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Manon Arnaud : une âme bien nez

La jeune femme vient de lancer Parfumeur Fauve, sa société de création de parfum.

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Manon Arnaud
(Crédits : JDP)

« Passionnée d’odeurs » depuis ses cinq ans, Manon Arnaud, « renifle tout, de manière spontanée, un peu comme un toc, avoue-t-elle en riant. Pour moi chaque odeur est un mot, et une émotion. On shunte le mental, on est enfin authentique ». Tellement passionnée qu’à l’âge de dix ans, ses parents l’emmènent à Grasse, la Mecque des parfumeurs... « Et on nous a fermé les portes. À cette époque, ce monde n’était pas pour les gens lambda, c’était réservé aux familles de parfumeurs. Après j’ai rencontré la conseillère d’orientation qui m’a dit : “tu n’es pas assez forte en ci, pas assez forte en ça”… Bref, je n’ai pas pu suivre ma voie ». Sa carrière débute donc dans un tout autre domaine : l’ostéopathie, pendant 12 ans. « Et je sentais tout. Pendant les consultations, j’avais une palette d’huiles essentielles que j’utilisais, je faisais de l’aromathérapie, de l’olfactothérapie… j’utilisais les odeurs dans le domaine somato-émotionnel pour essayer de libérer des choses dans la psyché… J’étais une ostéopathe atypique ! ». Le Covid aura finalement la peau de cette première vie. La jeune femme de 36 ans vit en effet très mal la période post-épidémie : « Un trop-plein d’évènements. Les patients, les crises, des coups durs… j’ai commencé à saturer. J’ai tout arrêté. Et j’ai créé un parfum, sans avoir pris le moindre cours, une variante de La vie est belle pour une copine. Et c’est elle qui m’a fait prendre conscience du bagage que j’avais sans le savoir. Elle m’a dit : Tu as su faire ça sans avoir pris un cours ? Lance-toi ! ».

Fauve, Parce Que C’est Moi !

Manon Arnaud retourne à Grasse, cette fois-ci pour suivre une formation pour adultes de six mois, qui s’est achevée en juillet 2024… avec l’optique de monter sa propre société de création de parfum. « J’avais déjà une vision... humaine ? humaniste ? du parfum. Être dans le soin de l’autre, au-delà du corps. Le parfum a cette visée ». C’est ainsi que Parfumeur Fauve est né en octobre dernier. Pourquoi « Fauve » ? « Parce que c’est moi ! Je suis une bestiole, je crois. J’aime bien être dans ma tanière, je suis très calme mais je peux réagir vite… Et il y a dans ce mot le retour aux sources, aux cinq sens ».
Pour créer Crépusculaire, le premier parfum qu’elle commercialise et le premier acte de sa nouvelle vie, Manon Arnaud a créé un univers, celui d’un coucher de soleil en été, l’explosion des fleurs soumises à la fournaise, l’éblouissement avant la nuit qui vient avec des notes plus puissantes et secrètes. « Dans cet univers, chaque personne va se positionner. Le parfum va l’aider, ou l’ornementer… Elle va incarner quelque chose avec le parfum ». Ce premier jus sera suivi par deux autres cette année, pour des raisons d’abord budgétaires : la fabrication d’un parfum par une maison de composition suivant la formule du parfumeur coûte environ 20.000 € - incluant le packaging, le flacon… Parfumeur Fauve sera bien présent à Dijon au pop-up d’un grand magasin, d’une jolie boutique dijonnaise (dont les noms, comme la formule d’un parfum, restent encore un secret) évidemment sur son site. Manon Arnaud anime enfin des ateliers de création de parfums aussi uniques que chaque personne qui vient à la rencontre de ses mondes…