Collectivités

Mahfoud Aomar : « Nombre d’élus locaux ne se représenteront pas lors des prochaines élections »

Collectivités territoriales. Dans l’Yonne, le président départemental de l’Association des maires de France (AMF) déplore tant la complexification des rapports entre élus locaux et pouvoirs publics que la dégradation des relations avec les administrés.

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Photo de Mahfoud Aomar
Dans l’Yonne, le président de l’AMF, Mahfoud Aomar, alerte sur la situation des élus locaux, notamment ruraux, en proie à toujours plus de complexités administratives et de pressions psychologiques. (Crédit : Capture page Facebook Mahfoud Aomar)

« Jamais le département de l’Yonne n’aura subi autant de démissions de conseillers municipaux, d’adjoints au maire et de maires ! Jamais le malaise n’a été aussi profond, particulièrement dans la ruralité ! Jamais le sentiment d’abandon n’a été aussi fort ! » Sur les réseaux sociaux, le maire de la commune nouvelle de Valravillon et président de la communauté de communes de l’Aillantais en Bourgogne a poussé un véritable cri du cœur visant à alerter l’opinion publique sur la situation de ces élus de proximité. Ces trois derniers mois, près d’une trentaine d’entre eux ont décidé de jeter l’éponge dont, récemment, les maires de Gurgy dans l’Auxerrois et de Flogny-la-Chapelle dans le Tonnerrois. Un phénomène inquiétant que le président de l’AMF de l’Yonne depuis 2015 explique par le manque de considération à leur égard.

« La majorité des communes du département compte moins de 500 habitants, or ils subissent la complexification grandissante des normes au même titre qu’un maire d’une ville qui lui peut s’appuyer sur des services techniques qualifiés », souligne Mahfoud Aomar. « Dans la ruralité, la surcharge mentale et administrative devient beaucoup trop importante. Faire une demande de subvention pour des travaux, par exemple, s’apparente à un véritable chemin de croix. » Selon lui, le transfert de compétences à d’autres administrations a eu pour conséquences de rallonger les délais d’instruction et de décourager les municipalités dans la conduite de leurs projets. « Un devis n’est simplement plus le même 18 mois après lors de la passation du marché, obligeant parfois les élus à renoncer. »

Des administrés irrespectueux

À cela s’ajoute la « pression liée à la violence physique et psychologique » de certains administrés qui n’épargne plus les maires ruraux depuis quelques années et que la justice a tendance, aujourd’hui encore, à « banaliser ». « Je reçois des appels téléphoniques de maires fatigués et démotivés qui ont mis en péril, parfois, leur vie familiale et mis leur carrière professionnelle entre parenthèses, qui ont envie de tout larguer. Je fais partie de ceux-là », affirme Mahfoud Aomar.

« Ils n’osent pas l’avouer publiquement car ils considèrent cela comme un échec personnel. Tout cela, pour certains, contre une indemnisation de 700 euros brut par mois… » Le président de l’AMF de l’Yonne craint une « admistrationnalisation » de la gestion municipale à l’avenir, déshumanisée et coupée du quotidien des habitants. « N’oublions pas que nous jouons un rôle d’amortisseur entre l’État et les citoyens. Nous l’avons bien vu lors de la crise des Gilets jaunes. » La France compte plus de 520.000 élus locaux, dont seuls 25 % perçoivent une indemnité.