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Marie-Agnès Poussier Winsback : « élever le débat public et interroger nos certitudes »

Côte-d’Or. La ministre déléguée chargée de l’Économie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation était à Dijon et Selongey le vendredi 29 novembre à l’occasion de la 9e édition des Journées de l’économie autrement.

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  • Photo de Nathalie Koenders, Marie-Guite Dufay, Paul Mourier, Marie-Agnès Poussier Winsback et Patrick Chapuis
    Nathalie Koenders, maire de Dijon, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC, Paul Mourier, préfet de la Côte-d’Or et de la région BFC, Marie-Agnès Poussier Winsback et Patrick Chapuis, vice-président du conseil départemental de la Côte-d’Or. (Crédit : JDP)
  • Photo de Marie-Agnès Poussier Winsback
    À droite, la ministre durant ses échanges avec des étudiants en Master de l’ESS. (Crédit : JDP)

Elle était il y a un mois à Dole pour les Assises régionales de l’Économie sociale et solidaire, la voilà revenue à Dijon le vendredi 29 novembre pour le lancement de la 9e édition des Journées de l’économie autrement, preuve que Marie-Agnès Poussier Winsback a à cœur la promotion de son ministère dédié notamment à l’Économie sociale et solidaire (ESS).

L’ESS, « monde de l’avenir »

Accueillie par la maire de Dijon Nathalie Koenders (chaleureusement félicitée pour sa récente élection par la ministre ainsi que par Marie Guite Dufay, présidente de la région BFC), Marie-Agnès Poussier Winsback a souligné combien ces journées de promotion de l’économie alternative, « où le capital et travail ne s’opposent pas mais se concilient au service de l’humain », consiste en une voie viable pour le développement. « Ces deux jours, a-t-elle affirmé, permettent de montrer qu’il y a d’autres modèles qui ne sont pas ringards, mais peuvent fonctionner ! On est avec l’ESS, dans le monde de l’avenir ».

Dans un monde où la raréfaction des ressources ainsi que la remise en question de la notion même de travail se font plus vives, « l’ESS, a surenchéri Marie-Guite Dufay, est une voie. Ce n’est pas la seule. Mais elle comble des besoins que ni la puissance publique, ni les entreprises lucratives ne peuvent satisfaire ». Ces journées, a appuyé la ministre, « incarnent l’ambition d’élever le débat public et d’interroger nos certitudes ». Sages paroles alors que le jour de la visite de la ministre, il était impossible de prévoir si oui ou non les jours du gouvernement Barnier étaient comptés...

Un secteur qui pèse 10% du PIB

Marie-Agnès Poussier Winsback semble en tout cas vouloir ignorer toute espèce de menace pour se concentrer sur les priorités de son ministère. Outre la mise en place obligatoire à compter du 1er janvier 2025 dans les TPE/PME d’un dispositif de partage de la valeur (dispositif expérimental pour une durée de cinq ans créé par la loi n° 2023-1107 du 29 novembre 2023), la ministre a rappelé que le gouvernement souhaite « soutenir ce secteur (de l’ESS, Ndlr) qui pèse 10% du PIB, qui est non délocalisable, représente 14% de l’emploi et jusqu’à 25% en milieu rural et qui est donc au service des territoires et des individus », qui prouve son intérêt alors que le recrutement, lors des reprises ou des transmissions d’entreprises lorsque celles-ci se font sous une forme collective (Scop par exemple) - « avec une nécessité de simplification »- a reconnu Marie-Agnès Poussier Winsback. La ministre a évoqué la RSE comme « levier de croissance importante de nos entreprises », impliquant « une évolution des modes de vente, de production et de gouvernance » de ces dernières, citant enfin l’importance de la finance responsable pour soutenir le secteur.

Un budget en hausse, mais...

Enfin, interpellée sur les inquiétudes de l’Udes (Union des employeurs de l’ESS) qui s’alarment des coupes inscrites dans le projet de loi de finances 2025 (duquel dépend le sort du gouvernement Barnier), qui pourraient menacer près de 190.000 emplois, la ministre explique ne pas partager la vision de l’Udes. Un membre de son cabinet a rappelé qu’un amendement validé par le gouvernement va en effet permettre d’augmenter de 10 M€ l’enveloppe des crédits dédiés à l’Économie sociale et solidaire. Interrogé après cette annonce par nos confrères du Télégramme, Benoît Hamon, ancien ministre et président d’ESS France a réagi : « Je me réjouis que la ministre augmente cette ligne budgétaire mais cette annonce, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. À l’échelle d’un budget de 400 Mds€ en dépenses, proposer entre 20 et 25 M€, c’est ridicule. » Mais le budget étant de toute façon suspendu à ce qui se passera à l’Assemblée cette semaine, la polémique n’a pour l’instant pas de réelle consistance...