, 60 agents techniques et administratifs, 4 CPE, 17 assistants d’éducation a décidé d’agir à la suite du mouvement #Me Too. En 2022, le projet Rosa est mis en place. Il repose sur deux axes : « l’éducation à l’égalité entre les filles et les garçons et la lutte contre le sexisme, l’homophobie et la transphobie » et « la prévention des violences sexuelles, de l’accompagnement et de l’écoute des victimes. »
Le constat est clair : « malgré des progrès, les inégalités perdurent. » Elaboration d’un questionnaire auquel répondent 48% des élèves, affichage d’un violentomètre, réunions, formation pour adultes afin de mieux cerner les phénomènes discriminatoires, interventions, ateliers, rencontres, exposition sur les droits des femmes… des initiatives se mettent en place pour sensibiliser la parole, être à l’écoute, déculpabiliser. Cet automne, l’établissement va encore plus loin en proposant de dire « Stop aux cyberviolences ».
Cet événement, qui se tiendra in situ du 12 au 15 novembre est un programme à destination du personnel, des élèves et des parents. « L’objectif, pour cette troisième année, est d’apprendre à cibler ces violences en ligne, de les dénoncer et de les prévenir à travers des formations, interventions et un ciné-débat », annonce Armel Blanc, du bureau des entreprises au lycée jovinien. « Nous proposerons aussi Le Café des Parents, autour de ce thème. Il est important que toutes les parties soient informées. » A l’instar des autres lycées de l’hexagone, Joigny n’est pas épargné. Mais sa mobilisation interne, concrète et intelligente pour cibler spécifiquement les problèmes permettra sûrement d’apporter des solutions adaptées, pérennes et positives.