Collectivités

Marie-Guite Dufay : « Ce qui est demandé aux collectivités va être sanglant en termes de services aux populations ! »

Territoire. Lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant assemblée plénière, la présidente de la région BFC a fustigé le gouvernement quant à sa responsabilité dans l’endettement du pays et sur l’inacceptabilité de l’effort demandé aux collectivités pour redresser la France.

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Photo de Marie-Guite Dufay
(Crédit : FC)

A l’ordre du jour de la conférence de presse du 15 octobre, d’avant assemblée plénière étaient inscrit les décisions d’ajustements budgétaires de l’exercice de 2024. Des considérations comptables bien vite balayées par Marie-Guite Dufay, présidente de la région, bien décidée à partager sa colère face aux dérives budgétaires du gouvernement. « J’estime avoir une certaine expérience politique, mais ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui, je ne l’ai jamais vu : je n’ai jamais eu à travailler sur un exercice aussi difficile, dans des conditions aussi calamiteuses ! lance-t-elle. On découvre aujourd’hui que l’État a généré 100 Mds € de dette supplémentaire en neuf mois. Bercy avoue s’être trompé en basant son budget sur une croissance des recettes de TVA de 5 %. Des chiffres que nous jugions, nous régions, irréalistes, tablant plutôt sur 3%, en réalité se fut seulement 1,2 %... Comment en sommes-nous arrivé là, sans aucune alerte de la part du gouvernement : la question de la responsabilité doit être posée ». Au-delà de ce reproche fait aux macronistes d’avoir « mis les problèmes sous le tapis », la présidente s’insurge également contre la pression mise sur les collectivités pour résorber ce « gouffre financier ».

« Il faut savoir que sur l’endettement de la France, les collectivités ne pèsent que pour 8 %, dont 1% pour les régions. Or, il nous est demandé de contribuer à l’effort national à hauteur de 15,9 %, soit 6,3 Mds €, dont 1,3 Mds pour les régions. Pourquoi devrions payer le double de ce pourquoi nous contribuons ? ». Marie-Guite Dufay compte sur le débat parlementaire qui s’ouvre pour faire avancer les choses dans le bon sens.

L’élaboration du budget régional reportée

L’association Régions de France a travaillé à des amendements pour desserrer l’étau. Elle demande notamment la fin de l’exonération pour les véhicules électriques du versement de la carte grise : « seul lever fiscal qui nous reste » et voudrait pouvoir toucher une part du versement mobilité dont doivent s’acquitter les entreprises auprès des seules agglomérations, au regard de la part prise par les régions dans l’accélération de la mise en place de services régionaux de mobilité.

« Dans ce tumulte, je dis oui pour prendre ma part pour juguler l’hémorragie, pour sauver notre pays, parce que nous en sommes arrivés là. Mais, il faut que cela soit une juste part, à hauteur de 8 % », défend la présidente, tout en prévenant : « ce qui s’annonce, c’est terrifiant : ça va être sanglant en termes de services aux populations. On va devoir faire des choix soit en matière de fonctionnement, soit sur notre politique d’investissement au risque de mettre la dynamique économique en berne ». Sur les dotations de fonctionnement Marie-Guite Dufay prend l’exemple des lycées : « Ce qui nous est demandé comme effort en BFC, c’est 68 M€ d’économie via notamment un gel de la dynamique de TVA pour 33 M€, une ponction de 2% sur les recettes pour alimenter un fonds de réserve (27 M€), une baisse du fonds aux projets d’investissement de 3M€ et 2 M€ de cotisations employeurs supplémentaires... Or, ce que l’on donne chaque année aux lycées représente 58 M€, comment on fait ! ».

Face à cette impossible équation, la présidente entend toutefois « sacraliser » certains postes : « je demanderai à ma majorité de ne pas toucher à la transition écologique et notamment aux fonds Efilogis qui est un attendu fort des bailleurs sociaux, et qui est source de baisse de charges pour les locataires. De même, je m’interdis de ralentir nos efforts en direction de la protection de la biodiversité, d’arrêter le financement de la formation en direction des demandeurs d’emploi, pour ne pas ajouter de la crise sociale à la crise économique, de suspendre les subventions aux associations sportives et à la culture, garantes de la cohésion sociale ». Enfin, Marie-Guite Dufay annonce décaler le calendrier budgétaire pour permettre des arbitrages éclairés. « Je recule à février le début des travaux et à fin mars le débat à l’assemblée. Je suis prête aux arbitrages douloureux, mais je veux des arbitrages justes ! ».